À la retraite depuis deux ans, le Dr Jean-Claude Mesdom, 67 ans, sera le héros d'un documentaire diffusé ce mercredi soir à 23 h 05 sur la chaîne ARTE. « Journal d'un médecin de ville », tel est le nom de ce format long de 56 minutes, réalisé par son fils, Nicolas Mesdom.
Installé dans un cabinet de groupe depuis 1984 à Romainville (Seine-Saint-Denis), le Dr Mesdom s'apprêtait à passer la main à un jeune confrère. Durant les six derniers mois d'installation en 2019, et à raison de 2 jours par semaine, le généraliste a accepté que son fils assiste aux consultations et filme son quotidien avec ses patients. « Je voulais montrer l'intensité de ce qui se passait dans un cabinet médical, l'engagement de mon père auprès des patients. Petit, il en parlait, et avec mes frères à la maison nous sentions qu'il était habité par ses patients auxquels il était très attaché. Dès le début du tournage, j'ai senti qu'il avait un rapport extrêmement fort et bouleversant avec les patients », confie-t-il au « Quotidien ».
Désert médical
Au fil des patients qui se succèdent, la caméra montre les souffrances des personnes isolées, la dureté du monde du travail, les dysfonctionnements de l'hôpital, les déboires des plus âgés face au tout numérique… Au milieu de ce chaos, le médecin est la personne de confiance dans les moments de détresse.
« Je ne voulais pas faire un film partisan mais montrer l'étendue de la complexité du rôle d'un médecin de famille. Et on voit que le jugement du généraliste est constamment en jeu, se réinvente d'une consultation à l'autre et c'est extrêmement délicat », raconte Nicolas Mesdom. Mais en voyant 40 patients par jour, « ce jugement est mis à mal », ajoute-t-il. Le film pose clairement la question alarmante de la désertification médicale. « Les patients dans les territoires où les consultations sont saturées peuvent-ils bénéficier de la même écoute ? », s'interroge le réalisateur.
Contacté par le « Quotidien », le Dr Jean-Claude Mesdom a reconnu modestement que ce documentaire était « un beau cadeau de départ à la retraite » de la part de son fils. « Le message est humain. Il a voulu montrer la disparition de la pratique d'une médecine où il y avait plus de disponibilités pour les patients. Les jeunes médecins moins nombreux ne veulent plus vivre sous pression et je pense qu'ils ont raison pour se protéger. Être là pendant 35 ans et suivre une patientèle avec plusieurs générations, est-ce qu'il faut le faire ? C'est compliqué », reconnait-il. Le médecin, désormais retraité, ne regrette rien. « Quand je suis parti, j'avais l'impression de déposer un sac de 40 kg. Il y avait une saturation importante, même si j'étais embêté pour les patients », souffle-t-il.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre