Les médecins n’échappent pas aux systèmes de notations et d’avis sur Internet. Si cette pratique relève de la liberté d’expression, elle a parfois de lourdes conséquences sur la réputation des médecins lorsque ces avis (souvent anonymes) sont malveillants, voire diffamants. Faut-il y répondre, comment y faire face sans enfreindre le code de déontologie médicale ? Le Dr Thierry Houselstein, directeur médical de la MACSF, fera le point sur ces questions au cours d’un Live chat d’une heure avec les lecteurs du « Quotidien ».
Journaliste QDM (SL)
Le Live chat va bientôt commencer. Nous accueillons aujourd’hui le Dr Thierry Houselstein, directeur médical de la MACSF. Il est accompagné de Valérie Cordonnier, juriste expert RCP et protection juridique.
La MACSF assiste les professionnels de santé dans la gestion de leur réputation numérique et les conseille sur la conduite à tenir face aux avis et aux systèmes de notation sur Internet. Le Dr Houselstein et Valérie Cordonnier partageront avec vous leur expérience sur ce sujet. Ils répondront à vos questions pendant près d’une heure.
La MACSF assiste les professionnels de santé dans la gestion de leur réputation numérique et les conseille sur la conduite à tenir face aux avis et aux systèmes de notation sur Internet. Le Dr Houselstein et Valérie Cordonnier partageront avec vous leur expérience sur ce sujet. Ils répondront à vos questions pendant près d’une heure.
Journaliste QDM (SL)
Journaliste QDM (SL)
Bonjour Dr Thierry Houselstein. Bonjour Valérie Cordonnier. Nous sommes ravis de vous accueillir à la rédaction du « Quotidien ». Merci à vous d’avoir accepté notre invitation.
Dr Thierry Houselstein
Bonjour à tous les internautes et aux professionnels de santé présents.
PaulineB
Comment réagir face aux avis négatifs ?
Dr Thierry Houselstein
Très bonne question. Il faut plus de détails tellement le panel peut-être large. Dans ce qu'on entend par avis négatifs, il faut distinguer ce qui est simplement un commentaire, un avis, toujours possible, que de ce qui est une critique ouverte des compétences professionnelles, voire d'une diffamation.
La qualification de cet avis va conditionner la manière de réagir. Le premier conseil est de ne pas réagir à chaud, même si c'est désagréable et vexatoire.
La qualification de cet avis va conditionner la manière de réagir. Le premier conseil est de ne pas réagir à chaud, même si c'est désagréable et vexatoire.
emodet
Lorsqu'un avis injurieux ou mensonger est publié, est-ce que le site dans lequel cette publication est faite est responsable juridiquement de cette publication ?
Dr Thierry Houselstein
Le site, oui. Mais généralement, les avis ne sont pas sur des sites, mais sur des moteurs de recherche, type Google ou Bing. Il ne faut pas confondre le site avec la page du professionnel de santé.
Les moteurs de recherche ont des règles. En cas de non respect, il y a moyen de signaler les avis. Il faut aller voir la procédure sur les pages des avis Google, qui explique bien la manière de signaler.
Les sites ont des obligations. Dès lors qu'un professionnel de santé estime qu'il fait l'objet d'un avis diffamant, les sites doivent appliquer les procédures visant à traiter ces avis critiques.
Pour l'assureur des professionnels de santé, il est anormal que les sites comparent une activité médicale à une activité commerciale.
Les moteurs de recherche ont des règles. En cas de non respect, il y a moyen de signaler les avis. Il faut aller voir la procédure sur les pages des avis Google, qui explique bien la manière de signaler.
Les sites ont des obligations. Dès lors qu'un professionnel de santé estime qu'il fait l'objet d'un avis diffamant, les sites doivent appliquer les procédures visant à traiter ces avis critiques.
Pour l'assureur des professionnels de santé, il est anormal que les sites comparent une activité médicale à une activité commerciale.
-- JPH
Je n'ai rien demandé pour avoir une fiche de notation sur Google ? Comment se fait-il que je n'ai pas à donner mon accord ? Peut-on faire supprimer sa fiche sur Google ?
-- BATGIRL
Supprimer un compte google : impossible, la jurisprudence ne nous est pas favorable sous couvert de la liberté d'expression à respecter. Aller chez son médecin, dentiste, kiné... est de plus en plus assimilé à un acte commercial. Mais le pire est que si vous ne souhaitez pas être noté, vous ne puissiez même pas refuser cette méthode de notation, souvent ouverte par je ne sais qui... comment faire ?
Dr Thierry Houselstein
Le professionnel de santé doit être informé qu'une fiche a été émise. Mais ce n'est pas fait en pratique, malheureusement.
On peut exercer son droit d'opposition, notamment parce que la fiche Google permet la prospection commerciale. Ces fiches sont considérées comme des données personnelles du médecin. Il a donc un droit de regard.
A ma connaissance, il y a une décision du tribunal de Paris qui a ordonné la suppression de la fiche d'un chirurgien dentiste sous astreinte. Mais ce sont des procédures longues et compliquées qui font appel à des avocats spécialisés.
Il faut demander en justice la suppression de la fiche Google. Ce n'est pas si facile.
On peut exercer son droit d'opposition, notamment parce que la fiche Google permet la prospection commerciale. Ces fiches sont considérées comme des données personnelles du médecin. Il a donc un droit de regard.
A ma connaissance, il y a une décision du tribunal de Paris qui a ordonné la suppression de la fiche d'un chirurgien dentiste sous astreinte. Mais ce sont des procédures longues et compliquées qui font appel à des avocats spécialisés.
Il faut demander en justice la suppression de la fiche Google. Ce n'est pas si facile.
Max
Bonjour. Je suis chirurgien hospitalier. Mon fils a récemment fait une recherche sur Google à partir de mon nom. Il a découvert un primalien. En cliquant dessus, nous sommes dirigés sur une page Facebook publique (5000 membres) et sur la discussion des propos mensongers et diffamatoires me concernant sont tenus. J’ai fait réaliser un procès-verbal de constat sur Internet par un huissier. Comment puis-je procéder pour supprimer cette discussion ? Merci.
Dr Thierry Houselstein
Très bon reflexe de faire constater par un huissier et de faire établir un procès verbal. Car il y a des questions de délais de prescription extrêmement court (3 mois à dater de la publication ou de la republication d'un lien).
Vu la complexité de cette procédure pour faire supprimer une discussion, d'autant qu'elle implique plusieurs sites, la bonne solution est de s'adresser à son assurance RCP/PJ pour traiter ce sujet. La difficulté est qu'étant hospitalier, il faut vérifier si cette page n'est pas une page de l'établissement. Et du coup, se rapprocher de l'équipe de communication de l'établissement qui a l'habitude de traiter ce genre de problèmes. Il vaut mieux ne pas répondre seul, car vous pourriez vous mettre en porte à faux.
S'il ne s'agit pas d'une page liée à l'établissement, il faut par le biais d'un avocat engager une procédure pour faire supprimer ces propos qui sont considérés comme mensongers et diffamatoires. La diffamation est une qualification juridique très précise.
Dans le domaine de la e-reputation, la qualification des propos est fondamentale, car c'est elle qui va conditionner les différentes mesures et également une qualification pénale.
Il y a la critique, qui est toujours possible même si elle est désagréable et mal vécue par les professionnels de santé. Un cran au dessus d'un point de vue pénal, il y a également l'injure, qui ne se rapporte pas à des faits précis, comme "incompétence". Et encore au dessus, la diffamation, qui évoque un cas très précis. Il y a une atteinte à la considération personnelle et professionnelle.
Chacune des qualifications comportera des réponses juridiques et pénales spécifiques.
Vu la complexité de cette procédure pour faire supprimer une discussion, d'autant qu'elle implique plusieurs sites, la bonne solution est de s'adresser à son assurance RCP/PJ pour traiter ce sujet. La difficulté est qu'étant hospitalier, il faut vérifier si cette page n'est pas une page de l'établissement. Et du coup, se rapprocher de l'équipe de communication de l'établissement qui a l'habitude de traiter ce genre de problèmes. Il vaut mieux ne pas répondre seul, car vous pourriez vous mettre en porte à faux.
S'il ne s'agit pas d'une page liée à l'établissement, il faut par le biais d'un avocat engager une procédure pour faire supprimer ces propos qui sont considérés comme mensongers et diffamatoires. La diffamation est une qualification juridique très précise.
Dans le domaine de la e-reputation, la qualification des propos est fondamentale, car c'est elle qui va conditionner les différentes mesures et également une qualification pénale.
Il y a la critique, qui est toujours possible même si elle est désagréable et mal vécue par les professionnels de santé. Un cran au dessus d'un point de vue pénal, il y a également l'injure, qui ne se rapporte pas à des faits précis, comme "incompétence". Et encore au dessus, la diffamation, qui évoque un cas très précis. Il y a une atteinte à la considération personnelle et professionnelle.
Chacune des qualifications comportera des réponses juridiques et pénales spécifiques.
Vina
Comment répondre lorsque l'avis est sur Google ? Faut-il un compte Google ?
Dr Thierry Houselstein
Il faut prendre possession de sa fiche Google et répondre sur cette fiche. Et, plus particulièrement à cet avis. Mais de nombreuses recommandations doivent être formulées.
Tout d'abord, il convient d'éviter d'évoquer de manière formelle tout sujet médical qui serait une violation du secret médical. Et là, c'est le professionnel de santé qui peut être condamné. Et même si le patient lui-même est rentré dans les détails.
Même si le professionel de santé a envie de répondre vivement à cet avis, là encore, il doit faire preuve d'une certaine pondération et modération, essayant de rester empathique, courtois et dans son rôle de soignant. Il ne faut pas oublier que cette réponse sera lue par tous les internautes, et pas uniquement le patient qui a laissé le message. Et même longtemps après. Cela peut laisser un impression décorrelée du contexte.
Enfin, le professionnel de santé peut proposer au rédacteur de cet avis de le recontacter directement afin d'échanger sur les motifs ayant conduit à déposer un tel avis.
Il n'est peut-être pas toujours opportun de répondre. Cela peut entraîner parfois une escalade plus préjudiciable qu'autre chose au professionnel de santé.
Il faut se méfier également des avis anonymes, ou avec des pseudos, et simplement répondre : "Je ne vous connais pas, appelez-moi s'il y a un souci".
Tout d'abord, il convient d'éviter d'évoquer de manière formelle tout sujet médical qui serait une violation du secret médical. Et là, c'est le professionnel de santé qui peut être condamné. Et même si le patient lui-même est rentré dans les détails.
Même si le professionel de santé a envie de répondre vivement à cet avis, là encore, il doit faire preuve d'une certaine pondération et modération, essayant de rester empathique, courtois et dans son rôle de soignant. Il ne faut pas oublier que cette réponse sera lue par tous les internautes, et pas uniquement le patient qui a laissé le message. Et même longtemps après. Cela peut laisser un impression décorrelée du contexte.
Enfin, le professionnel de santé peut proposer au rédacteur de cet avis de le recontacter directement afin d'échanger sur les motifs ayant conduit à déposer un tel avis.
Il n'est peut-être pas toujours opportun de répondre. Cela peut entraîner parfois une escalade plus préjudiciable qu'autre chose au professionnel de santé.
Il faut se méfier également des avis anonymes, ou avec des pseudos, et simplement répondre : "Je ne vous connais pas, appelez-moi s'il y a un souci".
question
Comment faire pour augmenter notre note sur Google ? En tant qu'établissement de santé, ce sont souvent les personnes qui ont eu une mauvaise expérience qui laissent des notes/commentaires... peut-on demander aux patients satisfaits d'aller nous noter ?
Dr Thierry Houselstein
C'est un fait que les patients mécontents laissent davantage d'avis que les patients satisfaits.
Il semble difficile d'un point de vue déontologique d'inciter les patients à laisser des avis, même positifs. Ce serait rentrer dans une pratique discutable sur le plan déontologique et par là même accepter que d'autres avis soient négatifs et donc que certaines notes soient un peu moins bonnes. Si le principe des notes est bien évidemment acceptable, ce qui me paraît très très discutable dans le domaine de la santé.
Il semble difficile d'un point de vue déontologique d'inciter les patients à laisser des avis, même positifs. Ce serait rentrer dans une pratique discutable sur le plan déontologique et par là même accepter que d'autres avis soient négatifs et donc que certaines notes soient un peu moins bonnes. Si le principe des notes est bien évidemment acceptable, ce qui me paraît très très discutable dans le domaine de la santé.
Journaliste QDM (SL)
CMCV
Peut-on désactiver la fonction Avis d'un compte Google sans supprimer le compte ?
Dr Thierry Houselstein
Non, je ne crois pas. Car le principe mis en avant par Google est la liberté d'expression. C'est à la fois la liberté d'avoir des informations sur ceux qui ont une activité professionnelle, notamment par le biais d'avis.
Ce qui pose le problème d'assimiler une activité de soins à une activité commerciale...
Ce qui pose le problème d'assimiler une activité de soins à une activité commerciale...
Edouard Pâris
J'avoue que tout ceci est un peu mystérieux pour moi. Quand je tape mon nom sur Google, je ne trouve qu'une fiche DoctoLib. Qu'est-ce que c'est que "prendre possession de sa fiche Google" ?
Dr Thierry Houselstein
Tous les médecins n'ont pas une fiche. Elle ne se trouve pas directement dans les résultats du moteur de recherche, mais sur la droite de la page Internet.
marlis
Google, Facebook, Instagram et le reste... Ils ont attendu 5 minutes de trop en salle d'attente et ça vous vomit dessus ! Nous avons fait des études longues avec des responsabilités monumentales. Nous croulons sous le travail et malgré tout nous nous efforçons de donner le meilleur de nous-mêmes. Alors comment peut-on autoriser que l'on puisse baver sur nous de la sorte, pour des motifs qui n'ont aucun rapport avec les soins. Nous ne sommes pas des objets commerciaux et nous n'avons pas à être mis en pâture de telle sorte. Ce devrait être interdit. Ça me dégoûte et ça me donne envie d'enlever ma plaque et de faire autre chose que de la médecine. Même si je n'ai pas eu encore de réels soucis, depuis que j'ai lu le commentaire de notre confrère chirurgien, je me dis que je ne sais peut-être pas tout, puisque je ne me rends jamais sur Facebook ! Comment travailler dans la sérénité dans ces conditions ?
Dr Thierry Houselstein
Je comprends tout à fait votre ressenti. Nous partageons votre sentiment vis-à-vis de cette évolution. Il est certain que la médecine n'est pas une activité commerciale et on peut trouver scandaleux d'être mis sur le même pied numérique qu'un restaurateur ou un garagiste.
Une fois qu'on l'on a dit ça, il faut malheureusement faire avec. En premier lieu, être très attentif à son empreinte numérique, à son profil numérique. Veiller à ne pas alimenter son profil. Si vous en avez un, bien séparer le profil personnel du profil professionnel. Faire des veilles régulières, notamment car les délais pour agir sont parfois très courts.
Fort heureusement, en France, la médecine reste basée sur une relation de confiance entre le patient et son médecin. Il faut continuer malgré tout à oeuvrer du mieux possible pour ces patients. Et si vous êtes confrontés à une difficulté concernant la e-réputation, votre assurance RCP/PJ est à vos côtés pour vous aider.
Une fois qu'on l'on a dit ça, il faut malheureusement faire avec. En premier lieu, être très attentif à son empreinte numérique, à son profil numérique. Veiller à ne pas alimenter son profil. Si vous en avez un, bien séparer le profil personnel du profil professionnel. Faire des veilles régulières, notamment car les délais pour agir sont parfois très courts.
Fort heureusement, en France, la médecine reste basée sur une relation de confiance entre le patient et son médecin. Il faut continuer malgré tout à oeuvrer du mieux possible pour ces patients. Et si vous êtes confrontés à une difficulté concernant la e-réputation, votre assurance RCP/PJ est à vos côtés pour vous aider.
-- Michelb
Y-a-t-il un délai au delà duquel on peut demander le retrait des commentaires nous concernant ? Une sorte de droit à l'oubli ? Certains commentaires deviennent obsolètes avec le temps.
-- framboise
comment effacer 1 commentaire faux qui date d ailleurs de 3 ans ?
Dr Thierry Houselstein
Sur le droit à l'oubli, le délai est contrebalancé par l'intérêt légitime de la liberté d'expression, si on est dans le cadre d'un avis simple. Dans le cas des injures et de la diffamation, comme indiqué précédemment le délai est de trois mois. Ce qui est très court. C'est le délai prévu par la loi pour la liberté de la presse, plus du tout adaptée au numérique.
Si le commentaire est faux, il peut être signalé auprès de l'hébergeur du site. Il n'y a pas de délai. C'est ensuite au site, qui, en fonction de sa politique et de ses tendances, va considérer que l'avis doit être supprimé ou pas.
Ce qui rejoint une question précédente sur l'importance de faire des copies d'écran et un constat d'huissier, si l'on est persuadé que cet avis est mensonger.
Si le commentaire est faux, il peut être signalé auprès de l'hébergeur du site. Il n'y a pas de délai. C'est ensuite au site, qui, en fonction de sa politique et de ses tendances, va considérer que l'avis doit être supprimé ou pas.
Ce qui rejoint une question précédente sur l'importance de faire des copies d'écran et un constat d'huissier, si l'on est persuadé que cet avis est mensonger.
-- abonné
À quelles conditions un avis peut-il être considéré comme illicite et donner lieu à des poursuites judiciaires ?
-- Doc doc
En quoi consiste la procédure judiciaire pour obtenir la suppression de commentaires négatifs ? À qui s'adresser ? Faut-il se faire assister par un avocat ?
Dr Thierry Houselstein
Les avis illicites sont ceux qui peuvent être qualifiés d'injures ou de diffamations. L'injure ne porte pas sur des faits précis. Par exemple "nul" ou "incompétent" ou "charlatan"...
Ensuite, la diffamation porte, elle, sur des faits précis. Par exemple : "Mon intervention d'abdominoplastie a été complétement ratée, tel jour dans telle clinique". Et est une atteinte à la considération personnelle ou professionnelle.
Il y a plusieurs procédures judiciaires possible. Le mieux est de voir en fonction du cas avec son assureur de protection juridique. Il faut faire appel à des avocats spécialisés dans la réputation dans le numérique. Il faut toujours garder à l'esprit que le délai pour agir est court : 3 mois à partir de la publication et non pas du jour de lecture. Ce délai est plus long si les propos injurieux portent un caractère raciste, homophobe, sexiste...
Le médecin a toujours libre choix de son avocat avec une protection juridique, mais nous proposons des avocats spécialisés dans la e-reputation. Nous avons de nombreuses sollicitations sur le sujet.
Ensuite, la diffamation porte, elle, sur des faits précis. Par exemple : "Mon intervention d'abdominoplastie a été complétement ratée, tel jour dans telle clinique". Et est une atteinte à la considération personnelle ou professionnelle.
Il y a plusieurs procédures judiciaires possible. Le mieux est de voir en fonction du cas avec son assureur de protection juridique. Il faut faire appel à des avocats spécialisés dans la réputation dans le numérique. Il faut toujours garder à l'esprit que le délai pour agir est court : 3 mois à partir de la publication et non pas du jour de lecture. Ce délai est plus long si les propos injurieux portent un caractère raciste, homophobe, sexiste...
Le médecin a toujours libre choix de son avocat avec une protection juridique, mais nous proposons des avocats spécialisés dans la e-reputation. Nous avons de nombreuses sollicitations sur le sujet.
marlis
Est-ce que le conseil juridique pour ces problèmes est inclus dans nos contrats de responsabilité professionnelle ou faut-il souscrire une assurance complémentaire ?
Dr Thierry Houselstein
Dans le contrat de responsabilité civile professionnelle, il y a une garantie nommée "protection juridique" qui inclut la prise en charge de ces réclamations vis-à-vis de la e-réputation.
-- dmo
J'espère que l' Ordre des médecins se saisit de ces questions cruciales...
