Une proposition de loi restreint l'IVG en Pologne, une autre l'étend en Irlande

Publié le 06/07/2016

Crédit photo : Phanie

L'IVG fait de nouveau débat dans les deux pays de l'Union Européenne les plus restrictifs en matière de droit à l'avortement. En Pologne, ce sont les conservateurs qui ont la main. Des organisations défendant le droit à la vie ont déposé mardi au Parlement polonais une proposition de loi visant à interdire presque totalement l'avortement. Les promoteurs du texte d'initiative populaire - la Fondation Droit à la Vie - ont collecté 450.000 signatures pour l'appuyer - alors que 100.000 sont suffisantes pour le proposer au Parlement. Ils demandent que les personnes qui pratiquent l'IVG, y compris les femmes, encourent des peines de prison allant de trois mois à cinq ans. Le même texte obligerait l'Etat et les collectivités locales à fournir des aides financières aux femmes et aux familles pour élever les enfants handicapés. Selon la Fondation, l'IVG pourrait être pratiquée légalement uniquement pour préserver la vie de la mère.

La Diète (chambre basse) dispose de trois mois pour fixer la date de la première lecture du texte, si elle décide de l'examiner. Mais il est peu probable que la majorité actuelle puisse le refuser. Pour sa part, le parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS), pourtant proche de l'Église catholique a déjà pris ses distances. "Il n'y aura pas de discipline de vote sur ce projet, chaque député votera selon sa conscience", a déclaré la porte-parole du groupe parlementaire PiS, Beata Mazurek. L'annonce du projet a fait descendre dans la rue, au cours des derniers mois, plusieurs milliers de personnes opposées au durcissement de la loi actuelle. 

À l’inverse, en Irlande, un projet de loi pour légaliser l’avortement en cas de malformation grave du fœtus sera examiné jeudi au Parlement. Le texte a néanmoins un objectif modeste, puisqu'il entend permettre "un traitement médical en vue de mettre fin à la grossesse dans les cas où le fœtus souffre d'une malformation incompatible avec la vie hors utérus".

Enda Kenny, chef du parti de centre droit Fine Gael, qui a appelé à rejeter le texte, a déclaré mardi qu'il ne pouvait pas empêcher les trois ministres, membres de la formation Independent Alliance de voter pour. Mais, face à la pression de l'opinion publique qui réclame un changement de la législation et aux pressions internationales, le gouvernement irlandais a décidé de réunir une commission composée d'une centaine de citoyens d'ici à la fin de l'année, pour discuter d'une réforme. Si, comme attendu, la commission réclame l'organisation d'un référendum sur la question, Enda Kenny a promis de laisser ses députés voter librement sur la question.

Les deux pays ont des législations qui ouvrent le droit à l'IVG dans ces cas très limités. En Pologne, la loi de 1993 l'autorise dans seulement trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste. Cadre encore plus restrictif en Irlande, où l'avortement n'est permis que si la vie de la mère est en danger. Il est en revanche interdit en cas de viol, de malformation du fœtus ou de risques pour la santé de la mère, le 8e amendement de la Constitution irlandaise donnant des droits égaux au fœtus et à la mère. 


Source : lequotidiendumedecin.fr