Il y a quelques mois de cela, une jeune maman d’origine algérienne vient me voir car son compagnon est violent à son égard. Elle est arrivée en France 10 ans auparavant, et a éprouvé de grandes difficultés à s’insérer dans la société. Cependant, nous ne pouvons que tirer notre chapeau car elle a voulu coûte que coûte s’intégrer en France.
Cette dernière me montre les ecchymoses multiples au niveau du thorax, et m’explique avoir alerté plusieurs fois la force publique, mais aussi les associations dédiées à la défense des femmes violentées de notre département (il est difficile réellement de les dénombrer en totalité, mais elles sont nombreuses). Tous ces intervenants ont eu un discours très empathique, mais la prise en charge a été, il faut le dire, très minimaliste. Aucun déplacement de la part de ces personnes, qui ont pour tâche d’aider les femmes en détresse, n’a été acté.
Quelles raisons à ce manque de réactivité ?
Dans un premier temps je me suis demandé les raisons de ce manque de réactivité. En fait l’ex-mari présente une pathologie psychiatrique assez lourde (il a été déjà condamné pour des violences à l’égard de voisins qu’il jugeait trop bruyants), mais surtout, ce dernier ne cesse d’avoir des discours intégristes assez « rétrogrades » en ce qui concerne les femmes, qui doivent rester dans leur foyer et ne doivent pas avoir accès à des études universitaires.
Aussi, pour éviter de rester les bras ballants, j’ai envoyé un certificat (par mail) de coups et blessures en direction du procureur de la République. Très rapidement les forces de l’ordre ont accepté de prendre la plainte de cette patiente. Par contre, aucune association féministe n’est intervenue pour soutenir cette personne en grande détresse morale.
Des exemples qui témoignent d’une absence de liberté pour certaines femmes
Cette image, je la garde également très ancrée dans mon esprit, cela suite à mon déplacement sur les différents sites de la grande exposition de photojournalisme sur Perpignan : Visa pour Image. Un des journalistes, avec une grande pudeur, a montré le sort réservé aux femmes afghanes qui ne peuvent plus s’instruire, doivent se voiler intégralement, sont victimes pour certaines de lapidation. Ce qui me fait très mal, c’est de voir qu’aucune association féministe ne s’est déplacée sur un plateau télé pour dénoncer cette ignominie.
Nous sommes une démocratie qui a pour règle de permettre à tous les citoyens d’avoir les mêmes droits
Tout aussi dérangeant est la situation très inconfortable d’une athlète afghane qui a osé s’exprimer sur les conditions des femmes, et a voulu montrer avec son témoignage l’importance d’une mobilisation pour que les femmes de son pays d’origine puissent être plus affranchies. Son comportement a été à l’origine d’un déchaînement de messages sur la toile, parfois injurieux. Ce qui est intolérable, c’est de voir que cette athlète a été insultée par des personnes indélicates qui vivent sur le sol français.
Comment est-il possible d’accepter de tels agissements de la part de ressortissants français ou en passe de le devenir ? Nous sommes une démocratie qui a pour règle de permettre à tous les citoyens d’avoir les mêmes droits. Dans ce cas, nous devons être fermes vis-à-vis d’agissements d’intégristes qui mettent à mal les règles édictées par notre société.
Une fois encore, je reste très surpris par le mutisme des associations en charge des violences féminines qui savent pérorer pour vanter leurs actions, mais qui restent au final peu actives sur le terrain dès lors qu’une possible menace sur leur petite personne pourrait survenir. Il est facile de parler, mais plus difficile d’agir pour une cause que nous souhaitons défendre.
« Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». Nelson Mandela.
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