Un médecin généraliste - désormais retraité - et une de ses patientes ont été condamnés le 13 janvier par le tribunal correctionnel de Limoges pour délivrance et obtention d’ordonnances de complaisance, révèle le « Populaire du Centre ».
Le généraliste a notamment été reconnu coupable d’abus et de prescription non conformes, après avoir délivré pendant deux ans des ordonnances de tramadol et de benzodiazépines à une femme, qui prétendait que les médicaments étaient pour son mari. Le médecin traitant a ainsi été condamné à 10 000 euros d’amende et 2 000 euros supplémentaires avec sursis, « après plusieurs années d’enquête », indique le journal régional.
Une ordonnance tous les six jours
Les soupçons démarrent en 2018. Un quadragénaire consulte son compte Ameli et découvre par surprise que des consultations - ainsi que des délivrances de médicaments - lui ont été facturées, sans pour autant qu’il n’y ait eu recours. L’homme mène l’enquête et fait le tour des officines pour récupérer des copies des prescriptions à son nom. Au total, il retrouve 37 ordonnances et accuse son ex-femme d’avoir usurpé son identité pour obtenir des médicaments. Il porte plainte.
L’enquête montre ensuite, qu’entre 2016 et 2018, l’ex-femme du patient se rendait régulièrement chez son généraliste, réclamant des prescriptions au nom de son mari - atteint d’une rectocolite hémorragique - et présentant la carte Vitale de ce dernier. « Entre octobre 2016 et juin 2018, 115 ordonnances ont été délivrées, soit une ordonnance tous les six jours », détaille le « Populaire du centre ». Des prescriptions d’antalgiques de pallier II, dont du tramadol, et d’anxiolytiques notamment.
Manipulation
Au total, 21 ordonnances de benzodiazépine ont été rédigées en l’absence du mari. « Je connais monsieur et son traitement, c'est mon patient. De plus, ils ont tous les deux une pathologie dont le traitement est similaire car madame souffre d'une spondylarthrite ankylosante. Il s'agissait d'un simple renouvellement », s’est défendu le généraliste. Le praticien a également affirmé avoir été manipulé par sa patiente.
Le plaignant a, pour sa part, décrit son ex-femme comme « accro » et « droguée » aux médicaments, ce qu’a nié l’accusée. L’enquête a notamment mis en lumière des chevauchements d’ordonnance, la patiente obtenant les mêmes prescriptions auprès de son rhumatologue. Par ailleurs, l'analyse toxicologique des cheveux du mari s’est révélée négative.
Vendredi dernier, la patiente « a été relaxée pour le chef d'accusation d'escroquerie à un régime de santé, mais a été déclarée coupable pour les faits d’obtention des ordonnances à une peine de deux mois de prison avec sursis », précise le journal. Elle devra également rembourser 1 300 euros à la Cpam pour les prestations facturées.
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