Ils se définissent comme des praticiens en médecine chinoise et en luxopuncture – de l'acupuncture sans aiguilles – mais sont poursuivis pour exercice illégal de la médecine et usurpation du titre de médecin. La semaine dernière, six personnes ont été jugées à ce titre devant le tribunal correctionnel de La Rochelle, à la suite de plaintes de l’Ordre des médecins et du Syndicat national des médecins acupuncteurs de France, relate le quotidien « Sud Ouest » qui a assisté à cette audience très particulière.
« Le sentiment d'être dans les règles »
Dans le viseur de la justice, cinq femmes et un homme « aux profils bien différents », auparavant directrice commerciale, ingénieure chimiste, cadre chez Renault, conseillère en insertion professionnelle et coiffeuse, avant de changer de voie. « En roublard, le président tente bien de leur faire dire le mot de trop, patients, traitement, consultation, de les interroger sur les effets procurés par leur savoir-faire, mais aucun ne tombe dans le piège », raconte le quotidien régional. Les prévenus, au casier judiciaire vierge et confrontés pour la première fois à la justice, ont décidé de pratiquer la médecine chinoise ou la luxopuncture « par passion », « avec le sentiment d’être dans les règles ».
Sur ces bases, les juges ont essayé de distinguer « le médical de ce qui ne l’est pas » et de comprendre ce que sont « les méridiens, les points d’énergie, les points de réflexe ». « La frontière est mince entre la médecine et le bien-être, reconnaît une prévenue. On doit faire très attention aux termes qu’on utilise. »
« Pas des charlatans »
La luxopuncture – qui mobilise des stylets à infrarouge à la place des aiguilles – est questionnée par le tribunal. Sur les 2 000 centres en France, « il n’y a qu’en Charente-Maritime que la justice s’est intéressée à cette pratique récente », indique « Sud-Ouest ». Les juges ont mis à part la médecine traditionnelle chinoise, où l’acupuncture « avec aiguilles » bénéficie d’une « tolérance », selon ses promoteurs. « J’ai passé une formation qui a duré cinq ans et qui pouvait être prise en charge par Pôle emploi », souligne le prévenu dont la plupart des clients « sont envoyés par des médecins ».
« Vous n’êtes pas des charlatans », a reconnu le procureur, qui a en revanche considéré que tous sont coupables « d’avoir usurpé le titre de médecin ». En juillet 2021, le tribunal de Saintes avait condamné deux acupuncteurs pour les mêmes raisons.
5 000 euros d’amende avec sursis et l’interdiction d’exercer l’acupuncture ont été requis pour les deux adeptes de la médecine chinoise. Le sort des quatre luxopuncteurs a été laissé à l’appréciation du tribunal, en préconisant des amendes de 1 000 à 3 000 euros pour l’usurpation de titre. Les avocats de la défense plaident la relaxe, ou au moins une dispense de peine. Le jugement a été mis en délibéré au 3 mars.
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