À quelques jours de la remise du rapport Braun sur la crise des urgences, le Conseil départemental de Mayenne a décidé de couper l’herbe sous le pied du gouvernement Borne en publiant, ce lundi, 30 actions « concrètes » pour améliorer l’accès au soin et renforcer l’attractivité médicale. La Mayenne « n’a pas attendu que l’État se saisisse de la problématique pour réfléchir », lance le département.
Entre février et mars dernier, département, agence régionale de santé, Ordre des médecins, citoyens et professionnels de santé s'étaient réunis pour fonder les « États généraux de la santé » en Mayenne. Ils présentent désormais le fruit de ces concertations, un plan aux petits oignons pour médecins et carabins.
2,5 millions d'euros
Dans ce département qui figure en bas de classement en termes de densité médicale, « Le Quotidien » avait suivi, en mars dernier, une réunion publique à Laval, où une centaine d’administrés et une poignée de médecins étaient présents. Les questions des délais d’attente interminables pour les rendez-vous de spécialistes et des généralistes qui ne prennent plus de nouveaux patients avaient été notamment soulevés. « Un peu plus de 10 % des Mayennais sont sans médecin traitant », rappelait alors Olivier Richefou, le président du conseil départemental.
Désormais, le Mayenne n'en peut plus d'attendre. « Il n'est plus possible de tout miser sur les mesures prises au niveau national, d'autant qu'elles mettent en moyenne dix ans avant de produire leurs effets », analysait Olivier Richefou. Trois mois plus tard, le plan d’action est prêt, chiffré à 2,5 millions d’euros pour 2022.
Délégation de recrutement
Premier axe d’attractivité développé en Mayenne : décharger les confrères de l’administratif. Une arlésienne pour « augmenter le temps médical des médecins mayennais », détaille le bilan des États généraux. Ainsi, pour espérer soutenir le déploiement des assistants médicaux, le conseil départemental va désormais prendre en charge 50 % des travaux de cabinet pour accueillir ces assistants, avec une subvention plafonnée à 20 000 euros. Au total, la Mayenne mettra ainsi 200 000 euros au pot pour « réduire les freins à l’embauche d’un assistant médical », dès 2023.
Dans la même veine, le recrutement de personnels administratifs ou paramédicaux pour les cabinets, pourra être délégué à un groupement d’employeurs, qui gérera directement les congés ou les paies des salariés.
Former les IPA
Dès juin 2023, la Mayenne compte également faire naître des « centres départementaux de médecine et de santé de proximité », dans les zones en difficulté « quand l’initiative privée manque ». En partenariat avec un groupe privé, l’ensemble des postes administratifs seront pris en charge et le secrétariat centralisé. Coût de la mesure : 250 000 euros.
Déjà abordé lors des réunions publiques, le développement des infirmières en pratique avancée (IPA), est évidemment l’un des points majeurs du projet mayennais. Dès janvier, le département souhaite financer une partie des frais de formation des IPA « contre un exercice de cinq ans en Mayenne ». Toutefois, face à l’« appréhension de la profession par les médecins et les patients », la Mayenne sait que cette mesure ne relèvera pas de la recette miracle, et craint notamment d’être limitée par le faible nombre d'IPA formées chaque année.
Rénover les internats
Au fil des propositions, les solutions se relèvent parfois très terre à terre. Par exemple, alors que l’hôpital de Laval est difficilement accessible depuis la gare, le département devrait « adapter les horaires des TER » pour les hospitaliers. Pour les carabins, la mise à disposition de véhicules électriques en autopartage sera expérimentée dès septembre prochain.
En concentrant une dizaine d’actions directement vers juniors, le Conseil départemental semble avoir entendu les nombreux appels du pied formulés par les syndicats d’internes. Dès cet été, le Mayenne financera à hauteur d’un million d’euros « la (re)construction ou l’extension d’internats dans les hôpitaux ».
Et pour les carabins qui réalisent des stages en zones rurales ? Là encore, la Mayenne a la solution : la mise à disposition de Tiny House, ces petites maisons mobiles ! La mesure chiffrée à 100 000 euros devrait apporter « une solution immédiate » et « lever les freins aux stages d’internat en zone rurale », assume le Conseil départemental.
Bourse lycéenne
Mieux encore : dès cet été, les lycéens pourront prétendre à une bourse de 20 000 euros pour financer leurs études de santé. Un coup de pouce qui existait déjà mais qui sera étendu. « Rendre accessible les études en santé aux lycéens mayennais » est un « des déterminants à l’installation est d’exercer dans son département d’origine », affirme le conseil départemental.
Plus globalement, des actions de prévention à destination de la population seront mises en place. Dès l’été, des campagnes d'éducation seront déployées, avec pour but de « réduire le recours non nécessaire aux soins ». Premiers thèmes abordés : la tuberculose et les rendez-vous non honorés.
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