-- dmo
Ne pourrait-on pas exiger un genre "droit d' entrée" délivré par l' Ordre des Médecins de ce type de site ?
Dr Thierry Houselstein
L'Ordre se saisit de ces sujets, notamment au travers d'un guide pratique 'Préserver sa réputation numérique' consacré à la e-réputation en septembre 2018. Il est très complet et décrit parfaitement les différentes démarches à effectuer, notamment à propos de contenus licites ou illicites. Il comporte des exemples de réponses aux avis.
Dans un monde idéal oui, mais les différents sites et hébergeurs n'ont à l'évidence pas le souci d'un distinguo entre les activités commerciales et de soins.
Dans un monde idéal oui, mais les différents sites et hébergeurs n'ont à l'évidence pas le souci d'un distinguo entre les activités commerciales et de soins.
Journaliste QDM (SL)
Soubelet Avocat
La procédure de retrait du contenu litigieux ou de levée de l'anonymat prévue par l’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est de plus en plus souvent admise par les juridictions. Vos sociétaires y ont-ils souvent recours ?
Dr Thierry Houselstein
La levée de l'anonymat est une procédure qui peut être utilisée, mais elle est longue et coûteuse. Parfois, certains internautes mal intentionnés mais très bien organisés font en sorte de ne pas être identifiables. Il existe des outils pour ça malheureusement.
Il existe d'autres solutions, parfois techniques, proposées par les assureurs.
Il existe d'autres solutions, parfois techniques, proposées par les assureurs.
Doc doc
Des médecins ont-il obtenu gain de cause devant la justice pour obtenir la suppression d'avis illicites les concernant ? Quelles sont les chances d'obtenir gain de cause ? Combien de temps peut durer une procédure ?
Dr Thierry Houselstein
Si l'avis est injurieux ou diffamatoires oui, bien sûr, qu'ils peuvent être supprimés. Encore faut-il être dans les délais pour agir. Mais la plupart des avis ne sont pas à proprement parler illicites au regard de la loi. Le plus souvent, il s'agit de commentaires désagréables, mal vécus, parfois limites... Mais qui d'un point de vue juridique ne peuvent être considérés comme illicites, et donc déclencher les procédures décrites précédemment.
Les chances sont très fortes d'obtenir gain de cause lorsqu'il s'agit de vrais avis illicites et non pas des commentaires aussi désagréables soient-ils.
C'est vrai qu'une procédure judiciaire c'est toujours long, au moins 18 à 24 mois minimum. Parfois, les solutions techniques, par des prestataires spécialisés, peuvent être plus efficaces.
D'où l'importance de bien peser le pour et le contre face à un message ou commentaire désagréable. Et de reprendre les explications du début de ce tchat : avoir une réponse simple, sans escalade, en proposant à l'internaute d'échanger directement. Car il peut supprimer son message.
Les chances sont très fortes d'obtenir gain de cause lorsqu'il s'agit de vrais avis illicites et non pas des commentaires aussi désagréables soient-ils.
C'est vrai qu'une procédure judiciaire c'est toujours long, au moins 18 à 24 mois minimum. Parfois, les solutions techniques, par des prestataires spécialisés, peuvent être plus efficaces.
D'où l'importance de bien peser le pour et le contre face à un message ou commentaire désagréable. Et de reprendre les explications du début de ce tchat : avoir une réponse simple, sans escalade, en proposant à l'internaute d'échanger directement. Car il peut supprimer son message.
Dr Wang M
En sus d'une suppression d'un avis, peut-on également obtenir une indemnisation d'un auteur connu ? Comment faire ? Merci
Dr Thierry Houselstein
Oui, toujours dans le cadre d'une procédure judiciaire suite à injure ou diffamation. On peut demander des dommages et intérêts, mais encore faut-il prouver un préjudice. Dans les faits, nous avons rencontré peu de professionnels de santé qui ont eu une incidence sur leur activité. Même si l'on comprend tout à fait que leur mise en cause puisse être mal vécue. Il existe rarement de corrélation entre ces avis et une réelle baisse d'activité ou une fuite de patientèle.
Michelb
Il existe des entreprises qui font de la veille sur l'e-réputation, moyennant finance bien sûr. Ils rapportent ce qui se dit sur vous sur les réseaux sociaux. Est-ce pertinent ? Comment procèdent-elles pour lutter contre les avis malveillants ?
Dr Thierry Houselstein
Il existe beaucoup d'outils gratuits ou non pour surveiller sa réputation sur Internet. Chacun étant libre d'opter pour telle ou telle solution. Dès lors que l'on s'intéresse à sa réputation numérique et que l'on estime que ça a un impact sur son activité, il est bien évidemment important de regarder ce que l'on dit de vous sur les réseaux sociaux. Ces sociétés-là, à ma connaissance, ne luttent pas contre les avis malveillants. Il existe d'autres sociétés spécialisées, dont l'activité est justement de traiter de façon technique les fiches Google.
Julie_Linapp
Comment booster des notes positives ?
Dr Thierry Houselstein
Premier point : si l'on va dans cette direction, on accepte aussi que certaines notes puissent être négatives...
En tant qu'assureur, nous allons plutôt déconseiller à des médecins de solliciter des patients pour inscrire des avis, surtout positifs. Ce qui pourrait être discutable d'un point de vue déontologique.
Par contre, rien ne vous empêche d'indiquer à votre patientèle que vous avez une fiche Google. Mais c'est prendre le risque d'avoir des avis négatifs.
En tant qu'assureur, nous allons plutôt déconseiller à des médecins de solliciter des patients pour inscrire des avis, surtout positifs. Ce qui pourrait être discutable d'un point de vue déontologique.
Par contre, rien ne vous empêche d'indiquer à votre patientèle que vous avez une fiche Google. Mais c'est prendre le risque d'avoir des avis négatifs.
marlis
Où trouver ces prestataires spécialisés ? Y a-t-il une possibilité de prise en charge de leurs prestations (qui doivent être du reste très onéreuses) ?
Dr Thierry Houselstein
Nous proposons une garantie optionnelle d'assistance e-réputation qui permet justement l'intervention de l'une de ces sociétés spécialisées. Les prestations sont prises en charge dans le cadre du contrat.
Dr Wang M
Bonjour. Parmi les professionnels de santé, sommes-nous, généralistes, les plus concernés par des commentaires malveillants ? Sinon, qui d'entre nous ? Merci de votre réponse.
Dr Thierry Houselstein
Non, les médecins généralistes ne sont pas pour l'instant les plus ciblés par ces commentaires malveillants ou négatifs. Les confrères pratiquant la chirurgie et la médecine esthétique sont plus particulièrement visés. Les dentistes sont également ciblés.
Journaliste QDM (SL)
Ce Live chat est sur le point de se terminer. Dernière question...
-- Doc 35
Et si c'était la Sécu (ou la HAS ou l'Agence du DPC) qui était destinataire des commentaires des internautes et seule juge pour les rendre publics ou non ?
Dr Thierry Houselstein
Effectivement, il serait bien d'avoir de la modération en amont de la publication. Ce qui est le cas sur les Pages jaunes.
Un tel système serait à double tranchant, notamment concernant les questions de compétences par exemple. Et ce serait accepter que l'activité médicale soit encore plus contrôlée et surveillée, et ce sur la base de simples avis ponctuels.
Un tel système serait à double tranchant, notamment concernant les questions de compétences par exemple. Et ce serait accepter que l'activité médicale soit encore plus contrôlée et surveillée, et ce sur la base de simples avis ponctuels.
Journaliste QDM (SL)
Merci au Dr Thierry Houselstein et à Valérie Cordonnier d’avoir participé à ce Live chat avec les lecteurs du « Quotidien ». Le mot de la fin ?
Dr Thierry Houselstein
Un grand merci aux internautes et aux confrères qui ont suivi ce tchat ! Notre recommandation est bien évidemment d'être très vigilant sur l'image numérique que l'on peut avoir, de s'en préoccuper pour ne pas avoir justement à déplorer quelques mauvaises surprises.
Journaliste QDM (SL)
Merci à toutes et à tous pour votre participation. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour un nouveau Live chat.
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