Le fonctionnement de l’hôpital d’un côté, la lutte contre les déserts médicaux et les pénuries de soignants de l’autre : tels sont les deux « immenses » défis du Premier ministre pour la santé. Dans son discours de politique générale, à défaut de pouvoir « faire des miracles », Michel Barnier a appelé à « trouver des solutions de terrain » pour concrétiser ces priorités. « Le temps est révolu où nous avions la crainte de former trop de médecins », a martelé le chef du gouvernement, qui s’est engagé à ouvrir 11 000 postes d’internat en 2025 (après le creux de cette année). Dossier sensible, le locataire de Matignon a dessiné un « programme Hippocrate » pour les internes « français et étrangers » qui pourront bénéficier d’un accompagnement de l’État et des collectivités en contrepartie d’un engagement à exercer dans les zones fragiles pour une période donnée.
Le Premier ministre n’a pas dit un mot du financement
De façon plus classique, Michel Barnier entend déployer « plus rapidement » les assistants médicaux, les bus de santé, les regroupements de professionnels ou la télémédecine. Il mise aussi sur le renfort des praticiens retraités, promettant un cumul plus « favorable » pour les inciter à « reprendre du service ». Le retour de l’exonération des cotisations retraite qui n’avait pas été reconduite après 2023 ? À suivre…
Surtout, il accentue la stratégie des délégations de tâches avec une prochaine loi sur le rôle élargi des infirmières et évoque la possibilité d’« aller plus loin » avec les pharmaciens et les kinés. Autre marotte : la lutte contre la bureaucratie. Le Premier ministre semble avoir entendu les requêtes de la profession sur le fardeau administratif, auquel il prévoit de « s’attaquer » avec la suppression des formalités qui « minent le moral ». Pour soulager les urgences, il promet à nouveau la généralisation du service d’accès aux soins (SAS) d’ici à la fin de l’année et le renforcement des complémentarités ville/hôpital. La santé mentale sera bien la grande cause nationale 2025, les débats sur la fin de vie reprendront au début de l’année prochaine et il n’y aura « aucune remise en cause des libertés », comme l’IVG, le mariage pour tous ou la PMA.
S’il n’a pas esquissé de révolution pour le secteur, le Premier ministre n’a pas non plus dit un mot du financement, prévenant toutefois que « l’argent magique » n’existe pas et que la chasse aux fraudes sera prioritaire. Alors que les arbitrages sur le budget de la Sécu sont imminents, quel sera le sort réservé à la santé ? « Il faut faire beaucoup avec peu », a-t-il averti avant de détailler l’état calamiteux des comptes publics… Et pour 2025, « deux tiers de l’effort viendront de la réduction des dépenses ».
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