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Négos conventionnelles : ce qui attend les médecins libéraux. Posez vos questions à Thomas Fatôme (Cnam)

Publié le 02/12/2022

Tarifs de consultation, liberté d’installation, délégation de tâches, régime de retraite, accès au secteur II… L’avenir de la médecine libérale va se jouer dans les prochaines semaines. L’Assurance-maladie et les syndicats représentants de la profession entament en effet les négociations sur la future convention médicale. Que peut-on en attendre ? Quelles sont les marges de manœuvre de la caisse ? Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, fera le point sur le sujet à l’occasion d’un Live chat exceptionnel avec les lecteurs du « Quotidien ».

Saisissez votre pseudo, cliquez sur « validez », puis entrez le texte de votre question ci-dessous (merci de poser une question à la fois). 

Chat Thomas Fatôme

Journaliste QDM (SL)
Bonjour à toutes et à tous.
Bienvenue à ce Live chat exceptionnel.
L’Assurance-maladie et les syndicats représentants les médecins libéraux ont entamé les négociations sur la future convention médicale. Tarifs de consultation, liberté d’installation, délégation de tâches, régime de retraite, accès au secteur II… Quels changements à venir pour les médecins libéraux ?
Pour en parler, nous accueillons aujourd’hui Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam
 
Journaliste QDM (PT)
Le Live chat va bientôt commencer. Exceptionnellement, il se déroule depuis les locaux de l’Assurance-maladie.
Thomas Fatôme, aux côtés de Véronique Hunsinger et de Léa Galanopoulo, journalistes au « Quotidien ».
Thomas Fatôme, aux côtés de Véronique Hunsinger et de Léa Galanopoulo, journalistes au « Quotidien ».
 
Journaliste QDM (SL)
Bonjour Thomas Fatôme.
Merci d’avoir accepté notre invitation à ce Live chat.
Thomas Fatôme
Bonjour à toutes et à tous, très heureux d'être avec vous pour ce Live chat du « Quotidien » ce midi.
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Devant le torrent de contraintes qui semble s'abattre sur l'exercice de la médecine générale (restriction à l'installation, aux remplacements, ROSP inatteignable, dépeçage du soin, forfaitisation à outrance, surcharge de travail, culpabilisation de la part des tutelles et politiques...), beaucoup de mes collègues internes songent à changer de spécialité...
Quelles mesures comptez-vous proposer pour réenchanter la médecine générale, donner un peu de lumière et d'air dans une spécialité qui perd son sens tant l'exercice est désormais difficile... ?
Thomas Fatôme
L'un des objectifs de cette négociation conventionnelle, c'est de renforcer l'attractivité de la médecine libérale, pour redonner du temps médical.
Cela veut dire diminuer les charges administratives et tout simplement mieux valoriser l'exercice médical.
Chaque jour, les médecins libéraux reçoivent 2 millions de patients dans leurs cabinets. Ils sont des acteurs clés de l'accès au soin et l'Assurance-maladie veut leur donner davantage de moyens humains, financiers, et dans leur organisation pour les aider.
Journaliste QDM (PT)
Monsieur le Directeur, pourquoi avoir abandonné le forfait secrétariat, qui était une excellente idée, au profit d'assistants médicaux ? Ce qui plombe la profession, ce n'est pas le temps médical, indispensable à la qualité du diagnostic et de la prise en charge, c'est le temps administratif. La secrétaire réduit le temps administratif. L'assistant médical réduit le temps médical et ce faisant augmente le risque d'erreur médicale.
Thomas Fatôme
Nous faisons un diagnostic beaucoup plus positif du recours à l'assistant médical. Les médecins que nous avons interrogés et qui ont recruté un assistant médical nous disent qu'ils travaillent dans des meilleures conditions, avec à la fois une meilleure prise en charge des patients et moins de temps administratifs. Au global, c'est 10% de file active en plus, donc nous voulons aller plus loin en levant tous les obstacles qui limitent aujourd'hui l'accès à un assistant médical.

Il est probable aussi que le rôle des secrétaires médicaux a évolué et que la question du rôle respectif de l'assistant médical vis-à-vis de cette activité. Nous avons commencé à l'aborder avec les syndicats médicaux.
Charliepharma
Sur quelle période s’étendent les négociations et quelles seront les différentes échéances ?
Thomas Fatôme
Les négociations ont démarré début novembre et doivent se terminer à la fin du mois de février. Nous finirons demain le deuxième cycle de réunions intenses avec les syndicats médicaux en bilatéral et nous ferons un point d'étape avec l'ensemble des syndicats la semaine prochaine pour partager ce qui a déjà avancé et se fixer le programme de travail pour le mois de janvier.

Je salue la qualité du dialogue qui s'est engagé avec l'ensemble des syndicats médicaux. Tout le monde partage l'importance de cette négociation et la nécessité que nous trouvions ensemble des compromis pour améliorer l'accès aux soins et l'attractivité de la médecine libérale.

Nous avons aussi beaucoup écouté les attentes des représentants des patients, des élus locaux et nationaux qui souhaitent des solutions pour répondre notamment au défi de l'accès au soin sur les territoires.
Nous travaillons aussi avec les élus locaux pour qu'ils puissent encore davantage accompagner les médecins libéraux. Je pense tout simplement à la question des locaux pour accueillir des assistants médicaux et les équipes autour des médecins traitants.
Journaliste QDM (SL)
Bonjour M. Fatôme,
Comme vous le savez, les remplaçants sont toujours exclus de la convention et ne bénéficient donc ni du DPC ni d’une protection sociale équivalente aux installés alors qu’ils assurent pourtant un rôle clé dans la continuité des soins et la PDSA.
Le conventionnement des remplaçants est-il prévu dans la négociation de cette nouvelle convention ?
Thomas Fatôme
Votre question me permet de préciser que les jeunes médecins et notamment les remplaçants sont partie prenante de la discussion conventionnelle.
Si les remplaçants jouent évidemment un rôle important dans l'organisation de la médecine libérale et le dialogue avec leurs représentants est constant, nous assumons aussi d'inciter à une installation plus rapide des jeunes médecins. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé dès le début de cette négociation d'augmenter de 30% le forfait médecin traitant pour les jeunes qui s'installeraient moins de 3 ans après la fin de leurs études.
S'agissant toujours des remplaçants, la question de mieux identifier leur rôle et leur activité reste posée et nous voulons continuer à y travailler.

La question du DPC, qui ne relève par directement de l'Assurance-maladie, me paraît pertinente et je vais la relayer auprès de l'ANDPC (Agence nationale du développement professionnel continu) et des autorités qui fixent le cadre de ce développement professionnel continu.
Journaliste QDM (SL)
De nombreuses questions sur la revalorisation du tarif de consultation...
 
-- Dr H
Comment justifiez vous que les IPA soient payées 60€(PAI 6) pour chaque nouveau patient en consultation et 50€ (PAI 5) pour chaque consultation de renouvellement(chaque trimestre) alors que les consultations des médecins généralistes sont bloqués à 25€? (1)

Pourquoi ne pourrions pas être payé à 60€ pour chaque nouveau patient et 50€ pour nos consultations aussi?

A BAC +10 (désormais) comment accepter d'être payé moins que des professionnelles à bac+5

Les jeunes médecins remplaçant(dont je fait parti) voient ces chiffres et se disent que ça ne vaut pas la peine de s'installer et qu'il faudrait songer à faire autre chose que la médecine générale. Pour 57% d'entre nous, une revalorisation inciterait à l'installation.(2)

Sources:
(1) Avenant 9: www.legifrance.gouv.fr
(2) www.urps-med-idf.org
 
-- Jonathan
À quand une vraie revalorisation et non un rattrapage de l’inflation ? La médecine est un investissement au long cours.
 
-- Olivier
Bonjour, trouvez vous juste que nous touchions 25 euros ( ou un peu plus avec le forfait médecin traitant ) pour voir trimestriellement nos patients par exemple diabétiques ( Nous les voyons en général maximum 4 fois par an ) alors qu'une IPA va elle toucher 50 euros de forfait trimestriel ? La consultation à 50 euros n'est elle pas légitime en prenant en compte cela ?
Thomas Fatôme
Je veux tout d'abord indiquer que cette convention portera des revalorisations tarifaires, des actes et des consultations, sans doute également d'autres leviers de rémunération qui lient l'Assurance-maladie aux médecins libéraux.

S'agissant des IPA (infirmiers en pratique avancée), je comprends votre interrogation mais il me semble important de ne pas confondre des forfaits avec des rémunérations à l'acte. Sans rentrer dans le détail, le modèle de rémunération des IPA aboutit à un niveau de rémunération de ces professionnels plus élevé que les infirmiers libéraux mais nettement inférieur à celui des médecins généralistes, comme spécialites.

S'agissant de l'inflation, c'est évidemment une donnée que nous intégrons dans la discussion conventionnelle.

Pour revenir sur les IPA, le suivi lié aux forfaits versés par l'Assurance-maladie est beaucoup plus intense que les consultations régulières qui peuvent être faites par les médecins généralistes notamment. On a donc une structure d'activité très différente.

Pour être encore plus précis, l'intervention ponctuelle des IPA est valorisée à 16 euros.
Journaliste QDM (SL)
Live chat avec Thomas Fatôme
 
docbg
Afin de réévaluer le tarif des consultations, pourrait-on établir un index d'augmentation des charges/inflation qui permettrait de corriger le tarif d'une année sur l'autre ?
Thomas Fatôme
Je ne me situe pas dans cette perspective. Nous voulons plutôt simplifier et transformer la nomenclature des actes médicaux pour qu'elle reflète mieux l'activité des médecins et la prise en charge des patients, qu'elle valorise davantage leurs actions en matière de prévention et de prise en charge de certaines populations, comme par exemple en ce moment aux enfants (de 0 à 2 ans) ? C'est le sens des propositions que je fais en ce moment même aux syndicaux médicaux lors des réunions bilatérales qui se tiennent aujourd'hui et demain.
Journaliste QDM (PT)
La limitation des actes de télémédecine est en train de représenter un véritable obstacle à l'utilisation des outils numériques. Télésurveillance, télé-expertise sont en train de se développer, mais les médecins risquent de ne pas s'en emparer à cause de cette contrainte. Cette limite va-t-elle être révisée ?
Thomas Fatôme
Vous avez raison de souligner la place croissante que prend la télésanté dans l'activité des médecins, comme dans la prise en charge des patients. Ce que nous voulons faire avec les médecins, c'est créer un cadre simple et stable pour que ces différentes activités de télésanté se développent au bénéfice des patients d'abord, mais aussi pour améliorer les conditions de travail des professionnels.
Aujourd'hui, les médecins libéraux pratiquent la téléconsultation à hauteur de 3% de leur activité, la barre des 20% est donc très éloignée. Pour autant, ça fait partie des sujets qui sont en discussion. Faut-il adapter cette règle ? Tenir compte de situations particulières ? C'est sur la table.
Mais je suis aussi préoccupé de voir se déployer des offres purement commerciales dans la télésanté qu'il faut mieux encadrer car elles peuvent, comme ce qui s'est passé sur l'intérim, conduire à détruire du temps médical et à poser des questions en termes de qualité des soins. Le gouvernement a d'ailleurs porté dans le PLFSS 2023 un article qui pose le principe d'un cahier des charges pour les plateformes de téléconsultation, avec des exigences de transparence, de qualité et de respect du parcours de soin. Nous y travaillerons avec le ministère de la Santé et de la Prévention, et les médecins.

Rappelons pour autant qu'aujourd'hui, les trois quarts des téléconsultations se font avec les médecins traitants, et que ça s'inscrit facilement dans cette relation avec l'assuré et son médecin.
Thomas
Actuellement, une consultation inutile pour un rhume est valorisée 25 euros, soit le même tarif qu'une consultation de suivi/prévention de l'enfant à partir de 6 ans qui est plus complexe et prend plus de temps. Quelques cotations complexes ont déjà été créées mais leur champ d'application est très limité. Que comptez-vous faire pour mieux valoriser les consultations complexes, afin d'éviter que les MG se détournent du suivi pour se concentrer sur le SNP beaucoup plus lucratif ?
Thomas Fatôme
Cela fait partie des propositions que l'Assurance maladie met sur la table dans le nouveau round de discussion qui s'est ouvert ce matin : comment mieux valoriser les activités des médecins traitants, comment simplifier, réduire, le nombre de majorations ou de cotations complexes, et mieux différencier des tarifs qui correspondent à du temps médical consacré et à des prises en charge complexes.
Peut-on aller vers un système qui identifierait trois niveaux principaux de consultation ? C'est une proposition qui est sur la table et que nous allons approfondir avec les syndicats médicaux.
Damien P., un médecin libéral désabusé
Bonjour monsieur Fatôme,
Au-delà de la revalorisation des actes de la NGAP (nomenclature générale des actes professionnels), envisagez-vous une revalorisation substantielle des actes de la CCAM ?
Je prends un exemple très simple. L'audiométrie en secteur 1 valait 52 euros et 14 centimes en 2007. En 2022, donc quinze ans plus tard, elle vaut 53 euros et 13 centimes (sic...), soit moins qu'un APC (à 55 euros). Trouvez-vous normal que les actes techniques soient si peu valorisés ? Par ailleurs, trouvez-vous normal que le deuxième acte soit facturé à 50%, et que l'éventuel troisième acte soit cadeau ? Quand un plombier vient chez moi, il me facture plein pot tous ses actes, et ne me fait aucun cadeau !
Merci d'avance.
Thomas Fatôme
Il ne vous aura pas échappé que nous venons de revaloriser l'APC en avril dernier de 5 euros, soit il y a juste quelques mois. Par ailleurs, vous savez certainement que nous avons engagé avec l'ensemble des spécialités un travail très lourd de refonte de la nomenclature des actes techniques (CCAM) dans un cadre indépendant, puisque ce travail est réalisé par le Haut conseil de la nomenclature, instance présidée par des médecins libéraux et hospitaliers.
Ces travaux avancent bien, mais se termineront d'ici à un an puisque ce n'est pas moins de 13 000 actes que les professionnels doivent réexaminer, avec l'ensemble des experts des différentes spécialités.
Nous allons donc devoir articuler ce calendrier, avec celui de la Convention médicale.
bertrand31
Vous souhaitez un déploiement plus fourni en assistants médicaux pour laisser plus de temps aux médecins. Ces professionnels qui viennent en soutien des libéraux volontaires sont rémunérés par la CPAM suivant une base qui dépend de l'activité des médecins, et le souhait de majorer la file active de patients. Cependant, on nous explique que les aides ne seront effectives que sur 2 ou 3 ans. Et après, qui va payer ces assistants qui ont un contrat en CDI ?
Thomas Fatôme
Les aides pour l'emploi d'un assistant médical sont pérennes !
Pour être plus précis, elles sont majorées pendant les trois premières années puis s'ajustent mais continuent d'être versées au médecin dès lors que les objectifs en termes de file active et de patientèle médecin traitant sont respectés.
Donc je le redis très clairement : les aides ne s'arrêtent pas, ce n'est pas un dispositif ponctuel, c'est un dispositif pérenne qui vise à continuer à aider le médecin traitant ou d'ailleurs certaines spécialités comme les pédiatres, parce qu'ils prennent en charge davantage de patients ; et cela ils le font aussi dans la durée.

Nous allons renforcer dans les prochains mois l'information sur ce dispositif pour mieux le faire connaître et lever les obstacles à l'embauche d'un assistant médical.
Nous allons par exemple proposer que l'embauche d'un assistant médical à temps plein puisse se faire sur l'ensemble du territoire et plus comme aujourd'hui uniquement dans les zones sous-denses.
Journaliste QDM (SL)
Quid de l'accès au secteur II ? Plusieurs questions sur le sujet...
 
-- JDL
Bonjour M. Fatôme. Prévoyez-vous de remédier au caractère irréversible du S1 et le cas échéant dans quelles mesures ? Notamment, serait-il envisageable d’accéder au S2 si nous avons obtenus les titres pouvant y prétendre avant la date de signature du S1 ? Je suis jeune médecin et j’ai eu le malheur de signer un conventionnement S1 sur une collaboration en sortie de clinicat qui me bloque pour la suite de ma carrière car la CPAM locale ne m’a jamais informé du caractère irréversible d’une collab. D'avance merci.
 
-- mzouhir
Pourquoi ne pas ouvrir le secteur II à tous les praticiens ? Nous sommes le seul pays à appliquer une ségrégation tarifaire.
 
-- Benjamin Z
M. Fatôme, pourrait-on parler de l'ouverture du secteur II et du caractère irréversible du secteur 1 ?
Thomas Fatôme
Il n'est pas dans le champs des discussions engagées prévu de revenir sur ce sujet de la réversibilité. Un des objectifs de cette négociation est de mieux valoriser le secteur I, également de favoriser l'adhésion par les médecins spécialistes à l'Optam.
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Pourquoi la majoration de 15 euros des SNP peut être appliquée uniquement sur appel du SAS ?
Pourquoi les CPTS organisées ne peuvent pas bénéficier de cette majoration ?
Thomas Fatôme
Votre question me permet tout d'abord d'indiquer que nous avons proposé aux médecins dans le cadre de cette négociation de faire simple et efficace sur ce sujet des soins non programmés en pérennisant la majoration de 15 euros sur appel du SAS et de la régulation au 15. Et le tarif de la régulation à 100 euros de l'heure.
Le rôle de la régulation dans la réussite de la réponse aux soins non programmés est fondamental. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire que sur les territoires il y ait une articulation entre les CPTS et la régulation du SAS. C'est de la responsabilité des acteurs libéraux et hospitaliers, sous l'égide de l'ARS, que de construire cette articulation.
Cela peut aller jusqu'à des systèmes où le SAS confie une partie de la régulation à une ou plusieurs CPTS.
Journaliste QDM (SL)
Trop de tâches administratives ! La question revient très souvent :
 
-- Stefanie
Bonjour monsieur, pouvez-vous nous expliquer quelle est la logique pour améliorer la prise en charge des patients de nous rajouter encore et toujours plus de taches administratives au détriment du temps médical ? Et de donner notre travail aux paramédicaux dans le même temps ?? Également comment expliquez vous aux étudiants en médecine qu ils devront faire une année de formation supplémentaire en même temps que vous dépecez notre travail pour le donner à des IPA formées en 5 ans?
 
-- Dryo
Bjr,
Afin de lutter contre les déserts médicaux, peut-on envisager 1 allègement administratif pour faciliter l'installation ?? Merci.
Cdt.
 
-- DOC
Vous parlez d’alléger nos tâches administratives mais vous les remplacez par un surplus de tâches informatiques . Quid du temps médical ?
 
