Plus de 400 attaques l'an dernier : les hôpitaux, cibles privilégiées du conflit syrien

Publié le 09/06/2017
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Crédit photo : Ibrahem Qasim/CC

"En Syrie, la stratégie consistant à utiliser intentionnellement la violence pour restreindre ou empêcher l'accès aux soins a atteint un niveau sans précédent". Les auteurs d'un article publié dans The Lancet en sont arrivés à cette conclusion dramatique, à l'issue d'un travail de recensement sans précédent des structures de santé prises pour cible pendant le conflit. Pas moins de 402 attaques - souvent mortelles - visant des professionnels de santé, des hôpitaux ou des cliniques syriennes ont en effet été enregistrées entre novembre 2015 et décembre 2016, dans ce pays en guerre civile depuis six ans. Dans les zones non contrôlées par le gouvernement syrien, près de la moitié des hôpitaux ont été frappés au cours de cette période, et un tiers l'ont été plusieurs fois. 

Le conflit syrien a fait plus de 320.000 morts depuis 2011. Parmi eux figuraient au moins 814 soignants, estimait déjà The Lancet en mars. Au cours de la période couverte par cette nouvelle étude, 677 personnes ont été blessées et 261 tuées dans des attaques contre le secteur de la santé.

Ces données ont été recueillies grâce à un groupe WhatsApp comptant 293 membres répartis dans environ 350 structures de soins syriennes. Ce réseau est soutenu par une équipe de l'OMS établie en Turquie, qui coordonne l'action humanitaire des Nations Unies et de dizaines d'ONG en Syrie. Dès qu'une attaque se produit, les membres du groupe le signalent sur la messagerie puis envoient un rapport anonyme précisant le lieu, le type d'attaque et le bilan humain. Ces données sont ensuite vérifiées en les croisant avec d'autres sources.

Face aux attaques de plus en plus fréquentes, les soignants ont dû s'adapter pour tenter de protéger les patients, explique le Dr Alaa Abou Zeid, coordinateur de santé pour les situations d'urgence au sein de l'unité de l'OMS. Ils ont par exemple placé à des endroits différents les blocs opératoires et les soins post-opératoires, pour "réduire le risque que tous les services soient affectés" en cas d'attaque, ou déménagé "des services entiers en sous-sol", détaille-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr