Face aux huit millions de Français dépourvus de médecin traitant, les infirmiers ont des solutions à apporter, a argumenté le 19 octobre Patrick Chamboredon, président de l'Ordre national des infirmiers, lors d'un point presse.
Pour appuyer son propos, l'Ordre se fonde sur de nouvelles projections sur la démographie infirmière. Principal enseignement : la population infirmière devrait croître entre 37,5% et 61,7% d’ici à 2040 face à des besoins qui pourraient augmenter a minima de 54%.
« La seule réalité, c'est que les besoins vont beaucoup augmenter dans les prises en charge, affirme Patrick Chamboredon. Présents actuellement sur l’ensemble du territoire, les infirmières et infirmiers ont un rôle majeur dans l’accès et la continuité des soins. Leur rôle sera encore plus crucial auprès d’une population qui va devenir plus âgée et qui souhaitera tout de même vieillir chez elle. Aussi, il est indispensable de mieux reconnaître leurs compétences dans le parcours de soins en leur donnant plus d’autonomie. »
Alors que l'Assemblée examine en première lecture le budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, l'Ordre des infirmiers constate le maintien de mesures antérieures mais pas forcément de grand soir. On retrouve dans le projet de loi la participation des infirmiers à la campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges ainsi que celle aux rendez-vous de prévention.
Dans la continuité d'une expérimentation, un article renforce toutefois la possibilité pour les médecins du travail de déléguer certaines tâches à des infirmiers qualifiés dans le cadre du renouvellement périodique de l'examen médical d'aptitude des salariés agricoles.
Suractivité infirmière
Plusieurs autres sujets sensibles et potentiellement sources de tension avec le monde médical ont été abordés, comme les limites du champ de compétences de chaque profession de santé. « Les infirmiers réalisent de manière empirique des actes qui dépassent largement le champ de ce qu'ils ont appris à l'école », explicite Patrick Chamboredon. Dans les déserts médicaux, l'Ordre infirmier constate ainsi une suractivité infirmière avec « des prises en charge pouvant ne pas être dans les clous ».
Autre sujet important, la montée en puissance des infirmiers en pratique avancée (IPA) et la normalisation de l'accès direct aux paramédicaux, sur laquelle le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a émis des réserves lors des dernières universités de la CSMF. « C'est un sujet très politique depuis les discussions engagées en 2018 », constate Patrick Chamboredon. Sans remettre en cause le rôle du médecin et l'importance du diagnostic médical, le président de l'Ordre n'a guère apprécié la fraîcheur du nouveau ministre de la Santé sur le sujet.
Enfin, issu de la proposition de loi Valletoux en discussion au Sénat, le principe d'infirmier référent (chargé d’une mission de prévention et de suivi) fait son chemin. Mais tout reste à construire. « Ce professionnel pourrait être un vrai levier dans la prise en charge des patients. On pourrait lui permettre de modifier certains traitements pour un temps donné, en articulant sa mission avec celle des infirmiers en pratique avancée », s'enthousiasme Patrick Chamboredon.
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