« En 2024, selon notre enquête annuelle, 84,7 % des ophtalmologistes libéraux déclarent exercer en travail aidé avec un ou plusieurs assistants » (orthoptistes, assistants médicaux ou infirmiers), s’est réjoui, ce jeudi le Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof). Cette organisation collégiale continue à faire ses preuves pour réduire les délais de rendez-vous des patients. Ces derniers ont diminué de « 70 % en sept ans » pour un rendez-vous simple, pour atteindre un délai médian national compris « entre 21 et 26 jours » d’attente, selon les études citées.
« Pendant longtemps, les observateurs estimaient que ce seuil de 85 % (pour le travail aidé) constituerait notre plafond de verre », poursuit le Dr Vincent Dedes. Or, dans les faits, il est souvent dépassé. Pour les ophtalmos exerçant en cabinet de groupe (d’au moins quatre praticiens), il atteint désormais 100 %. Mais même les spécialistes exerçant dans une structure en solo ont rejoint le mouvement. Pour la première fois, près des deux tiers exerçants seuls sont en travail aidé, relève le Snof.
Ce travail d’équipe fait partie inhérente de la pratique des praticiens les plus jeunes puisque les moins de 40 ans l’ont intégré à 97,6 % et les moins de 50 ans à 95,1 %. À noter que ce sont les orthoptistes salariés qui constituent la première aide des ophtalmologistes qui les citent à 62 % (versus 58 % en 2022). La collaboration avec les orthoptistes libéraux reste stable sur cette même période (29 %).
Pour autant, le Snof reconnaît l’existence de trous dans la raquette. Il concerne les communes rurales et urbaines de moins de 20 000 habitants pour qui « le délai médian pour un rendez-vous en ophtalmologie pour un contrôle simple » est deux fois supérieur au délai médian national.
Cabinets d’ophtalmologie ? Clarification exigée !
Pour y remédier le syndicat propose à nouveau, entre autres solutions, de favoriser le développement de cabinets de proximité (cabinets secondaires ou sites multiples). Mais pas n’importe comment !
Sur ce sujet, le Snof a sondé ses troupes pour s’accorder une définition claire et précise de ce qu’est un cabinet d’ophtalmologie, utilisée abusivement selon eux par des cabinets ou centres de santé où des médecins ne viennent jamais, ou rarement. « Il y a beaucoup de confusion » sur cette notion de cabinets d'ophtalmologie, « sur les plateformes de rendez-vous en ligne, les moteurs de recherche », ou chez certains orthoptistes et opticiens, s’est agacé le Dr Vincent Dedes.
À l’arrivée, la quasi-totalité des praticiens sondés considèrent que l’appellation de « cabinet d’ophtalmologie » doit être réservée à des sites dédiés dans deux cas de figure seulement : la présence d’un médecin ophtalmologiste « au moins deux jours par semaine » ; ou bien la présence d’un ophtalmologiste au minimum « 40 % du temps d’ouverture du cabinet » avec obligation pour le ou les médecins, le cabinet ou la société médicale de pouvoir assurer la continuité des soins à proximité avec une durée de trajet inférieure à 45 minutes ou 45 km.
Une référence face aux abus
Cette définition entend servir de référence pour l’Ordre, les autorités et les plateformes de prise de rendez-vous en ligne. Une façon aussi de faire le ménage. « Nous constatons aujourd’hui beaucoup de confusions volontaires ou non entre cabinets d’orthoptie, magasins d’optique et cabinets avec présence d’un médecin », glisse Vincent Dedes.
Sans compter que le développement du travail aidé a entraîné des abus, comme des sites qui ne reçoivent que rarement la visite d'un praticien. Quasiment une cinquantaine de centres apparus ces dernières années ont été « soit déconventionnés par l'Assurance maladie, soit fermés » pour leurs pratiques illicites, précise le patron du Snof. Quant aux plateformes de rendez-vous en ligne, il chiffre à quelque 200-250 le nombre de centres d'orthoptie qui se font passer pour des cabinets d'ophtalmologie…
Afin d’accompagner la tendance au regroupement des ophtalmologistes, le président du Snof en appelle à la nouvelle convention pour aider au développement des sites multiples, via des aides à l’installation, des cotations spécifiques, l’application d’un forfait déplacement ainsi qu’un forfait technique pour les petits gestes réalisés au cabinet.
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