Les délais d'attente en ophtalmologie poursuivent leur baisse, a souligné ce vendredi le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF). Un an et demi après une enquête qui présentait la même tendance, la structure persiste et signe, avec une nouvelle étude, basée sur deux sondages commandés au CSA, l'un sur les rendez-vous pris par téléphone*, l'autre sur ceux pris en ligne**.
L'enquête révèle que pour une demande de rendez-vous pour un simple contrôle périodique de la vue, le délai moyen tombe à 61 jours, contre 68 jours en 2019. Dans la moitié des cas, un rendez-vous est proposé sous 42 jours (45 jours si l'ophtalmologiste exerce en secteur I, 41 jours s'il est en secteur II). Si le rendez est pris en ligne, via une recherche internet qui renvoie le patient sur un site spécialisé comme Doctolib ou Alaxione, les délais sont plus courts, soit 53 jours en moyenne.
En revanche, lorsque la demande concerne une consultation rapprochée pour des symptômes inhabituels récents (points noirs, filaments) mais non urgents, le délai est de 32 jours, soit 5 de plus qu'en 2019. « Cette hausse peut s'expliquer par la crise sanitaire, indique le Dr Thierry Bour, président du SNOF. De nombreuses personnes n'ayant pas consulté pendant le confinement, elles ont voulu le faire rapidement ensuite. » Tous motifs confondus, il faut patienter en moyenne 51 jours pour une consultation, contre 55 jours l'an dernier.
Toutefois, plus d'une demande sur deux (55 %) de consultation pour une apparition de symptômes inhabituels n'aboutit pas. Pour une consultation classique, les demandes n'aboutissent pas dans un tiers des cas. Plusieurs motifs sont donnés pour ces refus : renvoi vers les urgences, pas de nouveaux patients acceptés, chirurgie uniquement, ne prend en charge que des enfants…
La Normandie, championne de l'attente
En fonction des territoires, ces résultats sont très variables. Alors que le délai médian était de 135 jours en Normandie en 2019, il passe désormais à 90 jours pour obtenir un rendez-vous de contrôle. La région reste celle où il faut être le plus patient pour avoir une consultation ophtalmo, selon l'étude du SNOF, suivie de la Bourgogne Franche-Comté et de l'Occitanie (89 jours en moyenne). Les zones où il y a le moins d'attente sont l'Ile-de-France (26 jours, contre 25 l'an dernier), la Corse (32 jours) et la Nouvelle Aquitaine (34 jours).
La prise de rendez-vous en ligne change la donne, puisque cette procédure fait baisser les délais dans toutes les régions par rapport au rendez-vous téléphonique.
Améliorer la démographie
Ces données nationales et régionales sont la preuve pour le SNOF que les délais de rendez-vous « continuent de baisser depuis trois ans », notamment concernant les délais les plus longs. « Le confinement et la pandémie de Covid n’ont pas aggravé la situation comme certains le craignaient. Les ophtalmologistes ont su s’adapter », assure le Dr Thierry Bour, qui y voit aussi l'efficacité du travail aidé et des protocoles organisationnels avec les orthoptistes.
Pour poursuivre sur cette voie et atteindre l'objectif du « zéro délai » en 2022, toujours réalisable selon le syndicat, certaines priorités sont jugées nécessaires, à commencer par une hausse de la démographie des ophtalmologistes (également soulignée par un récent rapport IGAS). Le SNOF demande ainsi 200 postes d'internes pour la spécialité pour les dix ans à venir (contre 148 cette année).
Il souhaite aussi développer les stages d’internes en libéral, poursuivre le développement de l’équipe de soins autour de l’ophtalmo et amplifier les cabinets secondaires, en y associant la télémédecine et les orthoptistes. Enfin, la mise en place d'un zonage en ophtalmologie permettrait de débloquer des aides à l’installation de nouveaux cabinets en zones sous-dotées.
* Échantillon représentatif de 2 837 ophtalmologistes exerçant en dehors des hôpitaux contactés par téléphone du 16 au 26 septembre (appels mystères).
** Auprès d'un listing de 4 585 ophtalmologistes.
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