En termes de méthodologie, les points à aborder ont été travaillés en ateliers collaboratifs avec les membres du collectif. Le CSA a ensuite proposé le questionnaire à un panel de 1 000 femmes parmi la population générale. 275 femmes de santé qui n'ont pas participé aux ateliers de travail, ont aussi pu répondre au sondage : ont-elles la même perception de leur propre santé que les femmes du grand public ? Résultats.
Comme toutes les autres, les femmes de santé font de leurs proches une priorité
Tout d'abord, il a été confirmé (on connaît maintenant les concepts de charge mentale et de charge mentale médicale) que les femmes font de leurs proches une priorité pour 85 % d’entre elles ; la santé de leur entourage arrive en seconde position (83 %) et passe avant leur propre santé qui n’arrive qu’en troisième position (77 %). Cet ordre de priorité n’est pas différent pour les femmes qui travaillent dans la santé, cependant le degré d’importance concernant leur propre santé est moindre (le cordonnier est toujours le plus mal chaussé).
66 % des femmes du grand public estiment que leur état de santé a un impact global sur leur vie, et notamment sur leur activité physique et leur vie quotidienne, et dans une moindre mesure sur leur sexualité ou leur travail. L’état de santé a un plus gros impact sur la vie des membres du collectif que sur les femmes de la population générale. Le biais semble plutôt logique.
Ce baromètre montre en outre que moins de trois femmes sur dix se sentent tout à fait informées sur la prévention, le dépistage, la fréquence de suivi et uniquement deux femmes sur dix sur l’évolution de la santé au cours de la vie. Cela vous laisse imaginer les enjeux de santé publique autour de la ménopause ! De plus, 35 % des sondées estiment que la société ne se préoccupe pas de la santé des femmes, ce chiffre s’élève à plus de 65 % chez les Femmes de santé, plus au fait. Aouch. La santé de la femme demeure un enjeu majeur de santé publique, encore trop peu développé.
65 % des Femmes de santé estiment que la société ne se préoccupe pas de la santé des femmes
24 % des Femmes de santé sans médecin traitant
Un résultat éloquent : 87 % des femmes interrogées se considèrent en bonne santé, pourtant, près de la moitié de ces femmes se déclarant en bonne santé sont atteintes d’un problème de santé (ce nombre atteint 62 % chez les Femmes de santé), et même deux femmes sur dix d’un problème moyennement grave voire grave ! Cela confirme que les femmes « s’oublient » ou « minimisent » leur propre état de santé. Chez ces femmes ayant un problème de santé, 17 % ne sont pas inquiètes et pensent que leur problème va se résoudre tout seul. Cependant, un quart évoquent des difficultés à trouver des solutions médicales. 8 % ne trouvent pas de médecin pour traiter leur problème de santé (on aurait pu penser ce chiffre plus important car il atteint 24 % chez les Femmes de santé !)
Côté « travail », les trois quarts des femmes estiment qu’il est toujours difficile de concilier maternité et vie professionnelle. Cela participant on le sait à une inégalité professionnelle de genre. Et plus de la moitié des femmes trouvent que l’entreprise n’agit pas en termes prévention santé. Pourtant de nombreuses solutions peu coûteuses permettraient aux employeurs d’agir efficacement.
Des difficultés à parler de leur santé pour plus de la moitié des Femmes de santé
Parlons du problème qui fâche… Si 81 % des femmes, sans problème de santé, sont satisfaites de la prise en charge de leur santé (ce qui semble plutôt normal et pourrait être encore plus élevé), ce nombre passe à 72 % chez les femmes atteintes d’une maladie chronique et décroche à 60 % pour les femmes avec plusieurs pathologies. Le manque de professionnels de santé aux alentours du domicile est la principale cause de non-satisfaction de la prise en charge de la santé, y compris pour les Femmes de santé. Si les professionnels sont présents, leur manque d’écoute et le manque d’efficacité des traitements qu’ils proposent ont un impact sur la satisfaction des patientes.
Et je terminerais par ce fait, 35 % des femmes interrogées estiment qu’il est difficile de parler de leur santé à un professionnel (56 % pour les membres du collectif !), ou à un proche (47 % pour les femmes de la population générale et 63 % des Femmes de santé). Libérer la parole et le tabou autour de la santé de la femme est donc essentiel, y compris et surtout pour nous, les femmes qui travaillons dans le secteur de la santé.
Éditorial
Une place ténue à la COP29
Comment sauver les antibios dans la jungle de l’info ?
Débat
58 % des médecins confrontés au burn-out ou à la dépression : comment en sortir ?
C’est vous qui le dites
« On m’a rapporté des consultations de généralistes à 150 euros »