Le Premier ministre Jean Castex a estimé mercredi devant le Sénat que « refuser de parler des retraites lorsque l'équilibre des comptes, et donc la sauvegarde du système actuel se trouve compromise, serait irresponsable ». Devant les parlementaires, le chef du gouvernement a ajouté : « Je vais rouvrir le dialogue, toutes les organisations syndicales viendront discuter avec moi (...) et nous nous mettrons d'accord sur une méthode et un calendrier ».
Il répondait à la gauche qui lui a demandé à plusieurs reprises, depuis son arrivée à la tête du gouvernement, d'abandonner la réforme des retraites qui a donné lieu à des mois de conflit social. Dans la matinée, lors d'un entretien sur BFM TV, il avait déjà indiqué qu'il souhaitait réunir « ensemble » les partenaires sociaux « avant le 20 juillet », après les avoir reçus séparément jeudi 9 et vendredi 10.
« Sauvegarder le système actuel »
Puis, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a précisé qu'il aborderait séparément la question du « futur régime universel », « avec en toile de fond le devenir des régimes spéciaux », et celle du « financement du système actuel ». La « réforme de fond, à laquelle nous ne renoncerons pas », sera séparée « des dispositions qu'il y a lieu de prendre pour sauvegarder le système actuel », a-t-il détaillé, évoquant un « sujet de plus court terme ».
Les discussions autour des régimes autonomes, dont fait partie la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), pourraient ainsi venir dans un second temps. Mais les détails du calendrier de la future réforme sont encore flous, d'autant que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a repoussé jeudi toute reprise immédiate des discussions sur la réforme à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre, soulignant que « clairement, la priorité aujourd'hui, c'est l'emploi ».
Hypothèse d'un régime complémentaire obligatoire géré par la Carmf
Interrogé mercredi par Le Généraliste sur le sujet, le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, espère que « les avancées et garanties qui avaient été obtenues dans le projet adopté par l’Assemblée nationale (dans le cadre de l’article 49.3 ndlr) ne vont pas sauter ». Parmi ces garanties, les syndicats de médecins libéraux avaient proposé d'instaurer un régime complémentaire obligatoire, géré par la Carmf pour compenser la baisse de pension qu'entraînerait le passage à un régime universel de retraites. Ainsi, les praticiens continueraient de cotiser autant que dans l'ancien système et percevraient un niveau de pension similaire. Le secrétaire d'État à la réforme, Laurent Pietraszewski, s'y était montré favorable à plusieurs reprises et la mise en place de ce régime devait se faire par ordonnance.
Les syndicats avaient aussi été assurés que le fonds de réserves constitué par la Carmf ne serait pas fondu dans le nouveau régime universel et que les praticiens en cumul emploi-retraite qui continuent de cotiser à la Carmf pourraient, dès 2022, acquérir de nouveaux droits par points, alors que jusqu'alors leurs cotisations ne leur donnaient aucuns droits supplémentaires. Ces garanties obtenues seront-elles toujours d'actualité dans un contexte marqué par la crise sanitaire ? La réponse devrait être donnée ces prochains mois. Pour rappel, l'examen du projet de loi, adopté à l'Assemblée nationale début mars, n'avait pas pu se poursuivre en Première lecture au Sénat à cause du confinement.
(Avec AFP)
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