Les deux tiers des ophtalmologistes libéraux ont retrouvé une activité à plus de 60 % de la normale alors que la quasi-totalité avait cessé leur exercice pendant le confinement. C'est ce que révèle une enquête* du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) visant à évaluer la reprise de l'activité post-confinement.
Cette reprise partielle mais importante devrait s'accélérer puisque 77 % des spécialistes estiment qu’ils retrouveront plus de 60 % de leur activité de référence dans les deux prochaines semaines. L'activité de bloc opératoire est davantage à la peine – parmi ceux qui sont chirurgiens, 60 % n'opèrent pas encore ou seulement les cas urgents ou difficilement reportables.
Le retour d'activité en cette période transitoire (avec des règles strictes, l'étude précisant que 4 % des ophtalmologistes ont été contaminés et 8 % pensent l'avoir été) a une conséquence sur les délais d'attente. Près d'un tiers des sondés pointent des délais de rendez-vous « plus importants » qu’avant le confinement dans leurs cabinets.
Inquiétude sur le chiffre d'affaires
Quel avenir ? Si trois quarts des ophtalmologistes souhaitent conserver le même personnel, 90 % anticipent un chiffre d'affaires en baisse en 2020 (pour 58 %, le CA annuel sera même très inférieur). Les répondants franciliens et du Grand Est sont les plus sombres. D'une manière générale, la profession se partage exactement entre les optimistes et les pessimistes pour l'exercice de la spécialité dans l'après crise sanitaire (46 % dans chaque).
Dans ce contexte, le travail collaboratif prend tout son sens et 70 % des spécialistes pensent que le développement de l'équipe d'orthoptistes et d'assistants médicaux est important ou même vital. « Le travail aidé est la clé pour préserver l’efficacité de la filière. Cette organisation des soins visuels a fait ses preuves, et elle est essentielle pour passer le cap de cette année difficile », analyse le Dr Thierry Bour, président du SNOF.
Mais l'inquiétude financière reste forte au point que 52 % des ophtalmologistes souhaitent augmenter leur temps de travail dans les mois à venir – soit en réduisant leurs congés (30 %) ou en élargissant les plages de consultation (22 %). À noter que 10 % envisagent de proposer des heures supplémentaires à leur personnel et 7 % de faire appel aux remplaçants.
Davantage d'internes
Comment amortir le choc économique des mois d'arrêt d'activité ? Plus d'un quart des ophtalmologistes (27 %) sont favorables à un « forfait supplémentaire par acte » remboursé par l'assurance-maladie ou les complémentaires pendant la durée de la crise, 13 % avancent la possibilité de faire des dépassements y compris en secteur I et 26 % plaident pour une remise à plat tarifaire.
Parmi les mesures structurelles, la formation d'un nombre plus élevé d'internes est toujours plébiscitée (81 %), de même que le déploiement des stages en libéral (73 %). Le syndicat continue de demander 240 postes d'internes en ophtalmologie et indique qu'il y sera « très attentif » pour 2020.
Le déploiement d'équipes de soins spécialisés (prévues par la loi) fait moins recette (34 %), tout comme l'essor de la e-prescription (44 %) même si les jeunes sont les plus favorables aux ordonnances dématérialisées. En revanche, 84 % des ophtalmologistes jugent que le développement des centres de santé avec des praticiens salariés est une réforme peu importante ou inutile.
* Questionnaire anonyme en ligne envoyé du 25 mai au 2 juin aux adhérents du SNOF, auquel ont répondu auprès de 890 ophtalmologistes
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre