Dans un fauteuil… Le nouveau président de la CSMF a donc été élu à l'unanimité de ses pairs le week-end dernier. Ce scénario quasi inédit était assez attendu puisque le Dr Franck Devulder était le seul candidat à la succession du Dr Jean-Paul Ortiz à la tête de la Conf'. Élection gagnée d'avance que les médecins interpréteront différemment, selon qu'ils se sentent ou pas des affinités avec ce syndicat. Ses détracteurs y verront sans doute le signe d'une lassitude croissante au sein d'une centrale qui ces derniers mois, a essuyé la deuxième plus grosse tempête de son histoire, avec – 40 ans après la scission de MG France – le départ d'une partie de ses spécialistes. D'autres verront au contraire dans ce scrutin consensuel un signe de force, arguant de la personnalité rassembleuse du gastroentérologue rémois qui était depuis deux ans le chef de file des spécialistes CSMF. Les mêmes relèveront par ailleurs qu'après la présidentielle, il est préférable de se présenter ainsi unis face aux décideurs.
De fait, de nombreux défis attendent demain les représentants des médecins. À commencer par la façon dont ils sont perçus par la base des médecins de ville. Les élections aux URPS se sont closes l'an passé sur une abstention sans précédent qui en dit long sur le désintérêt, sinon la défiance, manifestée par les praticiens. Quoique général, ce désaveu interpelle particulièrement le syndicat historique de la profession. D'abord parce que, s'il reste en tête en audience auprès des médecins libéraux, il a perdu des électeurs en chemin. Ensuite, parce qu'il propose désormais « un syndicalisme de service » qui est une originalité de la maison, mais doit encore faire ses preuves auprès de ses électeurs. À cela s'ajoutent les mutations du secteur qui se sont accélérées avec la crise. Pénurie médicale à la campagne comme dans les villes, décrochage des rémunérations des spécialités cliniques, « OPA » des opérateurs financiers sur les disciplines les plus lucratives, digitalisation des services, évolution des modes de rémunération et bien sûr délégations de tâches sont autant de virages inévitables, mais qui doivent être âprement négociés si les médecins de ville ne veulent pas y laisser des plumes. Le nouveau patron de la CSMFdevra rapidement donner des gages à ses confrères sur ces terrains-là, alors que se profile une nouvelle convention en 2023.
Au-delà, la cure de jouvence pour le syndicalisme médical passe sans doute aussi par de nouvelles alliances entre structures. L'émiettement constaté au dernier scrutin rend celles-ci indispensables. Le Dr Franck Devulder devra s'y investir. Les rapprochements opérés ces derniers mois avec d'autres professions de santé sont à amplifier aussi si l'on veut avoir voix au chapitre face au grand remembrement sanitaire qui est à l'œuvre. Enfin, compte tenu de la porosité croissante des statuts, c'est peut-être avec les hospitaliers aussi qu'il faudra rapidement prendre langue.
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