De mieux en mieux : tel est le message encourageant du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) en matière d'accès aux soins visuels. Un an et demi après une enquête qui montrait déjà la réduction des délais d'attente, le Snof persiste et signe, avec une nouvelle étude basée sur la même méthodologie (deux sondages commandés au CSA – l'un sur les rendez-vous pris par téléphone*, l'autre sur ceux pris en ligne**).
Délais raccourcis de deux semaines
Indicateur le plus utile, le délai médian d’obtention par téléphone d’un RDV non urgent (simple contrôle périodique) continue de diminuer, passant de 43 à 30 jours au plan national, soit deux semaines de moins par rapport à l’étude Snof–CSA réalisée en avril-mai 2019. Ainsi, pour la première fois, la moitié des RDV est donc donnée en moins d’un mois et 25 % sont obtenus en moins de 13 jours. La proportion des RDV obtenus pour un nouveau patient s’est elle aussi améliorée (+6 % depuis 2019). Quant au délai moyen (qui masque de fortes disparités), il a chuté de 16 jours (de 68 à 52 jours).
Cette réduction des délais concerne aussi les demandes de consultation pour des symptômes inhabituels récents – points noirs, filaments. Le délai médian est passé de 10 jours en 2019 à cinq jours en 2022, soit une baisse de cinq jours en trois ans. Mais si les délais s’améliorent, la proportion de RDV obtenus sur ce scénario a diminué de 7 % depuis 2019. « Une situation qui s’explique notamment par un rattrapage des interventions chirurgicales qui n’ont pas pu être réalisées lors de la pandémie, ce qui laisse moins de temps pour les consultations », note le Dr Thierry Bour, président du Snof.
L'étude montre que l’écart de délai entre les médecins de secteurs I et II s’est réduit, quel que soit le scénario (contrôle périodique ou apparition de symptômes). L'écart est aujourd’hui de quatre jours contre 24 en 2019 (-20 jours) pour les RDV non urgents et est identique dans les deux secteurs pour le scénario semi-urgent (5 jours). Selon le Snof, c'est principalement le développement du travail aidé qui a permis de réduire ces délais.
Progrès variables
Dix régions sur 13 voient leurs délais s’améliorer pour une simple consultation de contrôle par rapport à 2019. C'est notamment le cas en Normandie (-89 jours), en Bretagne (-75 jours), en Centre Val-de-Loire (-54) ou en Auvergne Rhône-Alpes (-34 ). Trois régions voient les délais s'allonger : Pays de la Loire (+15), Bourgogne France Comté (+10) et Nouvelle Aquitaine (+8). Le Snof précise qu'il n'y a pas eu de baisse significative des délais en Île-de-France « alors que trois quarts des centres ophtalmologiques de dernier cri qui ont soulevé des scandales sont dans la région ». « On a l'impression qu'ils font des volumes superficiels », avance le Dr Bour, mais « sans effet positif » sur la file active.
En cas de consultation pour l'apparition de symptômes, l'amélioration est constatée dans 11 régions sur 13.
La prise de rendez-vous en ligne – couplée à la réorganisation des cabinets en équipe – a changé la donne. En trois ans au total, « les délais se sont améliorés de plus de deux semaines – 26 contre 42 jours – et la proportion de RDV obtenus a augmenté de + 25 % », se félicite le Dr Bour.
Moins de patients renvoyés sur internet
Autre évolution positive : depuis 2020, de moins en moins de patients sont renvoyés sur internet après un appel téléphonique : 9 % en 2022 contre 30 % en 2020 ». « Cela montre une meilleure disponibilité des secrétaires médicaux et évite une fracture numérique pour certains patients âgés », ajoute le président du Snof.
Il fixe l’objectif d’atteindre « 80 % de réduction des délais médians de rendez-vous », soit 15 jours de délai médian pour le scénario 1 (contrôle périodique) et trois jours pour le scénario 2 (apparition de symptômes). Des objectifs atteignables « d’ici 2-3 ans au plan national » et « dans les 5 ans pour les zones sous-dotées en ophtalmologistes », précise le Snof.
Télémédecine éthique
Pour relever ce défi, le syndicat met en avant le développement des cabinets secondaires (dépendants de pôles d’ophtalmologie), l'essor des équipes de soins autour de l'opthalmo avec assistants médicaux et orthoptistes (objectif : 90 % de médecins bénéficiant du travail aidé et deux assistants par ophtalmologiste) sans oublier l'augmentation du nombre d'internes formés (au moins 200 postes par an dans les 10 prochaines années). On recense un peu moins de 4 800 ophtalmologistes libéraux, un effectif qui se stabilise (après un pic de cessations définitives d'activité).
Il conviendra aussi d'évaluer l’impact de la primoprescription par les orthoptistes des lunettes et lentilles de contact pour les patients âgés de 16 à 42 ans pour les faibles amétropies. Le syndicat défend enfin une « télémédecine éthique dans des lieux médicaux ou neutres », ainsi que le renouvellement des équipements par les orthoptistes. Selon le Snof, « les nouvelles mesures peuvent conduire à prendre en charge un million de patients supplémentaires par année et réduire définitivement les problèmes d’accès aux soins oculaires ».
* Échantillon représentatif de 2 610 ophtalmologistes exerçant en dehors des hôpitaux contactés par téléphone en septembre 2022
** Auprès d'un listing de 4 145 ophtalmologistes (principalement sur Doctolib)
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