EN LOIRE-ATLANTIQUE, une escouade de médecins mobiles effectue des visites de nuit, dans le cadre d’une expérimentation de la permanence des soins menée par l’agence régionale de santé (ARS) des Pays-de-la-Loire. Chaque médecin est basé lors de sa garde dans un l’hôpital local, est averti par le Centre 15 des visites à effectuer ; il se déplace dans son véhicule personnel, équipé par l’ADOPS 44 (Association d’organisation de la permanence des soins de Loire-Atlantique) d’un gyrophare, d’un GPS, et d’un matériel de premier secours. Pour une vacation de douze heures, ces praticiens sont rémunérés 450 euros (3 fois le tarif habituel pour 12 heures de garde), et perçoivent en sus les honoraires des visites effectuées.
À Pornic, le Dr Philippe Compain est vice-président de l’ADOPS 44. Pour lui, cette expérimentation, qui reste à évaluer, est le fruit d’un long travail qui fait de ce département un acteur pionnier en matière de prise en charge des urgences et de la PDS. C’est en effet dès 1990 qu’a été créé à Saint-Nazaire le premier Centre 15 expérimental. Par ailleurs, le département abrite 11 maisons médicales de garde, 10 installées en zones rurales ou semi-rurales, la dernière sur Nantes. Toutes ces MMG respectent scrupuleusement les horaires légaux d’ouverture, et ne reçoivent que des patients déjà régulés par le Centre 15.
103 volontaires.
« Il nous manquait la cerise sur le gâteau », continue Philippe Compain. Cette cerise, c’est la mise en place de cette structure de médecins mobiles, à laquelle l’ADOPS réfléchit depuis l’année 2000, grâce à une bonne entente entre le conseil départemental de l’Ordre, l’URML de l’époque (devenue depuis l’URPS), et l’ARH (désormais fondue dans l’ARS). Le département a été divisé en cinq zones, rurales et semi-rurales, chacune articulée autour d’un hôpital local, et qui abritent environ 700 000 habitants à l’année. Les visites se font autour de quelques axes prioritaires, comme le médico-légal, les EHPAD ou l’HAD, mais elles se font aussi bien sûr pour tout acte de PDS nécessitant le déplacement d’un médecin au chevet du malade. Depuis le démarrage de l’expérimentation, au début du mois d’avril, 103 médecins se sont portés volontaires pour cette garde mobile, sur les 750 inscrits à l’ADOPS. Ce qui signifie que les médecins volontaires effectuent environ deux gardes par mois. Selon les statistiques du SAMU 44, chaque praticien de garde effectue en moyenne trois à quatre actes par nuit de garde. « Pour ces gardes de 12 heures consécutives, continue Philippe Compain, les médecins sont rémunérés 450 euros plus les honoraires des visites. L’idée était qu’ils soient rémunérés à un niveau voisin des médecins régulateurs ». Ceux-ci sont en effet rémunérés sur la base de trois C de l’heure. L’ARS a donné son accord pour ce niveau de rémunération.
Philippe Compain juge ces émoluments pleinement justifiés, insistant sur le fait que les médecins mobiles font environ 250 kilomètres en voiture par nuit de garde, et ne bénéficient pas de repos compensateur le lendemain. Il fait valoir également que « ces 15 ou 20 actes effectués chaque nuit sur les cinq zones, c’est dix hospitalisations évitées, avec des économies substantielles à la clé ». Philippe Compain attend désormais confiant les résultats de l’évaluation qui sera effectuée au bout d’un an. Il rêve déjà d’une extension, voir d’une généralisation du dispositif.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, est venu début avril en Loire-Atlantique pour analyser cette initiative.
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