Un médecin généraliste, un ophtalmologue et un pharmacien ont passé une demi journée en garde à vue, hier mardi, à Albi (Tarn). Ces professionnels de santé étaient entendus après le décès, le 16 octobre 2014, d’un habitant d’Arthès suite à une infection à l’œil.
L’avocate de la victime évoque « une succession accablante de négligences ». « Les gardes à vue de médecins sont rarissimes », a indiqué par téléphone, Me Jehanne Collard, à l’AFP.
Contactés par « le Quotidien », les professionnels de santé n’ont pas été en mesure de commenter l’affaire.
L’avocate de la victime affirme que le décès est lié à une erreur de prescription de l’ophtalmologue, installé à Albi. Elle met également en cause le pharmacien d’Arthès qui aurait délivré « sans sourciller » un médicament contre la toxoplasmose, la Malocide (pyriméthamine), malgré le dosage, semble-t-il, important prescrit par le spécialiste : deux comprimés, quatre fois par jour, alors que le Vidal préconise deux comprimés par jour en traitement d’attaque, puis un comprimé par jour.
Une posologie « un peu lourde »
« L’ophtalmologue lui avait "filé" des antibiotiques, des vitamines et lui avait dit que son infection était probablement liée à une toxoplasmose quand il était enfant », affirme encore l’avocate, mais le spécialiste se serait « trompé entre les doses » de vitamines et de Malocide.
Selon elle, la victime avait eu « des malaises très sévères » le soir même de la prise de ces médicaments. Dans le récit qu’elle fait de l’affaire, Me Collard déclare que le patient aurait de nouveau consulté son ophtalmologue, qui aurait évoqué des effets secondaires, puis son généraliste. « Ce dernier relit l’ordonnance, raconte l’avocate, trouve la posologie du Malocide un peu lourde, consulte son Vidal et conclut que l’ophtalmologue doit savoir ce qu’il fait. »
Hospitalisé dans un état critique à Albi puis à Castres, le patient est mort deux jours plus tard. Sa compagne a déposé plainte le lendemain. Selon Me Collard, cette affaire remet en question le système de santé « fondé sur le contrôle réciproque et la responsabilité de chaque praticien ».
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