L'avis du patient est devenu incontournable, s'accordent les patrons de la HAS et de la CSMF

Par
Publié le 25/04/2018
Dialogue patient-praticien

Dialogue patient-praticien
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Invités mercredi des « Contrepoints de la santé » à Paris, la présidente de la Haute autorité de santé (HAS), le Pr Dominique Le Guludec, et le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Dr Jean-Paul Ortiz, se sont taquinés sur l’absence de médecins libéraux au collège de la HAS, ont parlé recertification et évoqué l’arrivée prochaine de la télémédecine. Avant de dresser un même constat : l’importance du patient dans le système de santé n’a jamais été aussi grande.

Un désir des patients d’être plus impliqués

Les résultats d’un sondage BVA commandé par les organisateurs du débat traduisent une forte volonté des Français d’être davantage inclus dans les décisions relatives à leur santé. Le sondage révèle notamment que 39 % des répondants ayant été confrontés à une décision médicale importante au cours des trois dernières années estiment n’avoir pas été, ou peu, impliqués dans celle-ci. Trois quarts d’entre eux auraient aimé l’être davantage.

Serait-ce trop ? « Sûrement pas ! », répond Dominique Le Guludec. « Nous savons, par la littérature et par expérience, que cette volonté des patients d’être davantage dans la stratégie de leur prise en charge est un gage d’amélioration de la pratique, de l’adhésion au traitement, de l’observance et des résultats », fait valoir la présidente de la HAS. Un avis partagé par le Dr Ortiz, pour qui les rôles ont changé : « Il y a encore quelques décennies le patient était dans une position d’ignorant vis-à-vis du médecin, qui était le savant ». « Aujourd’hui les patients sont nettement mieux informés, pas toujours à bon escient, ni dans les meilleures conditions. Mais en tout cas ils ont accès à l’information », observe le président de la CSMF.

Une influence au-delà du colloque singulier

Résultat, les praticiens accordent plus d’importance à l’avis de leurs patients. « Nous sommes beaucoup plus, non pas dans une logique de guérison, mais d’accompagnement de pathologies chroniques, y compris du cancer. Ce qui fait que le défi à relever vis-à-vis de son patient est l’adhésion à ses solutions thérapeutiques et à son plan », explique Jean-Paul Ortiz.

Pour Dominique Le Guludec, l’importance du patient dépasse même les limites du seul colloque singulier. Et la présidente de la HAS d’indiquer que le projet stratégique de son institution devrait « beaucoup s’axer sur l’implication des patients comme experts ». « Actuellement, et c’est récent, ils sont inclus dans les commissions réglementées de la HAS : évaluation des médicaments, des dispositifs, des actes, appuie-t-elle. Sur l’évaluation des résultats, leur avis compte énormément. »

Une montée en puissance du patient qui, combinée à l’évolution « tellement rapide » de la médecine, dixit Dominique Le Guludec, rend inéluctable la mise en place d’un système de recertification. « On ne tolérerait pas de monter dans un avion sans être sûr que le pilote a remis à jour l’ensemble de ses connaissances et qu’il les a intégrées à sa pratique. Les patients ont besoin de cette transparence », observe le Dr Ortiz.


Source : lequotidiendumedecin.fr