Ils étaient dix, il y a une dizaine d’années. Les médecins généralistes exerçant sur les douze communes des Portes de Vassivière, en Limousin, ne sont plus que trois désormais, pour 5 717 habitants. Pour tenter d’enrayer la désertification médicale dans le secteur, la communauté de communes a fait le pari, comme deux autres communautés de communes avant elle en France, de créer un centre de santé pour attirer de jeunes médecins.
Le territoire ne manque pas de charme. Eymoutiers, la ville phare, compte 153 entreprises, dont 53 petits commerces. Le centre bourg est attractif, l’offre culturelle intéressante et le lac de Vassivière, baptisé « le petit Canada », ne laisse aucun amoureux de la nature insensible. « On n’est pas une cité-dortoir », narre Hanissa Hocini, directrice générale des services à la communauté Portes de Vassivière. Mais le constat est sans appel. « Un habitant sur deux a plus de 60 ans et il faut revitaliser le territoire où l’offre de soins ne couvre plus la demande. »
À l’équilibre dans trois ans
Le centre de santé qui va ouvrir au public début janvier doit y contribuer. Situé à Eymoutiers, il dispose de trois antennes à Bujaleuf, Peyrat-le-Château et Nedde. « Cela évite aux patients de se déplacer jusqu’à Eymoutiers », se félicite le Dr Patrick Brun, élu communautaire et coordinateur de ce projet. Pour un coût de 229 000 euros (comprenant le prix des locaux, le matériel médical, les ordinateurs, les salaires des quatre médecins et de la secrétaire médicale), l’ARS a apporté 65 000 euros d’aide, soit 47 % du coût total et l’Assurance-maladie a contribué à hauteur de 20 000 euros. « On espère arriver à un équilibre au bout de trois ans, c’est un pari audacieux », reconnaît Hanissa Hocini.
Pour lancer ce nouveau centre de santé, trois médecins retraités ont accepté de venir en renfort, travaillant chacun un jour par semaine. Au total, le centre possède quatre médecins, soit l’équivalent d’1,3 temps plein. Pour le Dr Brun, les raisons de leur retour à la vie active, même temporaire, sont assez évidentes. « C’est une façon de partir en retraite de manière plus douce, sans transition brutale. En tant que médecin, cela nous titille toujours un peu de lâcher nos patients au moment de terminer notre carrière. Il y a aussi ce côté humain, l’envie d’aider les gens qui nous anime. L’un d’entre eux était aussi heureux de revoir ses anciens patients », note le Dr Brun.
Haro sur la paperasse
Le Dr Jean-Paul Leventoux, parti à la retraite en avril 2023 est de ceux qui ont accepté de reprendre le stéthoscope. « Le but, c’est de mettre le pied à l’étriller à un système qui, on l’espère, va attirer de jeunes médecins par la suite », note-t-il. « Le travail sera totalement différent. Je vais exercer un jour par semaine alors que par le passé, j’effectuais 10 heures par jour en moyenne, sans compter les gardes. Au plus fort, je travaillais non-stop de 9 heures à 21 heures en mangeant un sandwich dans la voiture. Les jeunes médecins ne veulent plus de cette vie et cela peut s’entendre. Là, on est salarié et le centre de santé s’occupe de tout le côté administratif qui, pour moi est un énorme frein à l’installation. »
Hanissa Hocini salue ces médecins qui « participent par solidarité, s’engagent pour le territoire qu’ils aiment profondément ». Et la directrice générale d’ajouter avec humour : «Nous avons attiré des jeunes, mais des jeunes retraités. Désormais, on va tenter d’attirer des jeunes tout court. »
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