Économies, recettes : le « monsieur santé » de Benoît Hamon sort sa calculette

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Publié le 06/04/2017
Alfred Spira

Alfred Spira
Crédit photo : Phanie

Invité par le CNPS (libéraux de santé) dans le cadre de l'élection présidentielle, le Pr Alfred Spira, référent de Benoît Hamon, a apporté un éclairage financier sur le programme du candidat socialiste, estimant que les « économies potentielles » dans le secteur de la santé avoisinaient les trois milliards d'euros par an.

L'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) serait porté à 2,5 % au cours des cinq prochaines années. « Nous avons connu un ONDAM extrêmement bas au cours du dernier quinquennat, ce qui à la fois a fait baisser le déficit de l'assurance-maladie, mais a creusé celui des établissements », a-t-il résumé.

Numérique et ambulatoire en renfort 

Plusieurs gisements d'économies ont été évoqués. « La meilleure efficacité des dépenses hospitalières, basée sur l'accélération du numérique, représente 800 millions d'euros », estime le Pr Spira. La renégociation des emprunts bancaires des hôpitaux, actuellement à 3 %, permettrait d'épargner 100 millions d'euros. Il table également sur la poursuite du virage ambulatoire (500 millions) et le renforcement des soins à domicile.

Une action forte sur les prix des produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux) et le déploiement des génériques pourraient procurer environ 1,5 milliard par an. « Les économies potentielles sont d'à peu près trois milliards d'euros annuels. C'est l'objectif que l'on se fixe. »

Taxe sur l'alcool et… le cannabis

En revanche, la suppression totale des franchises coûterait près d'un milliard d'euros dès 2018 (1,5 milliard à partir de 2020). Le plan de revalorisation des carrières hospitalières est estimé à un milliard dès 2018 (deux milliards par an à partir de 2021). Le remboursement de la pratique sportive pour les patients chroniques s'élèverait à 500 millions par an. En médecine libérale, les nouvelles aides à l'installation dans les zones sous-dotées sont évaluées à 87 millions par an. « Les dépenses nouvelles seront d'environ deux milliards d'euros à partir de 2018 et 3,5 milliards en 2020. Entre les économies et les dépenses nouvelles, on arrive à équilibrer le système », affirme le Pr Spira.

Parmi les recettes nouvelles envisagées figurent la lutte contre la fraude sociale (un milliard par an) et l'augmentation des taxes sur la publicité de l'alcool (70 millions d'euros par an). « Et nous continuerons à augmenter le prix du tabac à raison de 10 % par an, ce qui peut rapporter 7 milliards d'euros. Enfin si le cannabis est légalisé, il y aura très probablement des taxes. »


Source : lequotidiendumedecin.fr