À la fin de l’été, une polémique naissait sur la place faite aux praticiens des médecines alternatives sur la plateforme de prise de rendez-vous en ligne Doctolib.
Face aux remontées et aux critiques, le leader Français avait pris plusieurs mesures d’urgence avec notamment la suspension de plusieurs profils de naturopathes ou la suppression du délai de 15 jours entre l’inscription du praticien et la vérification du droit d’exercer de celui-ci. Mais Doctolib avait surtout annoncé le lancement d’une consultation pour établir un plan d’action afin de renforcer le contrôle et la modération des profils d’activités légales non réglementées.
5 700 professionnels concernés
Après six semaines de consultation auprès d’une quarantaine d’acteurs, la décision est prise : la plateforme va se recentrer exclusivement sur les professions de santé réglementées de la santé, soit celles pour lesquelles un numéro RPPS ou Adeli valide un droit à exercer. Doctolib a rencontré notamment les Ordres professionnels, les syndicats, les associations de patients, des représentants des praticiens de bien-être ou encore la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de luttes contre les dérives sectaires) avant de prendre cette décision.
Une décision qu’Arthur Thirion, directeur France de Doctolib, qualifie de « forte de la part d’un acteur privé », mais « évidente quant à l’ADN » de la plateforme.
Ce sont les grands enseignements sortis de la consultation qui ont mené Doctolib à prendre cette mesure. Car si comme le rappelle Arthur Thirion les activités de bien-être sont légales, répondent à une demande patient et sont parfois référencées dans les parcours de soins et les établissements de santé, raison pour laquelle elles étaient présentes sur Doctolib, elles ne sont pas encadrées par les autorités sanitaires.
« Il n’existe pas de moyens à notre disposition, objectifs et exhaustifs, de vérifier le niveau de qualification de ces praticiens », explique-t-il. « Comme Doctolib est aujourd’hui identifié comme un tiers de confiance, nous estimons avoir une responsabilité vis-à-vis de nos utilisateurs sur la qualité des informations et leur vérification », ajoute-t-il.
La plateforme a donc estimé que ce n’était pas son rôle de jouer les arbitres et de prendre la responsabilité de juger du droit d’exercice d’un praticien par rapport à un autre.
En tout, ce sont donc 5 700 praticiens qui vont devoir quitter la plateforme, soit un peu moins de 3 % du nombre d’utilisateurs côté professionnels. Le nombre de rendez-vous pris dans le champ de ces professions non réglementées représentait jusqu’à présent 0,3 % du total des prises de rendez-vous sur Doctolib. Les professionnels qui vont être notifiés ce 26 octobre de leur « exclusion » de la plateforme, auront six mois pour la quitter.
Une demande de régulation de ces professions
« La décision a été unanime », souligne le Dr Jonathan Favre, généraliste à Villeneuve d’Ascq et membre du comité médical de Doctolib. « L’objectif est d’améliorer la qualité du service pour avoir des professionnels qualifiés dont les compétences sont vérifiables et donner le meilleur aux patients », explique-t-il.
Quant à la possibilité d’avoir une décision à moitié qui aurait exclu certains professionnels et pas d’autres, elle n’était pas viable. « Certaines professions, comme les sophrologues par exemple, sont plutôt reconnues et il n’y a pas forcément de rejet, explique le Dr Favre. Mais le problème est qu’il est impossible de certifier les diplômes de ces professionnels et donc leurs compétences ».
Par ailleurs, comme l’analyse le généraliste, les consultations ont montré qu’en matière d’adressage entre médecins vers ces disciplines c’est davantage le bouche-à-oreille, les réseaux informels qui fonctionnent. « Pour cette relation de confiance au sein des parcours de soins, les professionnels n’avaient donc pas besoin que Doctolib serve d’outil. »
Et encore une fois, « ce n’est pas le rôle de Doctolib d’avoir un avis subjectif sur une profession plutôt qu’une autre ou un praticien plutôt qu’un autre », rappelle Arthur Thirion.
D’où cette décision qui renvoie la balle aux autorités sanitaires. Car le choix de Doctolib pourrait aider certaines professions à pousser encore un peu plus pour une réglementation et une meilleure régulation.
« Lors des consultations, certaines professions nous ont confié leur volonté d’être réglementées, justement pour être qualifiées et ne plus être associées à des pratiques déviantes », précise le Dr Favre.
Pas certain que les pouvoirs publics aient prévus de mettre ce sujet sur la table pour le moment, mais Doctolib indique en tout cas « se tenir à la disposition des pouvoirs publics pour contribuer à une réflexion sur ce sujet ».
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