IL Y A SEPT semaines, dans nos colonnes, les médecins donnaient pour la première fois leurs faveurs à un candidat de gauche plutôt qu’à un candidat de droite : ils se disaient prêts, pour 36 % d’entre eux, à voter Dominique Strauss-Kahn lors du premier tour de la prochaine élection présidentielle (sondage IFOP pour « le Quotidien » publié le 4 avril). Il semble aujourd’hui qu’ils vont devoir changer leur fusil d’épaule… Vers qui vont-ils se tourner ? Les enquêtes déjà parues sur les intentions de vote des Français dans l’hypothèse d’un scrutin sans DSK montrent que la disqualification avant l’heure de l’ex-patron du Fonds monétaire international ne nuit pas a priori aux chances d’un candidat socialiste de l’emporter en 2012 : selon une étude d’opinion de CSA pour BFM-TV, RMC et 20 Minutes publiée mercredi dernier, si le scrutin se jouait maintenant, François Hollande et Martine Aubry seraient qualifiés pour le second tour face à Nicolas Sarkozy – Ségolène Royal, en revanche, serait éliminée au premier tour.
Dans le sondage du « Quotidien », les médecins n’étaient plus que 24 % à choisir le candidat socialiste dans l’hypothèse où ce celui-ci n’était pas DSK mais Martine Aubry – Nicolas Sarkozy repassait alors en tête avec 37 % d’intentions de vote ; l’option « Hollande » n’avait pas été étudiée… Bien que les ressorts du vote des praticiens libéraux aillent évidemment bien au-delà des promesses d’un candidat relatives à leur vie professionnelle, on peut constater que sur les questions de santé – et en particulier sur un point aussi crucial que l’installation –, Dominique Strauss-Kahn et ses lieutenants pouvaient se démarquer, à l’intérieur du Parti socialiste, par des positions tempérées.
Le projet socialiste adopté.
Pour l’heure, le « projet socialiste pour 2012 » a été adopté, vendredi dernier, à 95,14 % par les militants du PS, 74 500 militants ayant voté, sur un total de près de 150 000 inscrits. Le texte ainsi plébiscité place la santé « au cœur des priorités » du parti de Martine Aubry, au même rang que l’école et la sécurité. Parmi les grandes intentions affichées par le PS en santé : le « rétablissement » de l’égalité (territoriale et financière) de l’accès aux soins, la place restaurée de l’hôpital public (avec correction des « effets pervers » de la tarification à l’activité et mise en place de « coopérations structurées » avec la médecine de proximité), le dégagement par l’État des « moyens matériels et humains nécessaires pour répondre aux besoins de santé du pays »…
Le Parti socialiste propose par ailleurs dans son projet un « nouveau pacte aux professionnels de santé », lequel passe par une généralisation progressive du paiement au forfait pour les soins de premier recours, le développement des maisons pluridisciplinaires… Le PS annonce par ailleurs noir sur blanc son intention de mettre « en place une régulation de l’installation des médecins, en demandant aux jeunes médecins d’exercer dans une zone de santé prioritaire pendant les premières années à la sortie des études ». Autre cheval de bataille, les dépassements d’honoraires : « Alors qu’ils n’ont cessé de progresser au cours des dernières années, (ils) seront strictement encadrés. Nous lutterons contre les refus de soins des bénéficiaires de la CMU et de l’aide médicale d’État par des campagnes de testing et la pénalisation de telles pratiques. »
Ainsi que le rappelle Claude Pigement, ancien « monsieur santé » du PS (lire ci-dessous), ces mesures sont « un socle » qu’interprétera, le moment venu, le candidat issu des primaires. Martine Aubry n’en fera pas le même usage que François Hollande, Ségolène Royal… ou tout autre prétendant. Le ralliement aux unes ou aux autres des fidèles de Dominique Strauss-Kahn (voir encadré) aura aussi son influence. Sur des sujets comme la liberté d’installation, dès les grandes lignes du projet connues, on les a déjà vus monter au créneau pour rassurer les jeunes médecins (« le Quotidien » du 15 avril). On peut imaginer qu’ils récidiveront, même privés de leur chef.
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