« La vaccination est un sujet important, il est donc nécessaire d’être intransigeant sur la méthode d’élaboration des recommandations ». Ce n’est pas ici une critique sur le contenu des recommandations émises par les sociétés de gériatrie mais sur la méthode employée qu’émet l’association de formation médicale Formindep sur son site ce 2 mai.
Les sociétés de gériatrie recommandent le vaccin Efluelda à haute dose chez les 65 ans et plus depuis quatre ans. Récemment, un contentieux sur le prix entre le laboratoire Sanofi et les autorités françaises s’est soldé par le retrait du vaccin du marché national le 4 avril. Une décision qu’a vivement regrettée la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) faisant porter l’entière responsabilité sur les autorités sanitaires. La SFGG s’était dite « choquée » et « en colère », qualifiant « d’aberration » l’arrêt de commercialisation et s’inquiétait du « lourd tribut que vont, une nouvelle fois, payer les personnes âgées ».
Or la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé l’avait classé ASMR V (absence de progrès thérapeutique), ce qui a justifié la décision de la France, peu convaincue de la différence d’efficacité par rapport aux autres vaccins antigrippaux, de ne pas payer plus cher, est-il nuancé.
« Nous avons été étonnés de constater que ces sociétés ne donnent, à l’occasion de leur recommandation, aucune information sur leurs liens avec les entreprises pharmaceutiques », écrit le Formindep dans son communiqué. Pourtant, est-il ajouté, il s’agit « d’une information indispensable pour que le lecteur puisse se faire une opinion correcte des informations transmises » mais aussi « d’une obligation légale », inscrite dans le code de santé publique.
Une dimension éthique à garantir
L’association, avec l’aide d’eurosfordocs, a mené l’enquête à partir de la base de données Transparence-Santé. Ont été examinés les liens des membres des conseils d’administration, des Conseils scientifiques et des bureaux de trois Sociétés savantes - la SFGG, le Collège national des enseignants en gériatrie (CNEG) et le Conseil national professionnel de gériatrie (CNP) – ainsi que les associations, syndicats, fédérations ou collèges les composant. « Au total, depuis 2019, l’ensemble a bénéficié sous forme d’avantages, de conventions, ou de contrats divers, de 2 925 374 euros de la part de l’industrie de la santé dont 489 189 euros de la part de Sanofi, commercialisant le vaccin en question », rapporte le collectif, rappelant que Sanofi est l’entreprise ayant versé le plus d’argent durant les cinq dernières années pour les journées annuelles de la SFGG.
« Il est impératif de souligner que le Formindep ne remet pas en question l’importance de la vaccination antigrippale », insiste le collectif. Mais ces résultats soulèvent des interrogations « sur l’influence potentielle de ces liens financiers sur les recommandations médicales », estime le Formindep pour lequel « le non-respect de l’obligation légale de déclarer ces liens suscite des inquiétudes quant à la transparence dans le domaine médical ». Car il en va « de la confiance du public envers les institutions médicales », défend le Formindep.
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