Cela faisait partie des grandes mesures du plan « Ma Santé 2022 » présenté en septembre 2018. Pour lutter contre la désertification médicale, Emmanuel Macron annonçait la création en urgence de 400 postes de généralistes salariés ou à exercice mixte dans les zones sous-denses.
Le dispositif se compose de deux volets. Un premier concerne des postes de jeunes médecins généralistes à exercice partagé entre une structure hospitalière et un exercice ambulatoire dans une zone sous-dense (zone d’intervention prioritaire, zone d’action complémentaire, quartier prioritaire de la politique de la ville). Le second apporte un soutien financier à des acteurs susceptibles de proposer des postes de médecins salariés, en centres de santé essentiellement. Une garantie de ressources minimum est assurée le temps que le généraliste se constitue une patientèle, suivant le principe des aides à l’installation qui existent dans l’actuel contrat de début d’exercice (ex PTMG).
70 % des postes dans le cadre du volet 100 % salariat
Malgré le caractère « urgent » de la mesure, le dispositif, lancé au deuxième semestre 2019, a démarré timidement. D’après les chiffres de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), en décembre 2019, 76 postes avaient été pourvus, 121 en septembre 2020. L’année 2021 a été plus porteuse. D’après le dernier bilan, arrêté en septembre 2021, 237 postes ont trouvé preneurs depuis le lancement du dispositif dans toute la France (données manquantes pour la Guyane et La Réunion). Et d’ici la fin de l’année, 249 postes devraient être pourvus.
Répartition des 249 postes qui auront trouvé preneurs d’ici fin 2021. (Source : DGOS)
Dans le détail, 70 % des postes pourvus ou qui le seront l’ont été dans le cadre du volet 100 % salariat et le recrutement a été assez hétérogène selon les régions. Par ailleurs, un tiers des 237 recrutements ont eu lieu dans des zones rurales.
Des pistes pour développer l’exercice mixte
Pour l’instant, le développement de l’exercice mixte semble donc être assez compliqué. Pour ceux qui ont trouvé preneurs, il s’agissait souvent de projets de recherche en santé, de postes dans des Pass (permanences d’accès aux soins de santé), ou dans des services de pédiatrie, d’oncologie, etc., pour des généralistes qui se spécialisent dans le cadre d’un projet professionnel notamment. Et la majorité des postes pour lesquels des recrutements ont eu lieu étaient à l’AP-HP.
« Nous avons constaté dans notre bilan et les échanges que nous avons eus, avec les agences régionales de santé (ARS) et la Fédération hospitalière de France (FHF) par exemple, qu’il était compliqué pour un médecin d’avoir un exercice à temps partiel et pérenne dans un établissement de santé car les statuts disponibles – vacataires, praticiens hospitaliers contractuels – sont plus précaires », explique le Dr Sophie Augros, conseillère médicale « soins primaires et professions libérales » de la DGOS.
Mais les mesures du Ségur, avec l’évolution des statuts des praticiens hospitaliers, « vont permettre d’accentuer cette possibilité de temps partiel à l’hôpital et rendre plus facile un exercice mixte ».
Autre frein, la difficulté à co-construire dès son début de carrière son projet libéral et hospitalier. « C’est une problématique structurelle de l’exercice mixte qui n’est pas forcément liée à notre dispositif », souligne le Dr Augros. Outre l’évolution des statuts de praticiens hospitaliers, pour donner un second souffle à ce volet mixte, le ministère mise sur le développement des hôpitaux de proximité. Car, si la partie ambulatoire doit se faire dans une zone sous-dense, le développement de ce type de structure va permettre de rapprocher géographiquement les deux exercices. Or la possibilité de passer d’un exercice à l’autre facilement au niveau logistique est souvent un élément déterminant pour les généralistes.
Au niveau de la communication, le ministère entend aussi, pour ce volet, améliorer l’information auprès des établissements de santé, qui n’avaient pas forcément été ciblés au lancement du dispositif.
Sur le volet 100 % salariat, le développement du dispositif va de pair avec le déploiement des centres de santé pluriprofessionnels, « qui est un des engagements de l’action publique », souligne le Dr Augros.
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