Les politiques, ces incorrigibles citadins, ne parlent jamais autant de la campagne que lorsqu’ils sont… en campagne ! Comme à l’accoutumée, on a donc vu tous les candidats se succéder au Salon de l’Agriculture qui vient de fermer ses portes. Et ces derniers temps, les uns et les autres ont redécouvert les vertus de la ruralité, à force notamment de déclarations fracassantes sur les déserts médicaux. Bien consciente que ces déserts-là sont un véritable terreau pour l’extrême droite populiste, Marine Le Pen a annoncé tout de go qu’elle se faisait fort de stopper demain « l’hémorragie » de généralistes dans ces endroits reculés. On ignore au juste comment elle s’y prendrait, sinon en augmentant le numerus clausus, en faisant les yeux doux aux médecins retraités qui acceptent de rempiler, en y envoyant manu militari des internes et en développant encore davantage les MSP…
Tout ça pour ça ? À la vérité, la recette FN pour les zones blanches n’est guère différente de celles d’un Macron ou d’un Fillon sur le sujet. Dans cette compétition, seuls Valls (mais il est éliminé) et Hamon (mais il vient de réviser sa copie) ont prôné la manière forte et une régulation plus poussée des installations. Reste que, au total, l’indigence de propositions qui soient à la fois originales et sérieuses pour médicaliser les zones sous-denses en dit long sur la gravité du problème et sur l’impuissance des politiques de tous poils à y porter remède.
Du fond de leur terroir, les médecins de campagne doivent décidément se sentir bien seuls. Faut-il qu’ils reprennent espoir en écoutant les dernières annonces de leur ministre ? Adversaire déclarée de toute coercition, Marisol Touraine vient en effet de mettre au point une méthode sophistiquée pour (re)définir les secteurs en pénurie médicale… et les aider. L’avenue de Ségur assure qu’ainsi, deux fois plus de Français –soit 12 millions de nos concitoyens- seront bientôt placés en zones médicalement sous-denses. Mais quand ? Cela dépendra du travail des ARS… Et où ? Il est probable que les « quartiers », eux aussi en mal de praticiens, ne soient pas concernés… Pour qui ? Encore faudrait-il convaincre les jeunes médecins. Enfin, pour quelles nouvelles aides ? On l’ignore précisément. Au total, cela fait beaucoup de « si » pour pouvoir donner le « la » d’une nouvelle politique de remembrement sanitaire. Et pendant ce temps-là, les élus locaux s’impatientent et donnent eux aussi de la voix.
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