Dynamique, le secteur des healthtech (biotechnologies, technologies médicales et santé numérique) regroupe 3 000 entreprises, développe quelque 2 000 médicaments (dont un quart cible les maladies orphelines) et repose sur des innovations extrêmement variées, allant des thérapies cellulaires à l’IA en santé en passant par des dispositifs médicaux de pointe. Comptant 60 000 emplois – et avec l’objectif d’en atteindre 180 000 d’ici à 2030 –, cet écosystème représente un indéniable catalyseur de croissance, qui reste malgré tout fragile, alerte France Biotech, le lobby patronal qui fédère les entrepreneurs de l’innovation dans la santé.
À la veille des arbitrages budgétaires, le secteur redoute en effet que Bercy rabote le périmètre du crédit impôt recherche (CIR) pour réaliser des économies à hauteur de 450 millions d’euros dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025. France Biotech, qui vient de publier son deuxième état des lieux de la santé des healthtech, plaide au contraire pour un « soutien renforcé » de l’État car les besoins de financement sont croissants. Il convient de créer un « environnement favorable », y compris en termes de recherche clinique, de développement pharmaceutique et d’accès au marché, souligne l’association d’entrepreneurs.
Il n’y a pas eu d’introduction en bourse d’entreprises du secteur depuis 2022
Frédéric Girard, président de France Biotech
Côté financier, le baromètre révèle que le CIR est utilisé par 95 % des adhérents healthtech sondés. Ce dispositif « incontournable » représente entre 10 et 20 % de leurs dépenses d’exploitation. Preuve de cette dépendance, en 2024, les deux tiers des entreprises ont demandé un remboursement immédiat du CIR, même si elles font également appel à d’autres aides comme la Banque publique d’investissement ou France 2030. D’où la nécessité de ne pas fermer ce robinet de recettes…
De fait, le secteur reste vulnérable : le cadre réglementaire s’est durci et la situation comptable des sociétés est même plus fragile qu’en 2022-2023 après un pic d’investissement l’année précédente. En juillet 2024, 88 % des entreprises se sentaient « impactées » par le contexte économique et politique, avec une aggravation des difficultés liées au financement, à l’inflation et à la hausse des prix des prestataires. La preuve ? « Il n’y a pas eu d’introduction en bourse d’entreprises du secteur depuis 2022, pointe le nouveau président de France Biotech, Frédéric Girard. Cela révèle une absence d’horizon de sortie de la crise pour les investisseurs. »
En quête de levées de fonds
Autre illustration des difficultés, la réserve de trésorerie moyenne s’est réduite. En décembre 2023, un tiers des entreprises disposaient d’un maximum de douze mois de trésorerie. En juillet 2024, les deux tiers se retrouvaient dans cette situation incertaine. Pire, un quart des sociétés disposaient à cette date d’un horizon de cash disponible de trois mois ou moins, une dégradation plus marquée chez les biotechs que parmi les start-up en santé numérique et les medtech/diagnostic. Or les besoins en financement sont en augmentation : 71 % des entreprises sont en quête de levées de fonds, pour un montant moyen de 15 millions d’euros. Si une majorité de dirigeants se félicitent de leurs relations solides avec leurs investisseurs, le baromètre révèle que 61 % des entreprises rencontrent des difficultés pour trouver des financements bancaires.
Dans ce contexte, France Biotech avance plusieurs priorités stratégiques pour soutenir la compétitivité de la filière : l’accès des industriels aux « informations clés » ; le soutien au financement de l’innovation (y compris avec des crédits internationaux) ; l’accompagnement dans les évolutions réglementaires du secteur ; le soutien au développement « préclinique, clinique et industriel » à chaque étape du parcours (de la recherche à la commercialisation) ; la création d’un environnement favorable pour l’utilisation des données patients et l’intégration de l’IA dans les solutions ; et enfin l’attractivité « pour attirer les talents ». Autre suggestion : la prise en charge des dispositifs médicaux numériques à usage professionnel. Tout un programme…
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