Douché par le discours de Macron, MG France n’exclut pas « un mouvement de grande ampleur pour les généralistes »

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Publié le 12/01/2023
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Crédit photo : S.Toubon

« Les généralistes ont avalé de travers la fève de la galette des rois », a lancé ce jeudi la Dr Agnès Giannotti, une semaine après les vœux d’Emmanuel Macron, « qui ont eu un retentissement catastrophique » sur les confrères libéraux. À l’écoute des annonces du chef de l’État, la présidente de MG France a dénoncé devant la presse des « propos inacceptable », notamment autour du « pacte de droits et devoirs » des libéraux, prôné par l'exécutif.

« Quand on dit que les généralistes ne travaillent pas assez, que nous sommes le verrou du système de santé, l’empêcheur d’accès aux soins… C’est absolument inaudible ! », dénonce la Dr Giannotti. La généraliste affirme être « tombée de sa chaise » lorsqu’Emmanuel Macron a expliqué vendredi dernier qu’un généraliste « malin » devait déléguer « les actes qui ont le moins de valeur » aux paramédicaux –comme les renouvellements d’ordonnances. « Un renouvellement c’est une réévaluation, nous ne sommes pas des photocopieuses, a lancé, émue, la généraliste parisienne. Dans quel monde vivent les politiques ? »

« Inaudible »

Lancée « dans la bagarre » des négociations conventionnelles – « dans un climat tendu » – la présidente de MG France se dit « très inquiète » car « il semble que les avancées conventionnelles soient conditionnées à de nouvelles contraintes » pour la ville. Une exigence jugée « inaudible » par l'omnipraticienne qui affirme que MG France ne signera pas la convention en cas de nouvelles contraintes, « une ligne rouge ».

Alors que la situation se complique sur le front des négos avec la Cnam, MG France fait monter la pression. « Si la négociation n’avance pas, nous irons peut-être vers un mouvement de grande ampleur pour les généralistes, ce n’est pas du tout exclu et nous serons inflexibles ! », clame la Dr Giannotti, sans pour autant détailler la forme que pourrait prendre ce mouvement, « c’est trop tôt ».

Hausse de la consultation sans condition

MG France a rencontré hier François Braun pour lui faire part, à nouveau, de ces points rédhibitoires. Le syndicat a rappelé à l’exécutif et la Cnam ses « exigences de base », comme rehausser la consultation de référence « au niveau de l’inflation, à 30 euros ». Mais « il est hors de question de lier cette augmentation à une quelconque contrainte, c'est une remise à niveau », martèle Agnès Giannotti. Le syndicat souhaite aussi valoriser les actes complexes – 60 euros pour une consultation longue pour les patients en ALD – ou augmenter le forfait patientèle médecin traitant (FPMT).

Le 15 décembre dernier, en séance plénière, les partenaires conventionnels se sont déjà accordés pour valoriser automatiquement l'activité de médecin traitant en zone d'intervention prioritaire (ZIP) via une majoration de 30 % du FPMT. Cette revalo concernerait aussi les nouveaux installés en libéral pendant trois ans, si l’installation a lieu dans les trois années post-DES. En moyenne, le FPMT des généralistes a oscillé entre 14 000 et 15 000 par an ces dernières années. « Il faut des revalorisations ciblées sur la fonction du médecin traitant, pour redonner de l’attractivité à la profession, donner envie aux jeunes de nous rejoindre », fait valoir Agnès Giannotti.

« Nous avons passé le même message à l’Élysée, à Matignon, à François Braun et à la Cnam ! Désormais la balle est dans leur camp », avertit la présidente de MG France. Le syndicat attend des engagements rapides, dès la semaine prochaine. À défaut, avertit Agnès Giannotti, « si ça tourne au vinaigre, nous reprendrons notre mobilisation de manière très forte ».


Source : lequotidiendumedecin.fr