En écho au plan de lutte contre les déserts médicaux présenté le 13 octobre par Agnès Buzyn, l’agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur et les médecins libéraux de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) ont signé la semaine dernière un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) qui définit les priorités pour la médecine de ville de la région sur trois ans.
« Les projets que nous avons décidé de mettre en avant correspondent aux réalités locales, a indiqué Claude d’Harcourt, directeur de l’ARS PACA. Nous avons des atouts que d’autres régions n’ont pas mais nous devons anticiper l'avenir. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons conduire une politique commune avec la médecine de ville et la sécuriser dans le cadre opérationnel et financier d'un CPOM. » Coût du plan d'action : 370 000 euros subventionnés par l'ARS la première année.
L'élaboration de cette nouvelle feuille de route se fonde sur un diagnostic des forces en activité, via la création d'un observatoire régional de l’accès aux soins libéraux, présenté comme un GPS permettant d'orienter les médecins dans leur installation… De préférence là où les besoins de santé se font sentir.
Sortir les praticiens de l'isolement
La tutelle régionale et les libéraux misent sur le développement de l'exercice coordonné autour de cinq axes : les communautés professionnelles des territoires de santé (CPTS), les protocoles de coopération, l’accompagnement des projets ambulatoires, la promotion de l’exercice libéral en maison et pôles de santé, sans oublier le développement de la télémédecine.
« Nous travaillons sur l’exercice coordonné pour sortir les médecins de l’isolement, commente le Dr Laurent Saccomano, président de l’URPS médecins libéraux. Deux projets sont particulièrement avancés : la création d'une maison médicale de garde sur les sites de l'hôpital de la Timone et de l’hôpital Laveran. Nous voulons les mettre en route très rapidement car nous connaissons les problèmes d’accès aux urgences à Marseille. »
Le premier projet de télémédecine dans les tuyaux est de la télé-expertise en dermatologie, qui devrait permettre aux généralistes d’adresser aux dermatologues des clichés de leurs patients pour avoir un avis dans la foulée. Un autre dispositif de partage de données de santé avec les ophtalmologistes est envisagé. L'enjeu est toujours le même : réduire le temps d'accès à la médecine spécialisée.
Le développement de plateformes territoriales d’appui (guichet unique) est privilégié afin d'apporter un soutien rapide aux médecins traitants confrontés à des situations et parcours de santé complexes, en particulier sur le plan médico-social.
Un autre volet du plan vise à flécher les internes vers l'exercice libéral en zone fragile. L'URPS et la tutelle sanitaire espèrent convaincre le doyen de la faculté de médecine de la nécessité d'augmenter le nombre de postes de maîtres de stage en gériatrie et en médecine générale.
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