« Non, non, non à la réforme Macron ! Oui, oui, oui aux professions unies ! » Tel était le slogan des milliers de professionnels libéraux venus manifester ce lundi à Paris contre la réforme des retraites. Sous un soleil de plomb, avocats, infirmiers, médecins ou encore pilotes de ligne ont répondu à l’appel du collectif interprofessionnel SOS-Retraites et ont défilé de la place de l’Opéra jusqu’à celle de la Nation.
Si une dizaine de professions étaient représentées, les avocats (dont les cotisations augmenteraient sensiblement avec la réforme imaginée par Jean-Paul Delevoye) étaient de loin les plus nombreux, formant une véritable marée de robes noires, comme promis la semaine passée.
Quelques dizaines de médecins
Du côté des médecins libéraux, seulement quelques dizaines d'entre eux avaient fermé leur cabinet et fait le déplacement. Toutefois, les Drs Jean-Paul Hamon et Jérôme Marty, présidents respectifs de la FMF et de l'UFML-S figuraient en bonne place en tête de cortège. Les deux généralistes entouraient ainsi Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, à l'origine du collectif SOS retraites (voir le diaporama et la vidéo).
« Les médecins devraient déjà être là mais ce combat va être long, il va durer un an, note le Dr Marty. Il faut que les praticiens se mobilisent et entrent dans le mouvement. On ne pourra gagner que si toute la profession est mobilisée ! »
« Que l'État prenne exemple sur nous »
Si plusieurs dangers planent sur leur retraite (lire notre dossier), les praticiens qui avaient fait le déplacement se sont montrés particulièrement inquiets quant à l’avenir des 7 milliards d’euros de réserves de la Carmf. « Les professions libérales ont pour la plupart anticipé le fait qu’un jour il y aurait plus d’allocataires que de cotisants, souligne Sabine Monier, ORL à Courbevoie, t-shirt blanc de la FMF sur les épaules. De son côté, l’État n’a pas bien su gérer ses réserves et, sous prétexte de faire un régime universel, veut carrément piquer dans le pot des autres. C’est pour lutter contre cela que nous sommes dans la rue aujourd’hui ! » Et celle-ci d'ajouter : « On aimerait bien que l'État prenne exemple sur la bonne gestion des caisses des professions libérales ! »
S'il admet ne pas être « techniquement très compétent » sur la réforme, le Dr Fabien Foesser, généraliste près de Strasbourg, partage cette inquiétude de voir « l’argent disparaître ». « Ayant soixante ans, j’ai beaucoup contribué à la constitution de ces réserves car quand je me suis installé, au début des années 90, nos cotisations Carmf étaient très élevées. Cela vidait mon compte ! Mais je me disais : "au moins la caisse met de l’argent pour les périodes difficiles où on sera moins nombreux". » Aujourd'hui, le médecin se demande qui paiera sa retraite.
Interview de Jean-Paul Hamon, président de la FMF, pendant la manifestation :
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