Coopérations interprofessionnelles

La délégation de tâches, ça marche aussi en médecine générale

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Publié le 15/03/2018
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Prendre en charge davantage de patients dans de meilleures conditions en transférant certains actes. C'est la promesse de la délégation de tâches, déjà en œuvre dans les spécialités techniques (radiologie, ophtalmologie), mais rare en médecine générale.

La dernière émission de la CSMF « Planète médecins » s'est penchée sur ce sujet. À Bréhan (Morbihan), le Dr Nicolas Thual exerce seul dans un double cabinet au sein d'une maison de santé. Cet aménagement permet à son assistante médicale d'ouvrir le dossier du patient, de le peser et le mesurer, avant que le médecin arrive dans la salle d'examen. Une délégation maison en quelque sorte… « Le médecin se concentre sur le médical et n'est plus parasité par l'administratif », indique l'assistante interrogée par la CSMF. 

Quant aux vaccins, ils sont administrés à quelques mètres seulement de la MSP dans un cabinet d'infirmiers. Un logiciel leur permet de compléter le dossier patient, avec les injections réalisées. Certains appels pour gérer les dosages médicamenteux sont également transférés  aux infirmiers. « On a protocolisé tout ça, le médecin a juste à contrôler les taux sur le dossier et à vérifier la modification donnée par l'infirmier », indique le Dr Thual. Cette organisation lui permet de recevoir jusqu'à 70 patients par jour, et d'augmenter de 30 % la capacité d'accueil de son cabinet.

Ce mode de fonctionnement reste inhabituel chez les médecins de famille. « Ce n'est pas dans notre culture et c'est une contrainte immobilière importante si chaque médecin doit avoir deux cabinets, analyse le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. C'est rare mais c'est une voie d'avenir. » Selon le généraliste de Mayenne, ce modèle pourrait se mettre en place avec des paramédicaux « pour des patients chroniques », comme c'est le cas à l'étranger avec les infirmières en pratique avancée ou cliniciennes (lire aussi pages 2 et 3). Reste à définir le financement et la tarification. « Nos modes de rémunération ne sont pas forcément adaptés, concède le Dr Duquesnel. Nous devons réfléchir à des forfaits ou des rémunérations conjointes entre un médecin et une infirmière »

 

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9648