Courrier des lecteurs

Le serpent de mer du DPC

Publié le 10/05/2024
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Il y a quelques semaines de cela le Quotidien a développé le sujet de la certification médicale. Depuis des années on parle de l’obligation de cette action, et différents responsables (et ils sont nombreux, ce qui doit majorer la dette du DPC) ont été nommés pour mener à bien la formation des médecins. Il y a trois ans de cela au niveau ordinal dans les PO un des conseillers devait s’occupait de la validité des actions entreprises. Les volontaires n’étaient pas nombreux….

Cependant nous nous nous sommes rendus compte que ce vœu était pieu car aucune obligation n’a été actée (de nombreuses phases d’intimidation, mais sans que cette contrainte ne devienne effective, ont pu être observées). Pire certains confrères ont du renoncé à des programmes de DPC du fait d’un budget trop étriqué pour accepter toutes les demandes.

De ce fait sur les Pyrénées Orientales nous avons continué de poursuivre les autres actions ordinales (et elles sont nombreuses) en mettant de côté celle-là du fait de sa non application dans les faits.

En lisant cet article je suis resté quelque peu dubitatif sur la marche à entreprendre pour se former (quatre blocs distincts : avec un maintien des connaissances, qualité de la pratique, relation avec patients et santé, et santé personnelle du médecin). Cette fois on nous avertit que cette obligation devra être effective, et une mère fouettarde vérifiera le fait que les praticiens assurent cette certification.

On pourra également mettre dans l’escarcelle les différents congrès suivis, et effectuée par les sociétés savantes comme le CNGE ou le Collège de médecine générale. Tout cela est très amusant, car je ne vois pas trop comment avoir une certitude de la réalisation de certaines actions. De plus j’ai la nette impression une fois de plus que nous sommes dans le flou artistique concernant ce domaine que je n’arrive moi-même pas à définir de manière très claire.

Se former est utile, mais…

Il faut tout faut s’assurer que les professionnels de santé ne sont pas les dindons de la farce de cette nouvelle donne. Ce qui est plus difficile à accepter, c’est le fait que nous sommes régulièrement harcelés par des sociétés de formation qui nous menacent sans savoir réellement si nous avons effectué des actions de formation. Je pense que ce type de démarche doit être condamné, car souvent des personnes au bout du fil n’ont pas de scrupules pour nous dire que nous sommes irresponsables de ne pas suivre des DPC.

Les agents (ce sont avant tout des « redresseurs de torts » très agressifs) recrutés pour faire du « chiffre » empiètent sur les périodes de consultations allouées à nos patients. Ils arrivent à passer facilement le filtre du secrétariat en se faisant passer pour des confrères ou des organismes étatiques.

Ce qui me choque grandement, c’est l’argent reçu par ces structures ; très inconvenant à mon avis.

Parallèlement, nous voyons que certaines sociétés vont pouvoir continuer de former impunément avec des programmes n’ayant pas de véritable qualité. Il faut savoir qu’en le signalant, le plus souvent les responsables du cordon de la bourse en tiennent partiellement compte. Toujours est-il que la mise en place de cette certification, même si elle est actée dans les textes, a des chances une fois de plus d’être rangée dans les tiroirs.

De quelle manière sera-t-il possible d’évaluer l’absence de compétence d’un confrère, cela d’autant plus que certains feront croire qu’ils suivent des formations professionnelles qui seront en fait effectuées par la secrétaire (déjà vu) ou certains membres de la famille ? Peut-on accepter d’interdire le travail pour des médecins n’ayant pas observé les règles édictées ?

Ce constat est d’autant plus vrai qu’il est difficile d’accepter le fait que par ce biais on puisse réduire le nombre de praticiens déjà peu nombreux. Et cette fois ce ne sont pas les Ordres qui auront le pouvoir, mais les patients.

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Dr Pierre Francès, généraliste à Banyuls-sur-Mer (66)

Source : Le Quotidien du Médecin