Cinq ans plus tard, le pari semble presque réussi. En septembre 2019, la création d’un service d’accès aux soins (SAS) est inscrite comme mesure prioritaire dans le pacte de refondation des urgences. La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, promet alors cette plateforme universelle, accessible 24 heures sur 24 en ligne ou par téléphone et en charge de fournir à ceux qui la solliciteront « l'information et l'orientation sur tout le territoire pour toutes leurs questions de santé ». Avec à la clé une enveloppe pluriannuelle de 340 millions d’euros. À l’automne 2024, 96 % de la population métropolitaine est couverte, 89 SAS sont opérationnels et dix sont en cours de formalisation, selon les chiffres obtenus par Le Quotidien. Plusieurs fois repoussé, l’objectif d’une couverture à 100 % semble désormais accessible.
L’accouchement aura toutefois été plus long que prévu. Ce furent d’abord 22 sites, choisis fin 2020 pour une phase pilote et couvrant 40 % de la population française, puis la décision de l’implémentation d’une plateforme numérique nationale, et ensuite la promesse d’une généralisation à l’horizon 2023. La France compte alors 31 SAS opérationnels seulement… Ministre de la Santé en poste, l’urgentiste François Braun, ardent défenseur de ce service, crée une mission d’appui pour assurer cette extension dans tous les départements. Mais les libéraux freinent, le dispositif est jugé trop rigide et sous la tutelle des Samu. Enfin publié en juin 2024, le décret d’application assouplit le fonctionnement de ces plateformes en autorisant plusieurs numéros d’accès spécifiques et pas seulement l’appel au 15.
Sans médecin régulateur ou effecteur, rien n’est possible !
C’est surtout pour les médecins libéraux que le gouvernement a corrigé sa copie. Côté régulation, cela passe par la possibilité pour les généralistes d’y participer à distance, depuis leur cabinet par exemple, mais aussi par l’ouverture à différents profils de praticiens – libéraux, salariés des centres de santé, docteurs juniors, internes, remplaçants et retraités. Les assistants de régulation médicale renforcent les rangs. Côté effecteurs, des majorations tarifaires pour la prise en charge des soins non programmés régulés ont été pérennisées dans la convention. Car sans médecin régulateur ou effecteur, pas de SAS !
Le dispositif, encore fragile et dont le budget final n’est pas divulgué, devra faire ses preuves et être évalué partout, la pénurie médicale restant l’obstacle majeur. Dans son retour d’expérience des premiers SAS, le ministère observe une augmentation des appels – plus de 60 % donnant lieu à des conseils médicaux simples. Sans toutefois mesurer l’impact sur les urgences hospitalières ni sur l’accès aux soins des Français.
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