-- Dr.barrat
Ne peut on pas mettre entre parenthèses (c'est a dire suspendre temporairement toutes les contraintes administratives dont celles relatives à la Rosp ) pour libérer du temps médical... 1/3 de mon temps de consultation est dédié à ça.
Thomas Fatôme
L'allègement des tâches administratives pour les médecins fait partie des priorités de cette négociation. Pour prendre un seul exemple : je sais que l'allègement des contraintes sur l'envoi des pièces justificatives liées au flux dégradé a été très apprécié pendant le premier confinement.

Comment trouver une réponse pérenne sur ce sujet, qui, je le sais, pèse sur le quotidien des médecins ? Comment nous pouvons alléger les contraintes, notamment déclaratives, sur la Rosp, sur le versement des forfaits ou sur le renouvellement des protocoles ALD ? Cela fait partie aussi des sujets que nous voulons travailler avec les syndicats.
Je sais également que vous êtes trop sollicités par la réalisation de certificats pour l'école, la crèche, l'entreprise, qui vous prennent trop de temps. Nous voulons travailler avec l'ensemble des acteurs concernés pour que ces demandes de certificats diminuent, voire s'arrêtent.

Avec le numérique en santé, nous pensons que l'alimentation automatique via les logiciels métier, des réusltats de biologie ou de radiologie, des comptes rendus d'hospitalisation, doivent faire gagner du temps aux médecins. Mais il faut évidemment que l'ergonomie des logiciels soit au rendez-vous, et c'est également un point sur lequel nous serons très attentifs dans les prochains mois, dans le cadre du déploiement des nouvelles versions des logiciels métier.

Nous voulons aussi mobiliser encore davantage le réseau de l'Assurance-maladie pour individualiser davantage les relations avec les médecins libéraux. Tous les jours, des délégués de l'Assurance-maladie et les conseillers informatique service accompagnent les médecins sur le terrain et je souhaite encore renforcer ces actions d'accompagnement.
Je sais aussi que nos téléservices, je pense par exemple à Ameli pro, peuvent subir parfois des interruptions. C'est aussi un sujet que nous voulons améliorer pour garantir une continuité de service optimale.
Journaliste QDM (SL)
Pouvez-vous revenir sur la gratuité du 3e acte ?
Ne pensez-vous pas que vous dégradez la qualité des soins en imposant des objectifs de file active et de patientèle MT ? Surtout que les patientèles ne se ressemblent pas.
Thomas Fatôme
Je ne crois pas que le dispositif de l'assistant médical, qui est lié à des objectifs c'est vrai de file active et de patientèle médecin traitant, dégrade la qualité des soins. Les enquêtes que nous avons réalisées et que nous avons partagées avec vos représentants montrent que les patients, comme les médecins, mettent en avant une meilleure qualité de prise en charge, un meilleur suivi, et des meilleures conditions de travail. Ce n'est pas l'Assurance-maladie qui le dit, ce sont les médecins et les patients.

Il ne s'agit pas de travailler plus, mais de transformer les conditions de travail pour que le temps administratif soit pris en charge par l'assistant médical et que tout ce qui doit être fait autour de la consultation (dossier MDPH, pièces justificatives...) puisse être délégué.
Mais notre objectif est bien de construire avec les médecins des réponses opérationnelles pour que dans 5 ans, et voire même avant, nous n'ayons plus 600 000 personnes en ALD sans médecin traitant.
Si nous ne construisons pas avec vous des équipes auprès des médecins traitants, pour permettre de prendre en charge davantage de patients, alors nous aurons inexorablement dans les prochaines années plus de patients sans médecin traitant, et donc une qualité des soins qui se dégrade.
Construire ces équipes auprès des médecins traitants avec les autres professionnels de santé, construire un parcours de soin en lien avec la médecine spécialisée, qui elle-même peut se structurer dans des équipes de soins spécialisés, c'est ça l'objectif prioritaire de cette négociation.
Journaliste QDM (SL)
Live chat avec Thomas Fatôme
 
Journaliste QDM (SL)
Des inquiétudes sur la délégation de tâches :
-- DrB
Le manque actuel de médecins généralistes amène à des propositions de transfert de tâches aux infirmières, pharmaciens. Y a-t-il des gardes fous prévus sachant qu’avec la suppression du numerus clausus, nous serons dans 10-15 ans revenus à un nombre suffisant de médecins généralistes mais avec moins de tâches qui auront été transférées aux autres professions?
 
-- Fiona
Quel va être la place des médecins généralistes dans la prise en charge des patients si tous les actes courants sont délégués aux paramédicaux ?
Thomas Fatôme
Il n'est pas question de déléguer tous les actes courants aux paramédicaux !
A nouveau, ce que nous voulons faire, c'est renforcer l'exercice coordonné autour des médecins traitants pour fluidifier les parcours de soins. Dans cet exercice coordonné, peuvent se construire des collaborations, de la délégation ou du transfert de tâches qui encore une fois font gagner du temps médical.
S'agissant des perspectives à 10 ans, le vieillissement de la population, le développement des maladies chroniques me laissent penser que la demande de soins va continuer à augmenter très fortement et que nous aurons besoin de plus de médecins, de plus d'équipes de soins coordonnées...
marion
Si nous acceptons d'assumer la "responsabilité collective" dans le cadre de la PDS, avez-vous prévu de revaloriser les tarifs ?
Thomas Fatôme
Tout ce qui peut favoriser l'investissement des médecins libéraux dans la permanence des soins est sur la table.
Journaliste QDM (SL)
Les psychiatres aussi sont inquiets sur leur avenir :
 
-- Fabien
Quelles sont les pistes envisagées pour la psychiatrie libérale : soins non programmés , participation au volet psy du SAS ? Nous avons besoin d’une plus grande lisibilité pour nous organiser sur le territoire.
 
-- coati
Revalorisation des consultations, en tenant compte de la complexité et du temps passé, une nécessité !!! Suis psychiatre, et l'écoute n'est pas du tout reconnue, ni valorisée.
En SUISSE, le temps de la consultation est bel et bien reconnu, et ce depuis des décennies !!!
À quand les consultations de groupe ?
 
-- Emilian C
La pénibilité de la psychiatrie conventionnelle, revalorisation de la consultation de 42,50 car c’est vraiment quasi impossible de rester zen pour les patients en prenant toujours sur soi. Pour faire bien le métier, on laisse notre temps et notre vie au cabinet.
Merci de penser à ça.
Un psychiatre conventionné voit des gens pauvres, souffrants, il doit au moins se sentir reconnu, bien faire le métier qui n’est pas facile (je me répète), les patients souffrent de la longueur de la consultation, on n'a pas le choix dans ce métier chronophage.
Merci
Thomas Fatôme
La psychiatrie fait partie des spécialités cliniques prioritaires dans cette négociation, même si nous avons déjà via l'avenant 9 fait des pas importants en matière de revalorisation.
Le sujet de la santé mentale est une priorité de santé publique que porte le ministre de la Santé et de la Prévention. Cela s'applique également au sujet des soins non programmés dans ce domaine où il nous faut en effet construire des filières opérationnelles sur ce sujet. L'Assurance-maladie veut y contribuer de façon efficace.
Journaliste QDM (SL)
Consultations de groupe pour les psychiatres.
Petit groupe de 6 ou 8 patients, cercle de parole méditation pleine présence stress dépression... atelier de trois heures ! À quand la nomenclature ?
Thomas Fatôme
Je n'ai pas encore eu cette proposition de la part de vos représentants. Ce genre de proposition peut se regarder dès lors qu'elle s'inscrit dans un cadre scientifique évalué.
Dr AV
Bonjour Monsieur. La réanimation privée représente 10 % des lits d’hospitalisation et 12 % de l’activité de réanimation en France. Son action en période Covid a permis de sortir de ses différentes vagues infectieuses du mieux possible. Dans le même temps, la rémunération des services de nuit et de week-end n’a pas évolué depuis presque 20 ans. Dans une période où il est de plus en plus difficile de trouver des spécialistes pouvant effectuer des gardes en réanimation en secteur privé (rémunération dans le service public nettement plus attrayante), comment comptez-vous réévaluer la PDSES prochainement ?
Thomas Fatôme
Avec le ministère de la Santé, nous avons dans le cadre de l'avenant 9 revalorisé les tarifs des astreintes de la PDSES de manière significative. Le ministre de la Santé a fait de la PDSES une de ses priorités, avec une collaboration renforcée entre le public et le privé, il y a une vraie logique territoriale de réponse aux besoins des patients. Nous ne sommes pas en première ligne sur ce sujet mais contribuons à l'ensemble de ces travaux.
Spud26
Les jeunes médecins sont simples observateurs des négociations, si j'ai bien compris. Pourquoi, alors qu'ils seront les premiers concernés par vos décisions ?
Thomas Fatôme
Même s'ils sont formellement observateurs, nous avons un dialogue continu avec les différents représentants des jeunes médecins, étudiants, remplaçants. Et pour être concret, une nouvelle réunion se tient demain matin à la Cnam avec eux.
Journaliste QDM (SL)
Bonjour. Je voulais savoir si des différences de valorisation entre une téléconsultation et une consultation allaient s'appliquer ?
Et qu'est-ce qui sera fait pour y voir plus clair sur les arrêts de travail délivrés en téléconsultation ?
Thomas Fatôme
Sur les arrêts de travail délivrés en téléconsultation, le PLFSS pour 2023 prévoit qu'ils ne seront pas pris en charge s'ils ne sont pas réalisés par le médecin traitant (ou un médecin vu dans les 12 derniers mois). Pour le reste, la différenciation des tarifs a été évoquée par certains syndicats et c'est un sujet de discussion en cours.
Benjamin Z
Prévoyez-vous de prendre en compte le statut de collaborateur comme distinct d’une réelle installation libérale ? En pratique, nous occupons ce statut comme jeunes praticiens au sein d’un cabinet mais ne sommes pas à proprement parler définitivement « installés ». Les conséquences en termes de conventionnement sont lourdes. Les jeunes médecins titulaires d'un clinicat ne voudront jamais collaborer avec des S1.
Thomas Fatôme
D'abord, si j'avais une réponse directe à vous faire, c'est de vous convaincre de vous installer effectivement comme médecin conventionné ! Et l'un de mes objectifs prioritaires de cette négociation, c'est de donner envie aux jeunes médecins de s'installer en libéral, avec des rémunérations et des conditions de travail plus attractives. J'ai la conviction que c'est possible. Dans tous les cas, c'est le sens des propositions que je vais continuer à faire à vos représentants.
Journaliste QDM (SL)
Merci Thomas Fatôme d’avoir participé à ce Live chat avec les lecteurs du « Quotidien ». Le mot de la fin ?
Thomas Fatôme
Merci beaucoup d'avoir été présents dans ce chat. J'ai écrit la semaine dernière à l'ensemble des médecins libéraux pour leur dire que j'étais à l'écoute de leurs demandes et de leurs propositions. Et d'une certaine manière, ce chat participe aussi de ce type d'échanges directs. Si "Le Quotidien du Médecin" m'invite à nouveau avant la fin de cet exercice conventionnel et aussi peut-être après, je serais très heureux de pouvoir revenir, car je ne doute pas qu'il y a beaucoup d'autres questions auxquelles, malheureusement, je n'ai pas pu répondre. Rendez-vous pour un prochain Live chat ou pourquoi pas une interview dans "Le Quotidien du Médecin" !
Journaliste QDM (SL)
Merci à toutes et à tous pour votre participation.
Nous avons reçu beaucoup de questions. Impossible de toutes les relayer, faute de temps. Toutes nos excuses aux lecteurs concernés.
Rendez-vous prochainement pour un nouveau Live chat.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr