Médiveille, l’appli imaginée par un généraliste auvergnat pour les soins non programmés

Publié le 14/12/2017
Médiveille

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Crédit photo : alb

Le Dr Cyrille Charbonnier a longtemps été régulateur du centre 15 de l'hôpital Henri Mondor à Créteil. Fin 2013, il reçoit un appel d’une femme qui cherche à voir un médecin en consultation un samedi à 11 heures, mais n’étant pas parisienne elle ne sait pas à qui s’adresser. « Je me suis dit que c’était quand même dommage de ne pas avoir un système pour savoir quel généraliste était disponible et où. » C’est la genèse du projet Médiveille. Après cinq ans de travail, le 1er janvier 2018 sera donc lancée l’application Médiveille. Elle permettra au patient de trouver en temps réel un médecin disponible proche de lui. « Nos cibles sont les patients sans médecin traitant, en vacances ou en déplacement professionnel », explique le Dr Charbonnier, lui-même installé depuis 2014 au Puy-en-Velay dans un cabinet de soins non programmés.

Géolocalisation et information en temps réel

Pour l’utilisateur l’application est gratuite et ne demande pas de s’enregistrer, ce qui évite la collecte ou la transmission de données de santé. Le patient se connecte à l’application, il est tout de suite géolocalisé et peut voir tous les médecins à proximité avec leurs noms et leurs coordonnées. Ceux qui apparaissent sous la forme d’une icône verte sont les généralistes abonnés à l’application qui ont renseigné être libres à ce moment-là. En effet pour 19,90 euros par mois, les généralistes peuvent indiquer en temps réel quand ils sont disponibles pour des consultations non programmées. Ils peuvent également renseigner un calendrier de ces plages horaires.
 

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Soutien des institutionnels 

Pour pouvoir porter son projet le plus loin et le plus efficacement possible, l’équipe de Médiveille est allée frapper à la porte des institutionnels. « Nous travaillons en étroite collaboration avec tout le monde : l’Ordre, le ministère de la Santé et les ARS. Nous avons fait une demande de labellisation, des demandes d’expérimentation de terrain », explique le Dr Charbonnier. Ces diverses démarches lui auront permis de récolter d’ores et déjà des soutiens de poids. Le Conseil départemental du Val-de-Marne, par l’intermédiaire de son président Dr Bernard Le Douarin se dit prêt, avec le soutien de l’ARS, à « faciliter la mise en place d’un dispositif expérimental Val de Marnais pour faire entrer en relation patients et médecins ». Idem en Haute-Loire où le président du CDOM43 note toutefois : « la difficulté sera peut-être de trouver un nombre suffisant de médecins », pour cette expérimentation. Le délégué ministériel à l’Innovation en santé, le Pr Jean-Yves Fagon, a quant à lui adressé une lettre au Dr Charbonnier dans laquelle il qualifie Médiveille de projet « prometteur », nécessitant « une expérimentation en vie réelle pour mesurer ses impacts ». « Sur la Haute-Loire et le Val-de-Marne, notre objectif est de faire des remontées de terrain plus précises, chiffrées », souligne le Dr Charbonnier, même si le lancement est national dès janvier.

Une consultation majorée en cas d'urgence ? 

Médiveille compte aussi sur la signature d’une convention avec l’Ordre du 94, l’AP-HP et le SAMU 94. « Aujourd’hui en journée, le SAMU n’a aucune ressource pour connaître les généralistes disponibles », note le médecin auvergnat. Le but est donc de permettre au SAMU d’utiliser l’application et espère qu’en retour les généralistes pourront utiliser la cotation MRT. « C’est une majoration de 15 euros, effective au 1er janvier, lorsque le patient est adressé au généraliste par le SAMU pour un acte qui n'est pas une urgence vitale mais qui peut nécessiter un avis dans la journée », explique Cyrille Charbonnier. Normalement réservée au médecin traitant du patient, une exception pourrait permettre de l’appliquer également pour certaines expérimentations de terrain.

Pour l’instant l’application est réservée aux généralistes, mais l’équipe Médiveille prévoit déjà le coup d’après. La prochaine étape sera donc l’extension aux pharmacies avant de peut-être passer aux spécialistes ou aux dentistes.


Source : lequotidiendumedecin.fr