Un gynécologue-obstétricien de Strasbourg a été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis, par la cour d'assises du Bas-Rhin pour un viol sur une patiente, rapporte le quotidien régional « Dernières nouvelles d'Alsace ». Il a également été interdit d'exercer sa profession pendant deux ans.
Les faits remontent à 2016 et concernent une étudiante, qui avait consulté le médecin pour des problèmes de sommeil, indique l'article. Après une consultation, le gynécologue lui propose de revenir pour une séance d’auto-hypnose. Le spécialiste demande alors à la patiente de se dévêtir puis commence à la masser. « J’avais du mal à déterminer ce qu’il était en train de faire », a confié la plaignante au psychiatre qui l’a examinée. « Dès qu’il allait vers le sexuel, il revenait vers le médical », a-t-elle précisé.
Elle aurait eu « le déclic » lorsque le praticien lui a « sucé » le « téton droit », geste que nie le médecin. Parmi les autres faits qui lui sont reprochés sur cette même patiente, une pénétration digitale sans gant, puis une autre dans le vagin et le rectum. Le médecin a mis en avant « un défaut de communication » et une mauvaise compréhension de la part de la victime, qui s'est dite « amorphe » lors de la scène.
Vernis médical
Selon l'avocat du gynécologue, « la scène a pu exister parce que Madame était consentante ». « Jamais elle n’a prononcé la moitié d’un mot, amorcé la première gestuelle pour faire comprendre qu’il dépassait les limites professionnelles », a déclaré le conseil.
« Je n’ai jamais été confronté à la justice », a plaidé le médecin de son côté. En 1991, une jeune femme de 23 ans avait toutefois adressé un courrier au conseil de l’Ordre, à la suite d'une séance d’auto-relaxation où le médecin lui aurait massé le clitoris. Mais aucune plainte n’avait été déposée.
Les enquêteurs ont interrogé 85 des patientes du médecin, qui n'ont pas fait remonter de faits similaires. « Il a choisi la médecine pour aider son prochain, c’est un modèle », a soutenu son épouse, présente lors de l'audience. Son avocat évoque « un sacerdoce », un « respect à la lettre du serment d’Hippocrate » pendant 40 ans d'exercice professionnel.
« C’est le propre des prédateurs sexuels de se cacher derrière une façade lisse », a estimé de son côté la défense. « Cet accès à l’intimité féminine lui permet de donner un vernis médical à des gestes qui ne le sont pas », a exprimé l’avocate générale, qui avait requis sept ans de prison. Écopant finalement de quatre ans de prison, dont un avec sursis, le gynécologue a été incarcéré à l’issue de l’audience.
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