« J’AI BIEN CONSCIENCE que c’est une question de confiance qu’il faut traiter… ». Propulsé aux manettes d’un superministère santé/social, et confronté sitôt sa nomination au scandale du Mediator, Xavier Bertrand sait que 2011 s’annonce comme une année particulièrement délicate, où il sera jugé « sur les résultats ».
Les fronts sont multiples. En présentant ses vœux à la presse, le ministre s’est employé à montrer méthodiquement que sa détermination serait sans faille sur tous les dossiers. Chômage, médicament, pharmacovigilance, expertise, prévention des conflits d’intérêt, médecine de proximité ou encore médecine du travail (lire ci-dessous) : le message se voulait le même. Il sera au rendez-vous même s’il ne souhaite pas « confondre vitesse et précipitation ».
En cette « année des patients », Xavier Bertrand se défend d’être (d’abord) l’homme de la reconquête des médecins libéraux, missionné par Nicolas Sarkozy. « Quand je suis arrivé au ministère de la Santé, j’ai entendu dire "tiens les médecins vont avoir leur ministre". Non ! Les patients vont avoir leur ministre », plaide Xavier Bertrand, parfois accusé d’une grande proximité avec certains syndicats, et en particulier la CSMF.
Signaux d’alerte.
Sans surprise, une large part de son intervention a été consacrée au « drame du Mediator ». Une affaire qui commande des « mesures radicales, fortes et rapides », martèle le ministre dans les pas de Nicolas Sarkozy. « A la fin du premier trimestre », le gouvernement fera connaître ses décisions (dont certaines s’intégreront dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale). La police du médicament, le système de pharmacovigilance « doivent être rebâtis » afin, là encore, de restaurer la confiance. La place donnée à l’expertise « n’a pas donné toutes les garanties », ajoute-t-il.Les spécialités sous surveillance, le suivi de certaines classes thérapeutiques, les effets secondaires, le rapport bénéfices/risques ? Le ministre fera le point « dans une semaine » sur ces sujets majeurs, qui engagent la crédibilité de notre politique du médicament. Au-delà, plusieurs champs d’action sont confirmés : la refonte de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), la révision du système d’alerte mais aussi les procédures d’autorisation de mise sur le marché (AMM) et de retrait.
Dans l’immédiat, le ministre, qui sera auditionné en février par la mission parlementaire sur le Mediator, se veut exemplaire sur la prévention des conflits d’intérêt. Tous les membres de son cabinet ministériel (et de celui de Nora Berra) ont rempli une déclaration d’intérêt en ce sens. Dans le cadre de cette opération « transparence », son conseiller pour les affaires hospitalo-universitaires et la recherche, PU-PH, s’est engagé à quitter les fonctions administratives qu’il exerçait jusqu’alors en tant que chef du service de pharmacologie au CHU de Rouen et directeur de l’unité INSERM U644.
Étrennes.
S’agissant du système de santé, Xavier Bertrand a mis l’accent sur les défis de l’accès aux soins « encore et toujours » et de la juste répartition des médecins, mais sans préciser ses intentions. Une vaste concertation a été engagée en janvier sur la médecine de proximité, dans les rails du rapport d’Elisabeth Hubert. Elle aboutira sur des mesures « simples et rapides ». Des réunions sont programmées sur la démographie et sur la simplification administrative. Les médecins « ont besoin de considération et de regagner du temps médical », a admis le ministre. Les nouvelles négociations conventionnelles ? Elles s’engageront « le plus rapidement possible », probablementdans la foulée des résultats de l’enquête de représentativité syndicale, attendus en février (lire page 3).
Reste que la profession a des doutes croissants sur les marges de manœuvre financières en 2011. L’investissement sur les soins primaires sera-t-il au rendez-vous ? La réforme de la rémunération devra-t-elle se faire à moyens constants ? Dans ses vœux aux acteurs de santé, Nicolas Sarkozy a insisté sur le périmètre de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) « qui sera strictement respecté » cette année et en 2012.Devant les journalistes, Xavier Bertrand n’a pas dit autre chose. Les Agences régionales de santé (ARS), en plus de faciliter l’accès aux soins, doivent « aider à tenir l’ONDAM », a martelé le ministre.« On nous souhaite une bonne année mais sans étrennes », persifle un leader syndical.
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