« Un malaise très profond » chez les médecins libéraux : le président de la Carmf pointe « les erreurs » du gouvernement

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Publié le 18/09/2023
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Crédit photo : Garo/phanie

Réunis en assemblée générale ce week-end, les délégués ont approuvé à la quasi-unanimité (97,52 %) les comptes de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) pour 2022. Pour les trois régimes qu'elle gère (complémentaire, ASV, invalidité/décès), la caisse a enregistré 2,25 milliards d’euros de recettes – dont 2,13 milliards d'euros de cotisations et 116 millions d’euros de résultat financier. Les charges s'élèvent à 2,59 milliards d’euros, dont 2,55 milliards de prestations. Après imputation d'un résultat net négatif de 346 millions d'euros, les réserves au 1er janvier 2023 s'établissent à 6,62 milliards d'euros.

Pas de quoi calmer les inquiétudes du Dr Thierry Lardenois, président de la Carmf. Alors que la caisse « a su s'adapter aux évolutions sociétales » depuis sa création il y a 75 ans, les perspectives pour la médecine libérale inquiètent le généraliste de Moselle. « Il y a un malaise très profond », avertit le Dr Lardenois dont c'est le dernier mandat.

Les « erreurs » commises par le gouvernement vis-à-vis de la jeune génération médicale ne manquent pas : absence de revalorisation tarifaire, qui pèse sur l'attractivité du secteur libéral, transferts massifs de compétence, réforme chaotique des études… « Les jeunes se demandent s'ils ont intérêt à faire ce métier après dix ans études alors que l'infirmier ou le pharmacien va pratiquement avoir les mêmes prérogatives qu'eux avec moins d'années d'études », avance-t-il. 

Manque à gagner 

De fait, la bonne santé financière de la Carmf dépend mécaniquement du nombre de cotisants libéraux. Et l'horizon immédiat est incertain. « On ne maîtrise pas certaines données comme le nombre de médecins cotisants, leurs revenus ou encore des événements extérieurs qui influent sur les recettes comme l'exonération 2023 des cotisations pour les médecins en cumul emploi retraite intégral », ajoute le Dr Olivier Petit, vice-président de la Carmf.

Cette dernière mesure actée dans la loi Sécu 2023 permet à tout médecin libéral cumulard ayant un revenu inférieur ou égal à 80 000 euros d'être exonéré de cotisation Carmf. L'impact financier de cette exonération n'est pas compensé par l'État pour le régime complémentaire et l'ASV. « On a un manque à gagner de 25 millions d'euros dans le régime complémentaire et ce cadeau est payé par les affiliés », explique le Dr Petit.

La hausse de la consultation généraliste à 26,50 euros – à partir du 1er novembre – va améliorer les rentrées de la Carmf. « On avait déjà fait une prévision à +10 % dans nos projections, soit le C à 27,50 euros. Si la consultation passe finalement à 30 euros (à l'issue des négociations), cela fera une augmentation plus importante. »

La Carmf pourrait alors envisager une revalorisation des pensions en novembre. En janvier 2023, le conseil d'administration avait décidé une hausse de 4,7 % de la retraite complémentaire qui, après celle de 0,5 % au 1er janvier 2022, rattrape l’inflation de 5,2 % constatée l’année dernière.


Source : lequotidiendumedecin.fr