Un généraliste normand mis en examen après le décès de cinq patients

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Publié le 02/12/2019
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Crédit photo : Arek Socha / Pixabay

Après plusieurs mois d'enquête, un médecin généraliste exerçant à Angerville-la-Martel (Seine-Maritime), à 50 km du Havre, a été mis en examen fin novembre pour avoir involontairement causé la mort de cinq personnes âgées en prescrivant un médicament réservé à un usage hospitalier, a annoncé vendredi le parquet du Havre, confirmant une information révélée par Paris Normandie

« On a aucun élément qui nous permette de retenir la volonté de donner la mort (...) Le débat, c'est le lien de causalité. Est-ce que ce médicament a entraîné la mort ou a participé à l'accélérer sur un état déjà grave ? Ou est-ce que ça n'a pas eu de conséquences ? Il va y avoir des expertises très pointues », a précisé le procureur de la République du Havre François Gosselin à un correspondant de l'AFP.

Des sédatifs pas prescrits « dans une démarche d'euthanasie »

L'omnipraticien mis en cause a reconnu avoir prescrit et fourni du midazolam, un puissant sédatif utilisé lors des arrêts de traitement autorisés par la loi en cas « d'obstination déraisonnable », à ses patients. Toutefois, il a précisé « qu'il ne s'inscrivait pas dans une démarche d'euthanasie », note un communiqué du parquet.

Le généraliste confie avoir prescrit ce sédatif « pour apaiser ses patients souffrant d'affections lourdes comme des cancers ou des insuffisances respiratoires », a précisé le magistrat. Mis en examen pour administration de substance nuisible ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur personnes vulnérables, celui-ci a également reçu une interdiction d'exercer par la cour d'appel de Rouen jeudi.

Son épouse a elle aussi été mise en examen, pour complicité et abus de confiance. La cour d'appel lui a également interdit d'exercer. Anesthésiste, elle a reconnu avoir prélevé des ampoules de midazolam dans le stock de la clinique où elle exerçait.

Sept corps exhumés

Dans le cadre de cette enquête, les corps de sept des patients du médecin, décédés entre 2015 et 2019, ont été exhumés. Pour cinq d'entre eux les analyses toxicologiques ont conclu à la présence de midazolam dans l'organisme, selon le communiqué du parquet. Ces personnes étaient âgées de 80 à 90 ans au moment de leur décès, sauf une qui avait 64 ans.

De plus, treize ampoules de ce médicament ont été découvertes lors d'une perquisition au cabinet du médecin. Selon Paris Normandie, ce généraliste n'avait jamais eu de problème avec l'Ordre des médecins durant sa carrière.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr