L'ordonnance dématérialisée va-t-elle enfin se démocratiser ? Véritable outil de coordination entre le médecin et le pharmacien, la prescription électronique en est encore à ses balbutiements en France – très en retard par rapport à l'Espagne ou au Danemark, par exemple. La CNAM et le gouvernement veulent généraliser l'ordonnance numérique à l'horizon 2019. Le sujet fait partie des négociations de l'Accord cadre interprofessionnel (ACIP) qui ont repris la semaine passée entre l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et l'Assurance maladie. « Dématérialiser l'intégralité des prescriptions » figure aussi dans les axes du chantier numérique de la Stratégie de transformation du système de santé d'Agnès Buzyn.
À ce jour, seuls trois départements en France (Val-de-Marne, Saône-et-Loire, Maine-et-Loire) ont pu expérimenter la prescription électronique de médicaments (PEM2D), lancée en 2015 par l'Assurance maladie. Le principe : le patient récupère à la fin de sa consultation un QR code sur papier qu'il peut ensuite présenter dans une pharmacie pour récupérer le contenu de son ordonnance. La CNAM souhaite désormais étendre ce modèle à l'ensemble du territoire. Nicolas Revel l'a laissé entendre aux syndicats la semaine passée en négos ACIP.
Syndicats partants sous conditions
Sur le principe, les représentants de la profession ne sont pas opposés à la e-prescription, mais posent tout de même certaines conditions. « Cela ne doit pas devenir une nouvelle usine à gaz », prévient le président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon. « Il est indispensable d'avancer sur le sujet du numérique, mais il reste à déterminer qui va gérer les données », indique le Dr François Wilthien de MG France. Le patron de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, prône lui « un système simple ». Selon lui, le dispositif de QR code testé dans trois départements « est déjà dépassé » et doit être réétudié. Les syndicats sont également très vigilants et réclament que les données transmises via ces ordonnances dématérialisées soient sécurisées.
La CNAM leur a proposé la semaine passée une solution de stockage des ordonnances sur un serveur lui appartenant. Cette idée n'est pas du goût des syndicats. Ils refusent que l'assurance-maladie ait accès aux prescriptions a priori. « Cela inquiète les médecins que l'Assurance maladie ait accès à ces données, bien qu'elle nous garantisse que ce serveur est sécurisé », explique le Dr Ortiz.
Des ordonnances stockées sur les DMP ?
L'UNPS a formulé une contre-proposition et suggère que les ordonnances soient stockées directement sur le Dossier médical partagé (DMP) du patient. « Ces données appartiennent au patient et c'est à lui de décider s'il veut utiliser l'ordonnance dématérialisée, c'est pourquoi le stockage sur le DMP est une excellente idée », ajoute le vice-président du SML, le Dr William Joubert. Faut-il encore que les Français aient tous un DMP. Si Nicolas Revel a promis sa généralisation d'ici la fin de l'année, il reste facultatif et seuls les patients en possédant un pourraient alors bénéficier de la e-prescription. Les prochaines réunions ACIP, qui courent jusqu'au mois de juin 2018, devraient permettre aux syndicats et à la CNAM de trouver un accord sur les conditions du déploiement de l'ordonnance électronique.
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