Les femmes médecins perçoivent des revenus inférieurs de 36 % à ceux de leurs confrères libéraux, selon la Carmf

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Publié le 27/12/2022

Crédit photo : Phanie

Si la féminisation de la profession s’accélère, les revenus des femmes exerçant la médecine libérale, eux, ne suivent pas, note la Carmf dans son dernier rapport publié mi-décembre. Pire, « toutes catégories d'âge confondues, les femmes perçoivent des revenus inférieurs de 36 % à ceux des hommes », souligne la caisse, selon la moyenne des bénéfices non commerciaux (BNC) des libéraux enregistrés mi-octobre.

Dans le détail, le BNC - médian cette fois-ci - des femmes médecins s’élevait à 61 947 euros en 2021, contre 92 099 euros pour leurs confrères masculins, toutes spécialités confondues. Aussi, si la moitié des libéraux affichent un BNC moyen supérieur à 90 000 euros annuels, les trois quarts des consœurs se situent, elles, en dessous de cette somme.

L’écart se creuse avec l’âge

Les 43 % de libérales femmes sont plus jeunes que leurs confrères, avec un âge moyen chez les cotisantes de la Carmf de 47,65 ans, contre plus de 55 ans pour les hommes. Cette jeunesse peut-elle - à elle seule - expliquer les différences de revenus ? Non, si l'on en croit la répartition des BNC par tranche d’âge. Ainsi, chez les jeunes médecins de 30 à 34 ans, les femmes touchent encore 25 % de moins que les hommes.

Néanmoins, plus les praticiens avancent en âge, plus l'écart se creuse entre les genres. Selon la Carmf, une cotisante de 45 ans touchait en 2021 un BNC moyen de 86 373 euros, contre près de 137 000 pour un confrère du même âge, soit près de 37 % de moins !

Des choix de spés moins rémunératrices ?

Si la différence d’âge entre les hommes et les femmes peut, en partie, expliquer cette discrimination, le choix de la spécialité pèse également dans la balance. « Les femmes privilégient certaines spécialités comme la pédiatrie », note la Carmf, qui cite également la psychiatrie ou la gynécologie médicale. Trois spécialités qui, tout secteur confondu, ont généré respectivement 74 492 euros, 72 597 euros et 58 350 euros de BNC en 2021.

À l’inverse, « les femmes semblent proportionnellement moins intéressées par la chirurgie, spécialité dans laquelle 310 hommes ont débuté leur exercice entre juillet 2021 et juin 2022, et où les femmes n’ont été que 117 », détaille la Carmf. En libéral, le BNC moyen des chirurgiens pour 2021 s'élève à 145 109 euros annuels.

« Elles sont également moins présentes en anesthésie réanimation, répartie en 224 hommes et 96 femmes, ou en radiologie imagerie médicale, avec 233 hommes pour 153 femmes », poursuit encore la caisse. En 2021, l’anesthésie réanimation fait partie des spécialités libérales les mieux rémunérées, avec un BNC moyen de 167 539 euros, 117 090 euros pour la radiologie.

Au-delà des différences d’âge et de spécialité, le volume d’actes effectués, le temps passé en consultation ou encore les horaires de travail pourraient également expliquer ces disparités de revenus entre hommes et femmes.

Les consœurs ont mieux résisté à la crise

Bonne nouvelle toutefois pour les consœurs, elles ont mieux résisté à la crise Covid. Ainsi, « pendant que les BNC des hommes baissaient de 6 % environ entre 2019 et 2020, celui des femmes ne perdait que 3,7 % », souligne la caisse. Entre 2019 et 2021, les revenus d’activité libérale des femmes augmentent d’ailleurs plus vite que celui des hommes, +6,29 %, contre +2,24 %.

Cette disparité de revenus inquiète la Carmf… pour ses caisses ! « La féminisation de la profession a des conséquences sur la retraite de l'ensemble des médecins. Comme les cotisations sont pour la plupart proportionnelles aux revenus, la baisse envisageable des montants encaissés modifiera durablement le financement des retraites », fait valoir la Carmf, qui anticipe soit davantage de cotisants « afin d’obtenir le même niveau d’encaissement qu’auparavant » soit une revalorisation des honoraires.


Source : lequotidiendumedecin.fr