Pendant plusieurs semaines, l’escroquerie, semble-t-il bien rodée, était passée sous les radars de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM). Un pharmacien parisien a été mis en examen mi-décembre, puis écroué, pour avoir facturé à la Sécu des millions de tests antigéniques fictifs (prétendument vendus à des professionnels de santé), rapporte le « Canard enchaîné ». Le préjudice s’élèverait à 18 millions d’euros.
Entre septembre et décembre 2021, ce pharmacien de 46 ans – propriétaire d'officines dans le XIe et XVIIIe arrondissement – aurait déclaré à la caisse primaire avoir délivré à des professionnels de santé (médecin, infirmières, etc.) plus de 3 millions de tests en réalité fantômes. Les investigations ont débuté après qu'un médecin a lui-même découvert qu'il avait acheté à son insu des milliers de tests… « Des médecins nous ont dit ne pas connaître le pharmacien », rapporte une source proche du dossier à l’AFP.
La CPAM aurait donc saisi le parquet de Paris après « avoir constaté des pratiques frauduleuses de facturation à l'Assurance-maladie de commandes de tests antigéniques non délivrées » aux médecins.
« Trahir son serment de pharmacien est inexcusable »
Pour parfaire son arnaque, le pharmacien aurait fabriqué de faux bons de commande et gonflé également le nombre de tests réalisés dans son officine. « On doit encore comprendre le mécanisme des remboursements par la CPAM , a souligné la même source. Des transporteurs ont été missionnés, des commandes (de tests) ont pu être livrées, d'autres non ou à d'autres personnes ».
L’escroquerie a fait réagir Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « En période de guerre sanitaire, plus que jamais, trahir la confiance des patients, trahir son serment de pharmacien est inexcusable », s’est ému sur Twitter le pharmacien de Limoux.
800 000 euros en liquide
Le pharmacien quadragénaire a été mis en examen le 17 décembre par un juge d'instruction parisien pour escroquerie et blanchiment en bande organisée, et pour faux et usage de faux. Il a ensuite été placé en détention provisoire.
Cerise sur le gâteau : le pharmacien stockait 800 000 euros en liquide dans l'une de ses officines, selon les constatations des enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) de la police judiciaire de Paris.
Selon « Le Parisien », un mécanisme de fraude similaire aurait été utilisé par un pharmacien du XVIIIe arrondissement parisien, pour un montant de 4 millions d’euros en dix mois.
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