La France a Louis Pasteur, l’Allemagne Robert Koch. Cette affiche aux allures de finale de coupe du monde enflamme les esprits scientifiques depuis la fin du XIXe siècle, et a parfois mêlé des considérations nationalistes à ce qui n’aurait dû être qu’une saine émulation entre savants. Les penchants cocardiers ont-ils vraiment disparu aujourd'hui ? Rien n’est moins sûr : la figure de Pasteur éclipse encore, de notre côté du Rhin, celle de son adversaire allemand.
Et pourtant, on peut soutenir que l’importance de Koch est, pour l’histoire de la médecine, au moins aussi grande que celle de Pasteur. Car le praticien saxon n’a pas seulement isolé en 1882 le bacille qui porte son nom, portant un coup fatal à la tuberculose qui décimait les populations du monde entier à l’époque. Quelques années plus tôt, en 1876, alors qu’il n’était encore qu’un médecin de district à Wolsztyn, dans l’actuelle Pologne, il avait prouvé que le bacillus anthracis était à l’origine de la maladie du charbon. Ce germe qui ravageait les troupeaux et faisait également des victimes chez les humains avait trouvé plus fort que lui.
Par ailleurs, Robert Koch s’est attaqué (avec un certain succès) au bacille du choléra, ainsi (mais avec beaucoup moins de bonheur) qu’aux traitements antituberculeux. Et s’il n’a pas réussi en toute chose, sa renommée a été assurée dans son pays de son vivant. C’est ainsi qu’après sa victoire contre la maladie du charbon, le gouvernement allemand lui a offert la direction du nouvel institut de recherche bactériologique qu’il venait d’ouvrir à Berlin. Contrairement aux recherches sur bacillus anthracis, qu’il avait menées depuis son cabinet de médecin de campagne, il avait face à la tuberculose à sa disposition une armée de chercheurs qualifiés et du matériel de pointe.
Le gouvernement allemand lui offre la direction du nouvel institut de recherche bactériologique
Rapports houleux
Unis dans le succès, les deux hommes n’en ont pas moins entretenu des rapports houleux. « Pasteur ne sait pas distinguer le bacille du charbon, son expérience n’a pas de valeur, elle a même une teinte de naïveté », avait raillé l’Allemand en 1881 après une présentation du Français sur bacillus anthracis. Les travaux de Koch étaient au contraire selon Pasteur entachées d’une « foule d’erreurs » qui démontraient son « inexpérience ».
L’Institut Robert Koch a pris ce nom à la mort de son premier directeur ; il existe encore aujourd'hui et a eu son heure de gloire pendant la pandémie de Covid, égrenant jour après jour les chiffres des infections. Le fait que ces chiffres étaient bien moins catastrophiques que ceux du reste de l’Europe doit-il être comptabilisé comme un point pour Koch dans la rivalité séculaire qui l’oppose à Pasteur ? Difficile à dire. Seule certitude : l’Histoire a souhaité unir les deux hommes jusque dans leur mort : comme l’Institut Pasteur, l’Institut Robert Koch abrite le tombeau du grand homme auquel il est dédié.
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