Lundi 23 septembre à 13 heures, ce sera porte close pour les laboratoires de biologie médicale, et ce sera ainsi tous les après-midi jusqu'au 1er octobre. « Unis » et en colère, les quatre syndicats* représentatifs de la profession ont lancé leur mouvement de grève ce mardi 17 septembre, accompagné par l'Association pour le progrès de la biologie médicale (APBM), qui fédère les principaux réseaux de laboratoires français.
Durant cette grève, les urgences biologiques ne seront pas assurées et seront renvoyées vers les hôpitaux, précisent les représentants des biologistes. En parallèle, ils demandent au Cofrac, organisme chargé d'accréditer les laboratoires sur 100 % des examens d'ici au 31 octobre 2020, de geler la totalité des audits prévus dans ce cadre. Les syndicats espèrent que le mouvement sera suivi par les quelque 400 sociétés d'exercice libéral, les médecins et leurs salariés, répartis sur 4 000 sites sur tout le territoire. Selon les syndicats, la survie de la moitié de ces entreprises est en jeu.
Grève reconductible
Cette grève fait suite aux économies prévues dans le dernier rapport charges et produits de l'assurance-maladie, paru fin juin et qui donne le ton du budget de la Sécu examiné à l'automne. Un effort de 180 millions d'euros sur l'année 2020 était demandé aux biologistes médicaux (contre 95 millions cette année), par ailleurs en pleine négociation de leur protocole triennal avec l'assurance-maladie (CNAM).
Les choses se sont envenimées lors de la dernière réunion entre la CNAM et la profession, mercredi 11 septembre. La Sécu a confirmé attendre des économies à hauteur de 170 millions d'euros sur l'enveloppe des dépenses de biologie médicale – 3,7 milliards d'euros – qui serait sans progression autorisée (une progression de 0,25 % sur l'enveloppe est normalement négociée). Or, les représentants des biologistes libéraux demandent « une hausse de l'enveloppe de biologie » équivalente au moins à celle de l'ONDAM (2,3 %).
« Cette réunion ne s'est pas bien passée, nous avons demandé une suspension de séance, raconte François Blanchecotte, président du SDB. D'où l'annonce de notre grève à partir de la semaine prochaine. Et si l'assurance-maladie reste sur ses positions lors de la prochaine réunion du 1er octobre, la grève pourra être reconduite en décembre. »
Nouveaux examens
La coupe est donc pleine pour la profession, qui n'en est pas à son premier plan d'économies. « En 10 ans, nous avons subi un milliard d'euros de baisses tarifaires, a calculé Étienne Couëlle, vice-président de l'APBM. Qui peut en dire autant dans le secteur de la santé en France ou même à l'étranger ? Personne ! »
Dans le même laps de temps, les demandes d'examens ont continué d'augmenter. Actuellement, les laboratoires de biologie reçoivent en moyenne 500 000 patients par jour pour confirmer des diagnostics médicaux ou faire du dépistage de prévention. « Récemment, la recherche de rhésus fœtal dans le sang maternel et le dépistage prénatal non invasif de la trisomie 21 sont entrés dans la liste des actes remboursés. Bientôt, ce sera le cas des actes liés à l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA). Or, notre enveloppe est déconnectée de tout réalisme médico-économique, de l'accroissement des examens de biologie comme des innovations thérapeutiques », déplore le Dr Jean-Claude Azoulay, vice-président du SNMB.
Interpellant la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le premier ministre Édouard Philippe, les biologistes demandent « un plus grand respect des autorités pour le travail mené au quotidien et les efforts de ces dernières années ». « Il est temps d'investir dans la biologie médicale ! », a résumé le Dr Lionel Barrand, à la tête du SJBM.
* Syndicat des biologistes (SDB), Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) et Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC).
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