Le bouton bleu permettra-t-il à terme de réduire l’iatrogénie médicamenteuse ? Aux États-Unis, un système doté d’un petit commutateur permet avec l’aide d’un smartphone d’accéder aux médicaments pris quotidiennement par un patient. Les obstacles juridiques, explique Claude Rambaud (le Ciss/Le lien) sont levés grâce au fait que l’ordonnance est reconnue comme publique à partir du moment où le patient l’envoie sur le serveur. En France, les effets secondaires liés aux médicaments sont à l’origine de 32,9 % des événements indésirables liées aux soins, selon une enquête nationale réalisée en 2009. Or 51,2 % sont considérés comme évitables. 54,5 % ont conduit à une hospitalisation.
Face à ce constat, la conciliation médicamenteuse est le nouvel instrument défendu par la HAS et la DGOS (Direction générale de l’offre de soins). Les discussions ont été âpres, semble-t-il, avant de se « concilier » au sein du collège de la HAS pour en donner une définition. C’est « un processus formalisé qui prend en compte, lors d’une nouvelle prescription tous les médicaments pris et à prendre par le patient. Elle associe le patient et repose sur le partage d’informations et sur une coordination pluriprofessionnelle. Elle prévient ou corrige les erreurs médicamenteuses en favorisant la transmission d’informations complètes et exactes sur les médicaments du patient, aux points de transition que sont l’admission, la sortie et les transferts ».
Ouf… Afin d’évaluer l’intérêt de mener une action prioritaire, la HAS vient de mener une expérimentation nommée Med’Rec (Médication Réconciliation). Elle s’est prolongée sur une période de cinq ans. Neuf établissements ont ainsi participé à cette première phase. Parmi les principaux résultats, 22 447 patients ont bénéficié d’une conciliation à leur admission. Les soignants ont intercepté 46 188 situations où a été observé un écart entre le bilan médicamenteux établi à l’admission et la prescription une fois le patient hospitalisé. Une analyse fine montre donc que pour chaque patient une erreur médicamenteuse interceptée et un changement non expliqué au patient sont relevés. Si son intérêt est souligné par tous, elle consomme du temps médical. La durée varie de 30 à 70 minutes pour une durée moyenne de 30 minutes. Les établissements pilotes n’ont pas pour autant limité l’étude aux seuls services d’urgence. Mais l’ont étendue aux services de cardiologie, de médecine interne, rhumatologie et traumatologie. En l’absence d’une conciliation médicamenteuse, le taux d’erreur qui aurait pu générer des effets cliniques graves pour le patient est estimé à 5 %. Ces données ont conduit la HAS à réaliser plusieurs outils à destination des professionnels hospitaliers. Sont annoncés la publication d’un guide d’entretien du patient à l’admission, une fiche de conciliation des traitements à l’admission, trois fiches pédagogiques qui expliquent la démarche à l’aide d’exemples. Le guide devrait être publié au cours de l’année 2016. Sera-t-il adopté par tous les établissements, y compris les plus petits ?
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