L'UFML-Syndicat, un trublion qui veut rebattre les cartes

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Publié le 02/12/2019
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Loi Touraine, bilan conventionnel, autres syndicats… Le Dr Jérôme Marty aime tirer à vue

Loi Touraine, bilan conventionnel, autres syndicats… Le Dr Jérôme Marty aime tirer à vue
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Nous voulons devenir le premier syndicat représentatif de tous les médecins ». Le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), ne cache plus ses ambitions. Issue initialement d'un collectif de praticiens contestataires – les « médecins pigeons » – l'organisation s'est structurée en syndicat en 2016 (UFML-S), avec l'idée de défendre l'indépendance du médecin et la liberté de choix pour le patient. 

Pieds et poings liés

La marque de fabrique de l'UFML et de son leader ? Des prises de position extrêmement critiques envers l'État, les caisses mais aussi les autres syndicats médicaux.

La loi Touraine ? « Les médecins sont pieds et poings liés aux ARS et à l’État. La gouvernance régionale n’existe pas, les URPS sont devenues des chambres d’enregistrement », martèle le généraliste de Fronton, lui-même passé pourtant par la CSMF (2010) puis par la FMF (2015). La réforme Ma Santé 2020 ? Ce plan porte une « vision technocratique de l’organisation territoriale par sa gouvernance imposée et son paternalisme d’État ».

Le bilan conventionnel ? Il est lui aussi « négatif ». La rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) « bloque les honoraires des médecins et les rend directement dépendants du financeur », juge celui qui intervient tous les mardis aux « Grandes Gueules » sur RMC. Et d'enchaîner : « Près d’un généraliste sur deux est en burn-out, moins de 8 % des jeunes s’installent en libéral en sortant de l'Université… Alors que la profession médicale s’effondre, les syndicats se contentent de petits pas. Au lieu de discuter du C à 25 euros, on aurait dû défendre la sortie de la rémunération de l'ONDAM, voire la révision complète du financement de la santé et de la gouvernance des soins ». 

50 euros la consultation  

Désormais prêt à la prochaine bataille des élections professionnelles, l’UFML-S ambitionne d'incarner un syndicalisme médical nouveau « libre dans ses positions et ses relations avec l’État ». « Notre stratégie, c’est d’avoir dans toutes les régions des élus mobilisés pour peser non seulement sur la politique de santé, mais aussi sur le fonctionnement des unions régionales ».

L'organisation qui affiche 1 500 adhérents propose la suppression du financement des syndicats médicaux par leur signature conventionnelle et la remise à plat du système de rémunération des médecins libéraux avec « un espace de liberté tarifaire pour tous » et « l'alignement des tarifs des médecins sur la moyenne européenne ». « On doit arriver à 50 euros pour la consultation », lâche le généraliste.

« La profession doit balancer un grand coup de pied dans le marigot », nous confiait-il en août 2015 tout en admettant alors que « lancer un sixième syndicat aboutirait à morceler encore plus la profession... ». La volonté de secouer le marigot a été plus forte.       

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin