Qu'on se le dise : s’il est réélu, Emmanuel Macron fera de l'accès aux soins un « chantier majeur » de son deuxième mandat. Pour assurer le service avant vote de son programme, les trois référents santé du candidat – Pascale Mathieu (présidente de l'Ordre des kinés), le Dr François Braun (urgentiste, président de Samu-Urgences France) et le Dr Sébastien Mirek (anesthésiste-réanimateur au CHU Dijon) – ont levé un coin du voile sur les priorités et surtout la « nouvelle méthode » pour réformer le secteur, lors d'une table ronde organisée par le cabinet Nile Consulting.
Sans tabou
Emmanuel Macron a déjà promis, s'il est réélu, d'organiser très rapidement une « grande conférence des parties prenantes », associant professionnels de santé, collectivités locales et représentants des usagers pour débattre « sans tabou » des objectifs et des évolutions du système de santé (en particulier sur l'accès aux soins).
Au-delà des mots, il s'agira bien d'un « changement de méthode », assure le Dr François Braun, l'État se contentant de fixer « un cadre, le cap et la direction », les solutions étant bâties par les acteurs locaux. « On met tout sur la table et, avec la boîte à outils, aux acteurs de décider comment ils comptent l'utiliser en fonction des besoins du territoire ! Pour la mise en œuvre, on fera confiance au terrain. »
Assistants, infirmiers salariés
De fait, en matière de lutte contre la pénurie médicale, il existe « une palette d'outils », plus ou moins incitatifs et directifs. L'embauche aidée par la Sécu d'assistants médicaux fait partie de la panoplie. « Il y a environ 3 000 contrats signés. Il faut aller plus loin », illustre le Dr Sébastien Mirek, sans préciser comment ce système sera assoupli. Les nouveaux métiers de soutien et les nouveaux modes d'exercice sont au programme. Le référent santé évoque déjà « l'embauche d'infirmiers salariés subventionnés par l'Assurance-maladie en appui des médecins dans les zones sous-dotées ».
Alors que près de 10 % des Français n'ont pas de médecin traitant, une autre promesse d'Emmanuel Macron consiste à permettre aux assurés de désigner des pharmaciens et des infirmiers « référents ». Ces professionnels de santé pourraient assurer « certains actes simples du quotidien », comme les « renouvellements d'ordonnances », « avec des protocoles », « des arbres décisionnels », pour ne plus avoir à attendre des mois pour un rendez-vous chez un généraliste, explicite le Dr Sébastien Mirek, au nom d'Emmanuel Macron. « Ces professionnels viennent en complément dans les territoires qui en ont besoin et on laisse les acteurs s'organiser », affirme-t-il encore.
Dans ce contexte, la régulation n'est plus écartée par le candidat, qui a déjà envisagé un conventionnement sélectif en zone surdotée, en présentant son projet présidentiel à la presse, le 17 mars. Mais pas de modèle unique en vue. « Ce qu'on fera à Bordeaux n'est pas ce qu'on fera dans la Meuse ou en Bretagne, explique encore son référent santé. Il y a des besoins, des responsabilités qu'on partage entre soignants, patients, élus pour répondre aux besoins. L'État devra s'assurer in fine qu'il y a une équité face à la santé et aux soins, il n'y aura pas une décision unique. »
« Aller vers »
Concernant l'hôpital, le Dr Braun affirme la volonté de poursuivre les chantiers lancés (investissement, organisation, rémunération et financement). La refonte en cours aux urgences est mise en avant. « Nous travaillons avec le ministère sur un trépied, dit-il. Un financement populationnel qui répond aux besoins, un financement à l'activité et un financement à la qualité et à la pertinence. »
Mais une autre promesse est aujourd'hui faite aux blouses blanches des établissements : pour supprimer les contraintes administratives qui représentent « jusqu'à 50 % » des actes des hospitaliers, une task force sera chargée d'identifier les tâches « inutiles aux besoins de santé d'un territoire ». « Il faut un choc de simplification au niveau de l'hôpital et une gouvernance plus médicale », résume le référent santé, une promesse portée par de nombreux candidats.
Dans la lutte contre les inégalités de santé, la prévention serait désormais prioritaire. Selon Pascale Mathieu, autre experte santé du candidat Macron, le locataire de l'Élysée souhaite mettre l'accent sur la santé des enfants, des femmes et des patients chroniques. Tirant les leçons du Covid, « nous souhaitons déployer la politique du aller vers qui a bien fonctionné », précise-t-elle. Chez l'enfant par exemple, « on souhaite s'assurer de la bonne réalisation des examens de santé et des examens de santé bucco-dentaire ». Sur la santé des femmes, « il y aura une montée en puissance du dépistage du cancer du col de l'utérus, du cancer du sein ou des maladies cardiovasculaires ».
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