Tous sur le pont ! Après le Sénégal et la Gambie en 2023, les deux navires-hôpitaux de l’ONG Mercy Ships font pour la première fois simultanément escale, cette année, à Tamatave (Madagascar) et à Freetown (Sierra Leone), pour apporter aux populations les infrastructures hospitalières auxquelles elles n’ont pas accès. Mis en mer en 1980, l’Africa Mercy a été rejoint il y a deux ans par le Global Mercy. « Le Global Mercy, c’est l’équivalent de l’hôpital de Valence qui prendrait la mer », résume Florine Perri, directrice générale de Mercy Ships France. Un navire de 174 mètres de long, 12 étages, 200 lits d’hospitalisation et six blocs opératoires modernes, avec un laboratoire médical, un service de radiologie, des salles de réveil et de soins intensifs.
En France, un recrutement à bloc
Depuis sa création par l’Américain Don Stephens en 1978, Mercy Ships fournit des soins chirurgicaux gratuits aux plus démunis. L’ONG revendique avoir aidé plus de 2,8 millions de personnes dans le monde et réalisé gratuitement plus de 117 000 opérations chirurgicales. Mais l’organisation internationale a besoin de renforts. Et pas qu’un peu. Elle estime à près de 3 000 le nombre de postes de bénévoles à pourvoir en 2024, dont 2 000 soignants. Mercy Ships a l’ambition d’enrôler 150 bénévoles français. « Notre ONG intervient principalement en Afrique, où 93 % des personnes sont encore privées de soins chirurgicaux, explique Florine Perri. Or, sur 14 pays d’Afrique de l’Ouest dans lesquels nous sommes engagés, 11 sont francophones. » Les chirurgiens et les infirmiers sont, sans surprise, les professionnels de santé les plus courus pour faire tourner les blocs. « Nous recherchons des chirurgiens maxillo-faciaux, des chirurgiens plasticiens, des ophtalmologues, des chirurgiens-dentistes, des anesthésistes, poursuit la directrice de Mercy Ships France. Nous avons aussi besoin d’infirmières de bloc opératoire, d’infirmières anesthésistes mais aussi spécialisées en pédiatrie. »
Réparer les « gueules cassées »
L’ONG espère doubler les dons récoltés en France, dont le montant s’est élevé l’an dernier à un million d’euros. Soixante-sept millions d’euros sont nécessaires pour faire fonctionner chaque année les deux navires (équipement médical, carburant, entretien, etc.).
Ne pouvant bien sûr pas opérer tous ceux qui le souhaitent, Mercy Ships détermine les besoins prioritaires auprès des gouvernements locaux. « Nous repérons les personnes à soigner dans chaque pays. Lorsque nous sommes à quai, une cellule est chargée spécifiquement d’identifier d’autres patients à intégrer dans le programme, qui viennent parfois de très loin. » L’ONG réalise plus particulièrement des interventions spécifiques pour les « gueules cassées », des opérations de la cataracte, des interventions sur la fente palatine du nourrisson.
Des missions de deux mois à deux ans
Les équipes sont composées de membres de 14 nationalités, qui collaborent pendant plusieurs semaines. Pour « tourner », les deux paquebots ont respectivement besoin de 650 personnes pour le Global Mercy et 450 pour l’Africa Mercy. L’ONG doit jongler avec la durée de la mission des bénévoles. « La plupart restent deux mois mais certaines missions peuvent durer deux ans », indique Florine Perri. Pour être candidats, les praticiens doivent avoir au moins trois ans d’expérience ou être à la retraite depuis moins d’un an, savoir parler anglais (niveau Toeic B) et s’engager a minima pour des missions de deux semaines*.
« Beaucoup de professionnels prennent un congé de solidarité nationale pour s’engager auprès de nous et reviennent car ils ont apprécié l’expérience, confie Florine Perri. Ces missions sont d’une intensité émotionnelle exceptionnelle et sont une bouffée d’oxygène à l’origine d’un réengagement des soignants dans leur boulot. » L’ONG ne paie pas les professionnels de santé mais il lui arrive de régler les frais d’avion des infirmiers qui reviennent plusieurs fois.
Il y a quelques jours, MSC Group, MSC Foundation et Mercy Ships ont annoncé la construction d’un troisième navire-hôpital, dont la livraison est espérée en 2029. Ce paquebot doit permettre à Mercy Ships « d'élargir ses interventions chirurgicales et l'enseignement de la chirurgie en Afrique subsaharienne ».
*Pour se porter candidat : mercyships.fr
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