Fer de lance de la fronde des régimes autonomes, le collectif SOS retraites en remet une couche en appelant à une « grève générale » du 3 au 6 janvier contre la réforme des retraites du gouvernement.
Les mobilités d'action et les journées privilégiées pour cette grève dite « glissante » sont laissées au choix des 21 syndicats représentatifs des 16 professions membres du collectif : avocats, infirmières, kinés, orthophonistes, podologues, pilotes de ligne, hôtesses, stewards, etc. Trois syndicats de médecins libéraux sont impliqués dans la contestation : l'UFML-S, la FMF et Le BLOC. L'UFML-S appelle à un « arrêt d'activité total » sur tout le week-end ; la FMF préfère plutôt tirer les rideaux des cabinets de ville le lundi 6 (et éventuellement le vendredi 3) ; dans une « position intermédiaire », Le BLOC est solidaire de l'appel à la grève mais ne prévoit pas de « blocus importants » des salles d'opération. « Nous nous préparons surtout pour le 3 février, date du coup d'envoi du mouvement de grève illimitée choisie par le collectif » explique le Dr Philippe Cuq, président du BLOC.
Parmi les autres professionnels de santé libéraux mobilisés, les kinés (syndicats ACK, Alizé) s’arrêteront de travailler le 3 janvier, les infirmiers (Convergence infirmière, ONSIL, UNIDEL) refuseront tout nouveau soin du 3 au 6 janvier, de même que les orthophonistes (ORA, FOF).
Le collectif SOS retraites dénonce par voie de presse « la négation, par l’exécutif, de l’existence des régimes autonomes, rappelle sa volonté d’être exclu de ce fait de la réforme, et la responsabilité que porte ce même exécutif dans la confusion avec les régimes spéciaux ». « Si ses légitimes revendications ne sont pas entendues par le gouvernement, [le collectif] maintiendra également le mouvement de grève annoncé le 3 février 2020, point de départ d’une grève illimitée. »
Flou total sur la valeur du point, perte des solidarités professionnelles garanties par les caisses autonomes, menaces sur l'ASV… Les médecins ont également des craintes propres à leur profession. « De plus en plus de confrères s'aperçoivent des dangers de la réforme, note le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S. Ils s'inquiètent pour leur pension et sont dans l'incertitude quant au maintien de nos réserves. C'est pourquoi nous appelons à un mouvement unitaire au-delà du collectif SOS retraite qui fédérerait tous les syndicats de médecins avec à sa tête le Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF. »
Rencontre mardi 7 janvier
Cette idée d'union sacrée entre tous les syndicats de médecins de ville fait son chemin. En septembre, les cinq organisations de médecins libéraux représentatifs (CSMF, MG France, SML, FMF et Le BLOC) se fédéraient déjà en intersyndicale pour défendre d'une seule voix plusieurs principes cruciaux. Rebelote dans une lettre adressée il y a quelques jours au successeur de Jean-Paul Delevoye, Laurent Pietraszewski, en anticipation d'une rencontre prévue le mardi 7 janvier et que s'est procuré « Le Quotidien ». On y retrouve les revendications suivantes : droits acquis « à l'euro près », respect du contrat conventionnel (notamment de l'ASV), place de la profession dans la gouvernance du futur régime universel, maintien des missions sociales de la CARMF, sauvegarde des réserves « exclusivement consacrées à la sécurisation du niveau des retraites » des médecins, préservation du rapport cotisations/prestations pour « maintenir le niveau de retraite actuel pour les générations à venir ».
Le calendrier dévoilé cette semaine par le gouvernement (reprise des concertations avec les partenaires sociaux la semaine prochaine, présentation du projet de loi en conseil des ministres le 22 janvier) ne trouve pas grâce aux yeux des médecins signataires. « Le calendrier prévu […] ne nous semble pas permettre l'aboutissement dans ce délai de vraies négociations avec les médecins libéraux, seuls à même de restaurer la sérénité et la confiance. » Dans ses vœux du 31 décembre aux Français, Emmanuel Macron l'a martelé : la réforme « sera menée à son terme ».
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